11 juillet 2024 - 03:00
Fermeture de la Caisse Desjardins de Saint-Liboire : au-delà de la rentabilité, il y a le service
Par: Le Courrier
Anne-Marie Saint-Germain, présidente de la Caisse Desjardins de la Région de Saint-Hyacinthe, en appui à la lettre du maire de Saint-Liboire, parue dans Le Courrier du 4 juillet, et en appui surtout à tous ces gens qui, comme moi, sont frustrés de voir la haute direction du Mouvement Desjardins engager tout le mouvement dans ce que j’appellerais « une débandade capitaliste » au nom et en raison de quoi, la rentabilité, permettez-moi un peu d’histoire.

Dans l’espoir de revaloriser les conditions de vie des classes laborieuses, Alphonse Desjardins fonde en 1900 la première coopérative d’épargne et de crédit. La Caisse populaire est accessible à tous; c’est l’association des braves gens d’une paroisse. Les piastres ne comptent qu’après l’honnêteté, ne la valent pas et jamais ne peuvent en dispenser. La Caisse populaire, ce n’est pas une banque! Tous, hommes, femmes et enfants, peuvent et doivent être sociétaires.

Ces propos tenus par Alphonse Desjardins lui-même, en février 1912, reflètent les principes directeurs qui ont été à la base de la création de ce qui est devenu le Mouvement Desjardins. Une question pour les stratèges de la haute direction de Desjardins : y a-t-il une seule fois le mot « rentabilité » dans les principes fondamentaux de M. Desjardins?

Le 9 décembre 1925, la Caisse populaire de Saint-Liboire prenait forme et, légalement, devenait une institution financière au service de ses usagers, et ce, après plus de deux ans de rencontres, de discussions et l’exemple de deux autres Caisses de paroisses voisines déjà en activité depuis peu.

« La Caisse a toujours été l’institution paroissiale au service de ses sociétaires. L’esprit qui animait les fondateurs en 1925 se retrouve toujours aussi vivant; les principes fondamentaux édictés par Alphonse Desjardins prévalent toujours dans la conduite de la Caisse. » Ces propos, tirés d’un texte d’Albert Rémillard, sont imprimés noir sur blanc dans le livre du 150e anniversaire de Saint-Liboire. Question : s’il n’y a plus de point de service à Saint-Liboire, la « prévalence », elle, elle est rendue où?

Mon père a été un membre fondateur de la Caisse de Saint-Dominique; il avait le folio no 22. Je suis devenu membre sociétaire de cette Caisse de Saint- Dominique dans les années 60! J’avais un folio dans les 500, mais qui est affublé maintenant de trois autres chiffres le précédant, gracieuseté de regroupements et de fusions. Il faut savoir que depuis quelques années déjà, la Caisse de Saint-Dominique s’est sauvée, elle aussi, vers la ville. Tendance lourde!

Je me souviens très bien qu’en 1964, j’allais déposer de l’argent à la Caisse, et Mme Loiselle – elle tenait la Caisse dans sa maison à cette époque – écrivait les montants au crayon dans mon livret! Ai-je écrit le mot « livret »? Vestige du passé, il ne faut plus parler de livret; il nous a été retiré en novembre dernier, à nous, les « durs » à convaincre qu’on pouvait faire autrement! Nous nous sommes adaptés, mais il me manque encore.

Et maintenant, coup de massue, le point de service au complet. Est-ce que, chez Desjardins, le service doit nécessairement être inversement proportionnel aux frais de service et de tenue de compte?

Tout l’hiver, nous avons déploré l’attitude de la CIBC qui a fermé ses deux succursales en ville, pour aller atterrir de l’autre côté de l’autoroute. N’écoutant que son calcul capitaliste et faisant fi de toutes les doléances citoyennes, cette « vraie banque » a fait la sourde oreille et n’est pas revenue sur sa décision. Je rêve ou ça ressemble beaucoup à la situation de la Caisse de Saint-Liboire?

La haute direction de Desjardins qui dit véhiculer encore l’esprit et les principes fondamentaux édictés par le fondateur en 1925 va-t-elle nous donner un peu de services – un guichet à Saint-Liboire, c’est le minimum acceptable – ou va-t-elle agir comme la CIBC, comme une « vraie banque »?

M. Desjardins est décédé en 1920. Lui qui a tant travaillé pour ouvrir des Caisses populaires, il doit se retourner dans sa tombe chaque fois qu’une Caisse ferme. Un peu d’humanité et un peu plus de services pour les membres sociétaires de Saint-Liboire et d’une pierre, deux coups, peut-être que M. Desjardins retrouvera la paix si bien méritée.

 

André Beauregard, Saint-Pie

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