J’ignore si cette anecdote tient de la légende urbaine ou pas, mais on dirait bien que quelqu’un s’amuse à nous renvoyer l’autobus. L’itinérance, l’errance et les problèmes de santé mentale semblent de plus en plus présents et dérangeants à Saint-Hyacinthe, tout particulièrement au centre-ville. Je n’ai pas de statistiques à vous offrir. Seulement des prénoms et quelques visages en tête. Je me fie surtout à ce que je vois comme travailleur du centre-ville depuis 20 ans.
Une certitude? La situation de l’itinérance et de l’errance ne va pas en s’améliorant. Il est maintenant difficile de circuler à proximité du Marché public sans voir ou entendre des gens désorganisés ou désorientés. Sans se faire solliciter ou carrément engueuler sans aucune raison apparente. Et je ne m’y tiens pas en soirée et la nuit, du moins pas de façon régulière. Je vous rapporte seulement des situations constatées sur les heures de bureau.
Je ne suis pas le seul à m’inquiéter. Le malaise est assez généralisé du côté des commerçants du secteur, selon la SDC centre-ville. Tous ces gens vulnérables dans le secteur, ce n’est pas bon pour les affaires. Ni pour la vie sociale et culturelle du centre-ville. Les alentours du Centre des arts Juliette-Lassonde ne sont pas toujours accueillants les soirs de spectacle. Ni au petit matin d’ailleurs. Clients réguliers et employés peuvent en témoigner. Triste spectacle parfois.
Dans ce journal, la semaine dernière, le maire André Beauregard a signé un message d’intérêt public que nous avons reproduit dans notre page Forum et dans lequel il déplorait la recrudescence des comportements inadéquats et les incivilités de certains individus au centre-ville qui refusent de se conformer aux règles sociales. Il louangeait toutefois au passage le filet social extrêmement solide tissé autour des personnes en situation d’itinérance ou de précarité.
Tant mieux si le filet social est solide, monsieur le maire, mais pour son efficacité, on repassera. Si l’action municipale et la concertation des services sociaux avaient donné de si bons résultats, vous ne sentiriez pas le besoin d’interpeller la Sûreté du Québec. Nous en sommes là, chers lecteurs, à appeler la cavalerie à la rescousse. En désespoir de cause.
Le maire s’attend à obtenir de la SQ un plan d’action à court terme et à une présence policière accrue. Pour ce dernier point, ce ne sera pas difficile de faire mieux puisque la SQ se félicite (!) d’y faire des rondes en compagnie d’un intervenant social au moins deux fois par semaine.
Il y a moyen de faire mieux et autrement, sauf que la répression par la remise de constat d’infraction ne fait pas partie des solutions efficaces. Et la SQ mentionne d’ailleurs que ses interventions par le passé ont surtout contribué à déplacer le problème du parc Casimir- Dessaulles à la rue des Cascades. On ne peut donc pas parler d’une amélioration notable, au contraire.
En entrevue, la porte-parole de la SQ a évoqué la possibilité de mettre en place un lieu de tolérance qui permettrait aux gens désorganisés de se regrouper dans un endroit dédié sans déranger personne. L’idée mérite qu’on s’y attarde et qu’on en débatte ensemble, mais ma première réaction est de penser qu’avec une zone dédiée à une clientèle vulnérable, on ne ferait que nourrir et accroître le problème que l’on cherche plutôt à limiter, à défaut de pouvoir l’enrayer.
Parlant de nourrir le problème, ce qui n’aiderait pas la cause du centre-ville, à en croire la SDC et la SQ, c’est en bonne partie son hospitalité et la trop grande générosité des passants envers la faune bigarrée et vulnérable à la main bien tendue. Je n’ai pas de solution magique à offrir malheureusement. Et celle-ci ne sera pas simple ni unique.
Je sais par contre que, comme en amour, quand une rupture est annoncée, une même personne ne peut pas être à la fois le pansement et le marteau. Il faut maintenant choisir notre camp.