4 juillet 2024 - 03:00
Crise du logement
Juillet à l’année
Par: Le Courrier
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

Par habitude, et parce que le système locatif fonctionne ainsi au Québec, les médias portent toujours beaucoup d’attention à la question du logement et au sort des locataires autour du 1er juillet, date de la majorité des déménagements et des renouvellements de baux. LE COURRIER ne fait pas exception.

Ces dernières années, les malheurs des locataires et des propriétaires ont fait couler beaucoup d’encre partout au Québec, comme à Saint-Hyacinthe où le taux d’inoccupation famélique n’a fait qu’exacerber la crise.

Tant et si bien qu’elle n’a plus rien de ponctuel. Cette crise s’étire maintenant à l’année, bien que juillet reste un mois particulièrement critique. Tout ce qui grouille et grenouille au niveau communautaire sur la question du logement se mobilise et se place en situation de veille, prêt à intervenir au besoin.

Y a-t-il eu des besoins particuliers ou des situations particulièrement dramatiques ces derniers jours à Saint-Hyacinthe? Rien qui ne mérite de faire la première page de notre journal, nous dit-on. Il y a, et il y aura toujours, des cas particuliers à gérer, c’est inévitable, mais il n’y a pas eu de grand drame ou de nombreuses familles avec enfants contraints de passer la nuit à la belle étoile.

Pas de quoi faire une machette de journal ou s’exciter le poil des jambes? Cela dépend du point de vue. À mon sens, le fait qu’on arrive si bien à endiguer la détresse des locataires à Saint-Hyacinthe mérite d’être souligné, voire célébré. C’est le signe que nos pare-feu sont efficaces, que le filet de sécurité qui a été mis en place de façon organique et bienveillante par le communautaire, parfois avec un peu d’aide du municipal, il faut le dire, fait son travail comme il se doit. C’est rassurant pour la suite des choses.

Car la crise du logement est bien réelle à Saint-Hyacinthe. Et elle ne va pas aller en s’améliorant de sitôt. Si cela vous a échappé, sachez que nous avons pu en prendre la mesure pas plus tard que la semaine dernière dans un reportage de notre journaliste Adaée Beaulieu à l’approche du 1er juillet.

Les chiffres qu’elle a recueillis auprès d’organismes qui s’activent dans l’ombre pour supporter les locataires en détresse, à savoir Habitations Maska, un dérivé de l’Office d’habitation des Maskoutains et d’Acton, et la Maison de la famille des Maskoutains, sont assez éloquents.

Du côté d’Habitations Maska, il y avait à la mi-juin 94 dossiers actifs comparativement à 50 à la même période l’an dernier.

C’est pratiquement du deux pour un. Cet organisme a déjà ouvert et traité 174 dossiers rendu à la mi-année. À la Maison de la famille des Maskoutains, le scénario n’était pas plus rose. Le personnel a ouvert 159 dossiers depuis janvier, soit pratiquement le même nombre qu’à pareille date l’an dernier. Le hic, c’est qu’on ne parvient pas à les fermer une fois ouverts, faute de solutions qui passeraient souvent par de grands logements abordables. À peine 37 % des dossiers ouverts en cours d’année 2024 ont pu être classés jusqu’ici.

L’équilibre de l’écosystème locatif maskoutain est donc fragile. Très fragile. Encore davantage quand des sinistres s’abattent sur les bâtiments du centre-ville comme la misère sur le dos du pauvre monde. En l’espace d’un mois récemment, pas moins de 42 personnes se sont retrouvées à la rue après l’incendie de deux immeubles à logement totalisant une douzaine d’appartements.

Cela fait pas mal de locataires au pouce carré dans chaque logement et un défi de taille pour la relocalisation.

La Ville de Saint-Hyacinthe et même la MRC des Maskoutains se disent sensibles et concernées par la crise du logement. La Ville est souvent plus accommodante qu’autre chose avec les promoteurs immobiliers qui lui présentent des projets qui mettent de l’avant des logements abordables. Le plus bel exemple est la rapidité avec laquelle se déploie le chantier de Mission Unitaînés.

Il s’agit d’un pas dans la bonne direction, mais c’est encore insuffisant dans un contexte de crise. Il serait peut-être temps de songer à des programmes plus agressifs et généreux pour faire naître des constructions abordables chez des entrepreneurs et promoteurs immobiliers qui n’ont pas ce réflexe de façon innée.

Aider à résoudre une crise, c’est bien, mais contribuer à l’éviter, c’est mieux. J’invite les politiciens, les décideurs et les promoteurs à méditer là-dessus.

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