Honteuse de s’être fait berner, elle a requis l’anonymat afin de raconter sa mésaventure et faire œuvre utile. Nous l’appellerons donc Ginette afin de faciliter la compréhension de son récit.
C’est donc après avoir reçu un mot d’une ancienne collègue de travail sur Messenger la prévenant qu’elle pourrait recevoir de l’argent du gouvernement réservé aux personnes du troisième âge que Ginette est tombée dans le panneau. La somme de 250 000 $ a même été avancée. En confiance, elle ne se doutait pas que le profil Facebook de cette connaissance avait été piraté et que quelqu’un d’autre avait usurpé son identité pour communiquer avec tous ses contacts. Pour pouvoir obtenir son dû et espérer toucher davantage d’argent, le fraudeur a fait croire à sa victime qu’elle devait d’abord acheter des cartes prépayées Apple et Razor Gold et transmettre la preuve photographique par Messenger. Ginette s’est donc exécutée et a multiplié les achats de cartes prépayées dans les commerces à grande surface de la région, dépensant certains jours plus de 1000 $ dans ce petit manège. À un certain moment, on lui a même promis qu’elle recevrait l’argent accumulé par colis avec un lien pour le suivre et un code pour le débarrer une fois qu’il serait arrivé. Bien entendu, tout cela impliquait qu’elle transmette encore plus de cartes prépayées. Rien de tout cela ne s’est jamais produit. Le fraudeur a ensuite poussé l’audace jusqu’à lui demander ses coordonnées bancaires personnelles afin de pouvoir déposer l’argent directement dans son compte.
Ginette a heureusement refusé et proposé qu’on lui fasse plutôt un virement qui n’est jamais arrivé. Ce n’est qu’après avoir englouti toutes ses économies que la victime s’est décidée à contacter directement son ancienne collègue de travail. C’est cette amie qui lui a appris qu’elle n’y était pour rien puisqu’elle s’était fait pirater son compte Facebook.
Ginette a porté plainte à la Sûreté du Québec. Un dossier a été ouvert et une enquête suivra. Elle ne s’attend toutefois pas à des miracles de ce côté. Dans l’immédiat, c’est avec un syndic de faillite qu’elle a dû prendre rendez-vous puisque ses cartes de crédit sont pleines et qu’elle n’est plus en mesure de rembourser ses créanciers. Avec l’accord de ceux-ci, elle prévoyait devoir faire une proposition de consommateur afin d’éviter la faillite.
« J’ai été bien naïve, dit Ginette, mais ces gens-là [les fraudeurs] sont habiles. Et une fois pris dans l’engrenage, on dirait qu’on ne veut pas croire que c’est une fraude et on espère que ça va bien se terminer. On veut tellement y croire… »
La dame aurait aussi souhaité que les employés des commerces où elle s’est procuré des cartes prépayées à répétition soient plus vigilants. « Quand une personne âgée achète des cartes prépayées en grand nombre, il me semble que c’est inhabituel. J’aurais aimé qu’on me pose une question ou deux, peut-être que j’aurais allumé plus rapidement. C’est pour sensibiliser la population et les commerçants que je me confie aujourd’hui. Si cela peut prévenir d’autres fraudes, tant mieux. »
Sur le site Internet du Centre antifraude du Canada (centreantifraude.ca), la fraude dont a été victime la Maskoutaine est décrite comme un cas classique de subventions gouvernementales frauduleuses sur recommandation d’un(e) ami(e). « Un ami de confiance communique avec vous dans les médias sociaux pour vous dire qu’il a reçu une subvention gratuite dans le cadre d’un programme gouvernemental. Il vous encourage à suivre son exemple. Malheureusement, le message vient d’un fraudeur qui a piraté le compte de votre ami. Ces offres de subvention sont complètement bidon, et les victimes ne reçoivent jamais l’argent promis », peut-on lire sur le site gouvernemental où les différentes fraudes à la mode sont décrites à titre préventif.
Malheureusement, une Maskoutaine vient de l’apprendre à ses dépens.
