« J’ai vu plusieurs expositions présentées ici un peu sous la forme de rétrospectives, en particulier Daniel Olson (2008) et Emmanuel Léonard (2011). Je savais que c’est ici que je voulais faire ça », souligne Kim Waldron.
Son expérience à Saint-Hyacinthe dans le cadre d’ORANGE et la portée que cette exposition a eue ont aussi renforcé son lien avec Expression.
« J’ai réalisé que les gens ont vraiment accroché [sur cette exposition] et je pense que ça a commencé à cause de la façon dont les gens d’ORANGE avaient utilisé la tête de cochon, poursuit- elle. Cette expérience m’a fait réaliser que beaucoup de gens viennent ici. C’est loin de Montréal, mais il y a des gens qui viennent parce que c’est un espace assez accueillant pour les œuvres et les projets. »
Tout au long de sa carrière, Kim Waldron a créé des œuvres qui invitent à une réflexion sociale. L’artiste, qui se met en scène à travers ses photos, plonge elle-même dans des univers qui ne sont pas nécessairement les siens afin de comprendre et d’illustrer les enjeux qui les touchent.
À travers l’autofiction, ses séries photographiques la présentent tantôt dans les habits de professionnels (« Working Assumption »), dans des usines chinoises (« Made in Quebec ») ou comme candidate indépendante aux élections fédérales (« Public Office »). Elle s’est aussi intéressée à la chaîne alimentaire dans « Beautiful Creatures », la série qui l’avait amenée à ORANGE à l’époque.
« J’avais fait une exposition rétrospective il y a 10 ans, mais c’était dans une petite salle, affirme Kim Waldron en s’émerveillant devant l’ampleur que l’exposition prend, cette fois, à Expression. Je ne peux pas croire que ça arrive! »
Le défi principal d’une exposition de cette envergure était de faire coexister les différentes séries entre elles, fait remarquer l’une des commissaires, Louise Déry, qui a fait équipe avec Michèle Magema et Anne-Marie Ninacs. Les séries ont donc été déconstruites afin de former l’exposition telle qu’elle est présentée. « Ça fait connecter les éléments d’une série avec les éléments d’une autre », ajoute-t-elle.
Au total, plus d’une centaine de photos et trois installations vidéo tirées du vaste corpus de Kim Waldron ornent les murs d’Expression. À la manière d’une ligne du temps, les œuvres cohabitent et se superposent, de haut en bas des murs de la salle d’exposition. Chaque section est portée par un thème, que ce soit la nature, le monde industriel, la nourriture, l’enseignement ou encore la famille.
Une touche encore plus personnelle est ajoutée à travers l’exposition avec une série de photos inspirée d’une œuvre de Martha Wilson dans laquelle la Montréalaise documente le traitement d’un cancer du sein qui l’a affligée.
Le nom de l’exposition fait quant à lui référence à la compagnie que Kim Waldron a créée dans la poursuite de sa quête artistique afin d’explorer les dessous des corporations. L’artiste en est la présidente, tandis que les commissaires en sont les administratrices.
« Cette société ne vend rien et n’offre aucun service, est-il décrit. Son seul but est de réfléchir à la structure de l’entreprise dans le contexte de la réalisation d’une exposition. Ce faisant, elle évoque non seulement la figure de l’artiste- entrepreneuse, mais aussi la force de dévouement, la résistance au risque et la dépense énergétique énormes qui sont nécessaires à la réalisation de ses projets-produits, cela sans aucune garantie de “retour sur investissement”. »
L’exposition Kim Waldron ltée : société civile se poursuit jusqu’au 21 avril à Expression.