13 juin 2024 - 03:00
Sur des terres près de chez vous, des éoliennes tournent depuis sept ans
Par: Sarah-Eve Charland
Le maire de Sorel-Tracy et président du Parc éolien Pierre-De Saurel, Patrick Péloquin. Photo Pascal Cournoyer | Le Courrier ©

Le maire de Sorel-Tracy et président du Parc éolien Pierre-De Saurel, Patrick Péloquin. Photo Pascal Cournoyer | Le Courrier ©

Les inquiétudes entourant l’implantation d’éoliennes semblent se multiplier dans la région maskoutaine au même rythme que les démarches des entreprises privées. À quelques kilomètres d’ici, un parc éolien a pourtant vu le jour sur des terres agricoles de la MRC Pierre-De Saurel il y a maintenant sept ans. Rencontre avec le président du Parc éolien Pierre-De Saurel (PEPS), Patrick Péloquin, qui s’est ouvert sur les bienfaits et les impacts d’un tel projet dans la région voisine à la nôtre.

À lire et à entendre les inquiétudes soulevées par les citoyens de la région maskoutaine, M. Péloquin, qui est aussi maire de Sorel-Tracy, n’est pas surpris. La MRC Pierre-De Saurel a joué dans le même film il y a dix ans lorsqu’elle a remporté l’appel de projets d’Hydro-Québec.

« Toutes les craintes soulevées à l’époque ne se sont jamais réalisées. On parlait d’éoliennes qui prendraient feu, qui tomberaient. On parlait de bruit, d’oiseaux morts. Rien de tout cela ne s’est concrétisé. La résistance est disparue. Depuis, ce ne sont que de bonnes nouvelles », raconte M. Péloquin.

Un suivi des mortalités a été rigoureusement effectué au cours des trois premières années d’exploitation, une obligation du ministère de l’Environnement. Au cours des années, une seule carcasse de chauve-souris a été retrouvée. Des mesures ont été apportées afin d’éviter un nouvel incident. L’organisme responsable des éoliennes assure aussi un suivi auprès des communautés locales.

« Tout ce qui ressort de ces suivis, c’est du positif. Les gens ont développé une fierté. Quand ils reviennent dans la région et qu’ils aperçoivent les éoliennes à Yamaska, ils se disent qu’ils sont de retour à la maison. Ils se sont approprié les éoliennes. »

M. Péloquin a d’ailleurs de la difficulté à trouver des points négatifs près de sept ans après la mise en activité des 12 éoliennes. Il s’agit du premier parc éolien considéré 100 % communautaire, c’est-à-dire qu’il a été développé et assumé par la MRC Pierre-De Saurel.

Il faut remonter à 2009 pour trouver les balbutiements de ce projet. À l’époque, le gouvernement du Québec encourageait les municipalités à diversifier les revenus autres que par les taxes foncières. Des millions de dollars ont été investis afin de monter un dossier qui sera soumis à un appel de projets. Hydro-Québec approuvera le projet en 2010. Cinq ans plus tard, le 28 décembre 2016, les éoliennes seront mises en fonction pour une première fois dans trois municipalités, soit Yasmaka, Saint-Aimé et Saint-Robert.

Pari gagnant

Tous les risques financiers ont été assumés par la MRC, mais c’est cette dernière qui en récolte aussi tous les bénéfices. Sur 20 ans, les profits versés à la MRC sont estimés à 40 M$. Au cours des dernières années, il a été décidé de redistribuer les bénéfices sous forme de quote-part aux municipalités. À titre d’exemple, le PEPS a partagé 2,3 M$ en redevances au terme de l’année 2022.

Ces sommes n’incluent pas les compensations et indemnités versées annuellement aux municipalités et aux agriculteurs qui accueillent des éoliennes sur leur territoire. Selon les derniers états financiers de 2022, 580 000 $ ont été versés en compensations et indemnités diverses. Même l’année dernière, où les vents étaient moins au rendez-vous, le PEPS a pu générer des profits, assure-t-il. Les états financiers n’ont pas encore été publiés.

Partenariat public-privé

Hydro-Québec a annoncé récemment devenir le maître d’œuvre des projets éoliens à grande échelle, sans toutefois délaisser complètement les appels de projets avec le secteur privé (voir texte en page 7). La société d’État a même ajouté qu’elle s’assurera en amont que les milieux ciblés seront favorables à l’accueil de projets éoliens. « Tout ce que je peux dire concernant cette annonce, c’est que la région de Sorel-Tracy est prête à contribuer dès maintenant à un deuxième parc éolien », mentionne-t-il.

Dans la grande région de Saint- Hyacinthe, deux entreprises connues étudient la possibilité d’implanter un projet éolien dans la région. L’une d’entre elles a d’ailleurs approché des agriculteurs avant de communiquer avec les autorités municipales. « Ici, elle aurait reçu un non de la MRC », tranche M. Péloquin.

Alors qu’Hydro-Québec a annoncé sa volonté d’agrandir l’offre éolienne, la MRC Pierre-De Saurel en a profité pour se lancer dans un deuxième parc éolien. Elle a été contactée par des entreprises et en a appelé, elle-même, quelques-unes avant de conclure une entente avec Hydroméga Services, une entreprise québécoise en production d’énergie renouvelable.

« On a magasiné l’entreprise privée avec qui on voulait faire affaire, explique-t-il. Avec une entente signée en main, l’entreprise a la légitimité d’approcher les agriculteurs et les communautés. Le privé a besoin d’une terre d’accueil. C’est là notre pouvoir de négociation. On peut négocier la valeur de ce partenariat. En plus, maintenant, on a une expertise. »

Avec ses 12 éoliennes, le PEPS est considéré comme un petit parc éolien. Il a une puissance de 24,6 mégawatts. Dans son plus récent appel d’offres, Hydro-Québec visait des projets de plus ou moins 150 mégawatts, ce qui ne se traduirait pas nécessairement par une multiplication par six du nombre d’éoliennes. Si un nouveau parc se concrétise, il serait projeté dans les municipalités de Saint-Gérard-Majella et de Saint-David.

« L’expérience nous prouve que les craintes ne sont pas fondées. Il y a une adhésion au projet. Il n’y a eu aucune levée de boucliers depuis l’annonce de nos intentions d’investir dans un second parc, même que les gens ont salué la nouvelle », conclut-il.

Il est prévu que le PEPS soit démantelé au bout de 20 ans. L’investissement nécessaire au démantèlement a déjà été mis de côté. Il est encore trop tôt pour savoir si le projet pourrait être prolongé. Le PEPS est géré par une société en commandite, dont le seul actionnaire est la MRC Pierre-De Saurel. Si un deuxième parc se concrétisait, l’actionnaire serait la MRC et non la société en commandite.

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