30 mai 2024 - 03:00
Odeurs nauséabondes à l’usine d’épuration de Saint-Hyacinthe
Que nous cache-t-on?
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

Mais quelle mouche a bien pu piquer le promoteur Robin Immobilier pour qu’il se décide à poursuivre la Ville de Saint- Hyacinthe en justice dans le but de la forcer à régler rapidement le problème d’odeurs nauséabondes associées à l’usine d’épuration de Saint-Hyacinthe?

Ce n’est pourtant pas d’hier que les odeurs désagréables affectent le quotidien du voisinage qui habite les environs de l’usine d’épuration et de biométhanisation, deux équipements qui logent à la même adresse. Si une solution simple, rapide et économique existait pour régler ce problème, cela se saurait, non?

Ce n’est pourtant pas le cas, malgré une certaine amélioration ces dernières années. Les mauvaises odeurs ont la couenne dure. Les promoteurs et les résidents du secteur à l’épiderme sensible, eux, s’impatientent.

Alors, pourquoi Robin Immobilier s’est-il décidé à poursuivre la Ville de Saint-Hyacinthe que récemment? Si je comprends bien la logique des choses, c’est que jusqu’ici, la Ville n’avait jamais empêché le promoteur de bâtir dans ce secteur et, forcément, de se rapprocher du problème qu’elle peine à résoudre malgré ses efforts. Maintenant que la Ville a décidé de suspendre l’octroi de permis jusqu’à la rénovation complète de son usine d’épuration, une opération qui pourrait peut-être lui permettre de venir à bout de la puanteur récurrente sans être pour autant permanente, Robin est contraint à l’inaction dans ce secteur, possiblement jusqu’en 2027. Autant dire une éternité en contexte de pénurie de logements et de marché immobilier propice à la surchauffe et aux bonnes affaires pour les promoteurs proactifs. D’où la poursuite de Robin en dommages et la demande d’une injonction visant à accélérer les travaux de mises aux normes.

Mais vu la complexité et l’ampleur du projet de réfection estimé à quelque 50 millions de dollars, en partie subventionné, je ne suis pas certain que la Ville puisse peser sur l’accélérateur, même si elle y était contrainte par la Cour. Et je doute qu’elle se tourne délibérément les pouces dans ce dossier pour indisposer tout le monde par pur plaisir. La position retenue par la Ville me semble prudente et responsable dans le contexte actuel. Permettre la construction à grande échelle de nouvelles résidences dans ce secteur pas toujours invitant finirait par se retourner rapidement contre les autorités municipales, comme ce fut le cas dans le secteur Sainte-Rosalie par exemple quand l’étalement urbain a fini par se rapprocher lentement, mais sûrement de l’usine Sanimax. Il y a quand même des limites à octroyer des permis de construire n’importe où, comme il y a des limites à retenir délibérément des informations d’intérêt public.

À cet effet, les procédures déposées par Robin dans le dossier de cour font très mal paraître la Ville de Saint-Hyacinthe, si vous voulez mon avis. Elles donnent en tout cas de nouveaux arguments à tous ceux et celles qui accusent les autorités municipales de manquer de la plus élémentaire transparence.

Bien que les prétentions de Robin Immobilier n’aient pas encore passé l’épreuve du tribunal, elles méritent tout de même qu’on s’y attarde. Lors des échanges entre Robin et la Ville, le promoteur aurait demandé qu’on lui remette le résultat des études ou tests qui documentent le problème d’odeurs. La Ville se serait montrée ouverte à les lui remettre, en échange de la signature d’une entente de confidentialité. Beurk, ça pue!

Robin a refusé d’embarquer dans ce petit jeu, tant et si bien que la Ville a gardé pour elle les documents demandés. De quel droit? La question se pose. LE COURRIER a donc formulé une demande identique à celle de Robin auprès du Service des communications. J’ai bien hâte de voir quelle sera la réponse de la Ville.

Que nous cache-t-on et pourquoi? Les résultats sur la qualité de l’air sont-ils à ce point mauvais et préoccupants? Justifient-ils la décision de suspendre l’émission de permis près de l’usine? En jouant à la cachette, la Ville alimente elle-même la machine à rumeurs et les spéculations les plus folles. À la place du maire de Saint-Hyacinthe, je passerais vite un petit coup de fil au responsable de la Loi d’accès à l’information et je lui suggérerais de remettre gentiment et promptement toute la documentation requise au COURRIER, avec les explications nécessaires. Les Maskoutains ont le droit de savoir.

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