18 janvier 2024 - 03:00
Histoire d’ici
Télesphore-Damien Bouchard, député provincial (1912-1919 – 1923-1944) (3)
Par: Le Courrier
Jean Lesage serrant la main à T.-D. Bouchard en 1961. Photo Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH548, Raymond Bélanger

Jean Lesage serrant la main à T.-D. Bouchard en 1961. Photo Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH548, Raymond Bélanger

Le 5 février 1923, T.-D. Bouchard redevient le député de Saint-Hyacinthe. Louis-Alexandre Taschereau est alors le chef du Parti libéral et le premier ministre de la province. Leur relation est moins tendue que celle qu’avait le député de Saint-Hyacinthe avec Lomer Gouin, le précédent chef.

Bouchard parvient même, à l’occasion, à imposer ses idées à Taschereau. Par exemple, c’est grâce à ses demandes répétées que le gouvernement consent à créer la Commission des accidents du travail en 1928. Après plusieurs années comme député d’arrière-ban, Bouchard est nommé vice-orateur, puis orateur (président) de la Chambre.

En tant que maire, Bouchard se fait un point d’honneur d’améliorer la vie de ses concitoyens. C’est ainsi que des parcs municipaux, une vaste piscine et plus tard un aréna sont installés à la place de l’hippodrome Laframboise. Pour célébrer le centenaire du sénateur Georges-Casimir Dessaulles, en 1927, Bouchard fait ériger une porte monumentale à l’entrée de la ville, baptisée Porte des anciens maires.

En juin 1935, Taschereau nomme Bouchard ministre des Affaires municipales, du Commerce et de l’Industrie. La crise du chômage sévissant depuis le krach boursier de 1929, il s’agit d’un ministère important où les défis ne manquent pas. Toutefois, le chef des conservateurs, Maurice Duplessis, par le truchement d’un comité sur les Comptes publics, parvient à ébranler le gouvernement Taschereau. Le premier ministre, éclaboussé par un scandale lié aux fonds publics, démissionne. Adélard Godbout prend sa place. Bouchard conserve les Affaires municipales et hérite du portefeuille des Terres et Forêts. Des élections ont lieu en 1936 et Duplessis, devenu le chef d’un nouveau parti, l’Union nationale, devient premier ministre.

Les libéraux reçoivent une importante raclée. Ils ne conservent que quatorze élus à l’Assemblée, dont Bouchard. Godbout perd son siège. C’est T.-D. qui devient alors chef intérimaire de l’opposition parlementaire. Durant les trois ans que les libéraux passèrent dans l’opposition, Bouchard fut un adversaire très coriace. Il attaque sans cesse le gouvernement de l’Union nationale, vite affaibli par des dissensions internes. T.-D. fonde un nouveau journal, En Avant!, dont il se sert principalement pour assurer à son parti la reprise du pouvoir en 1939. Les libéraux écrasent les unionistes en remportant 70 sièges sur 85 dans la province. Godbout nomme Bouchard ministre de la Voirie et des Travaux publics.

En 1944, Godbout cherche un moyen de se défaire poliment de la présence encombrante de Bouchard, dont la personnalité intransigeante déplaît un peu au premier ministre, d’un naturel plus coulant. Il le nomme à la tête d’Hydro-Québec, nouvellement fondée. Il sait fort bien que Bouchard ne peut refuser ce poste, la nationalisation de l’électricité ayant toujours été un projet parmi ceux qui lui tenaient le plus à cœur.

À peu près au même moment, le premier ministre canadien Mackenzie King le nomme sénateur. Lors de son discours d’acceptation, toutefois, Bouchard se lance à fond de train dans une attaque en règle contre l’Église et les nationalistes qu’il accuse de vouloir plonger le pays dans une guerre civile en se servant des cours d’histoire pour élever les deux peuples fondateurs l’un contre l’autre. Son discours est décrié de toutes parts. Godbout n’a d’autre choix que de lui retirer la direction d’Hydro-Québec.

Blessé, Bouchard se retirera tranquillement de la vie publique, tout en demeurant sénateur jusqu’à son décès qui se produit le 13 novembre 1962. Ses funérailles, tenues à Saint-Hyacinthe, furent impressionnantes. Des milliers de personnes vinrent saluer une dernière fois le petit gars du Marché à foin.

Par Martin Ostiguy, membre du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

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