Menottée financièrement par une dette 80 M$, qui comprend notamment une facture de 30 M$ à acquitter pour la bibliothèque, la Ville de Saint-Hyacinthe ne prévoit pas d’investir directement dans la suite du pôle culturel d’ici les cinq prochaines années, à moins qu’une subvention ne tombe du ciel.
À terme, Expression doit intégrer l’église Notre-Dame-du-Rosaire sous la forme d’un musée d’art et de société, tandis que le Centre d’histoire de Saint- Hyacinthe est appelé à déménager au monastère des Sœurs adoratrices du Précieux-Sang. Ces deux projets sont estimés à plus de 30 M$ chacun, soit 35 M$ pour le musée d’art et de société et 31,5 M$ pour le Centre d’histoire.
« Le dossier n’est pas mort, a tenu à rassurer le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard, en entrevue avec LE COURRIER. Dernièrement, on a rencontré les deux organismes, Expression et le Centre d’histoire, parce qu’on veut travailler avec eux. Mais je n’ai pas espoir que ça va bouger beaucoup dans les trois, quatre ou cinq prochaines années, à moins qu’un nouveau programme de subvention sorte et nous permette d’aller chercher beaucoup d’argent. »
Dans son Plan quinquennal d’immobilisations 2024-2028, la Ville de Saint- Hyacinthe a d’ailleurs placé les montants les plus importants destinés à la requalification de l’église Notre-Dame-du-Rosaire et du monastère du Précieux-Sang dans la colonne « Dépenses ultérieures au programme », laissant présager que l’avancement de ces projets surviendra seulement après 2028.
« Si on réussit à obtenir une subvention, on pourrait réaliser le projet plus rapidement, mais la décision qu’on a prise comme conseil municipal, c’est que si on n’a pas de subvention d’envergure, on n’ira pas de l’avant pour le moment. On va devoir payer la bibliothèque avant. On voudrait réaliser ça le plus tôt possible, mais on ne le réalisera pas sans subvention comme on l’a fait avec la bibliothèque », a précisé M. Beauregard.
Joint par LE COURRIER, le directeur général d’Expression, Marcel Blouin, a reconnu être déçu que le projet ne progresse pas plus rapidement sans pour autant en être surpris. Il se doutait bien que la Ville serait « au ralenti » en matière d’investissements à court terme. Il presse néanmoins la Ville de solliciter la participation financière des autres paliers gouvernementaux « dès maintenant » pour le musée d’art et de société.
Or, à l’heure actuelle, aucun programme de subvention ne permettrait d’aller chercher des sommes considérables pour ces projets, plaide le maire. « Il y a plusieurs programmes pour lesquels on pourrait [déjà] appliquer, mais aller chercher 1 M$ ou 2 M$ pour un projet comme celui-là, ce n’est pas assez. Ça va prendre un programme qui permet d’aller chercher une subvention d’envergure. »
Par ailleurs, un Programme fonctionnel et technique a été réalisé l’an dernier en lien avec le musée d’art et de société afin d’établir les bases du projet qui prendra place à l’église Notre-Dame-du-Rosaire. Celui-ci n’a pas été dévoilé publiquement. « Il y a un plan de fait, mais il n’est pas final. Les coûts étaient tellement astronomiques qu’il va falloir le retravailler », a indiqué le maire.
Le même exercice devra être réalisé en lien avec le déménagement du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe au monastère du Précieux-Sang.
Rappelons que la Ville est déjà propriétaire de l’église Notre-Dame-du-Rosaire et du monastère du Précieux-Sang. « On n’a pas acheté ces endroits-là pour ne rien faire dedans, mais il faut étaler les projets dans le temps et respecter la capacité de payer de nos citoyens aussi », a soutenu M. Beauregard.
Heureusement, en attendant la réalisation de leur phase du pôle culturel, les deux organisations ne font pas face à des enjeux de locaux. Expression peut continuer d’opérer son centre d’exposition à l’étage du Marché public 1555, tandis que le bail du Centre d’histoire de Saint- Hyacinthe a été renouvelé jusqu’en 2027 au Séminaire de Saint-Hyacinthe.
