Le maire de Saint-Hyacinthe en a fait l’annonce en ouverture de la séance publique du conseil municipal du 17 juin afin de tuer dans l’œuf toute contestation citoyenne. Cela lui a valu les applaudissements de la vingtaine de citoyens présents dans la salle. Ils étaient là pour s’opposer au déménagement du parc dans leur quartier résidentiel. Que s’est-il tant passé pour qu’en l’espace de 12 jours à peine, la Ville fasse marche arrière de façon si spectaculaire?
Quelque chose comme une rumeur et indiscrétions dans LE COURRIER du 13 juin faisant état que des citoyens mécontents avaient envie de mordre et déploraient l’absence de consultation publique. Puis, un ou deux appels d’une journaliste au conseiller du district Yamaska, Pierre Thériault, et une petite tournée sur le terrain pour prendre le pouls du voisinage sur la venue du parc canin.
C’est là, en cognant aux portes des maisons situées près du parc du Ruisseau, que nous avons appris qu’au moins deux pétitions circulaient déjà et qu’un groupe de gens motivés à en découdre comptait se rendre à l’assemblée du 17 juin. Cette grogne citoyenne s’est rapidement rendue aux oreilles sensibles des élus. C’est bien connu, un élu souhaite le moins de controverse possible et encore moins être l’artisan de son propre malheur comme dans le cas présent.
Il faut dire que nos élus n’ont plus trop l’habitude de voir une foule aux assemblées publiques ni d’essuyer des critiques groupées. Pensez-y. Ils ont réussi à consentir un rattrapage salarial de 14 % à leurs cols blancs et à imposer deux nouvelles taxes écoresponsables en janvier, puis à annoncer l’abolition d’un poste de conseiller en prévision des élections de novembre 2025 sans s’attirer les foudres des contribuables maskoutains. Ces remontrances sont venues avec le déménagement d’un parc canin et les citoyens n’ont même pas eu à sortir les crocs pour faire reculer la Ville. André Beauregard a enterré le déménagement avant même qu’un premier citoyen s’avance au micro. Fin du dossier? Non.
Même si le parc canin n’atterrira pas au parc du Ruisseau, on nous prévient qu’il ne pourra pas demeurer là où il se trouve actuellement, sur la rue Girouard Est. Les travaux de réfection à venir à l’usine d’épuration nécessitent son déplacement.
La Ville de Saint-Hyacinthe doit donc retourner à la table à dessin et, de toute évidence, elle se gratte la tête. On dirait qu’elle vient soudainement de réaliser que le déménagement d’un parc canin peut être un sujet sensible et polarisant dans une communauté, alors que c’est tout, sauf une exception.
Parlez-en aux citoyens et à la mairesse de Beloeil, où le sujet du parc canin se retrouve à faire régulièrement la manchette de L’Œil Régional. Il faut être un peu déconnecté de la sensibilité et des préoccupations citoyennes pour penser qu’on peut planifier et imposer un déménagement de parc canin avec désinvolture sans d’abord impliquer tous les gens concernés.
Je m’étonne que personne à l’Hôtel de Ville n’ait été en mesure de déceler tout le potentiel controversé du projet et de recommander la prudence aux élus. À moins, bien entendu, que ce conseil ait fait la sourde oreille et voulu en passer une petite vite aux citoyens en croisant les doigts pour que ce déménagement s’impose de lui-même quand les gens seraient placés devant le fait accompli. Voilà qui serait assez amateur pour une Ville qui dit accorder une importance capitale à la communication et à la participation citoyenne. L’acceptabilité sociale, cela vous dit quelque chose à la direction générale et aux communications?
Bien hâte de voir maintenant où ce fameux parc s’en ira, s’il finit par bouger. Ne devrait-on pas chercher à le laisser non loin de là où il se trouve vu qu’il semble ne déranger personne? Je doute qu’un autre conseiller lève la main pour manifester son intérêt à accueillir les chiens, leurs maîtres et leurs véhicules dans son district, en zone résidentielle. Après le phénomène du « Pas dans ma cour », Saint-Hyacinthe fait connaissance avec le « Pas dans mon parc ».