« Francis, c’était quelqu’un de marquant. Il ne laissait personne indifférent », témoigne avec émotion Yan Scott, son ami de longue date avec qui il avait fondé Karma en 1998.
« Francis, c’était toujours de l’humour. C’était un clown, un showman et quelqu’un de très charismatique. Il amenait sa couleur sur scène », poursuit-il dans un entretien téléphonique accordé au COURRIER.
Francis Ravenelle, âgé de 46 ans, est décédé en matinée le 4 juillet après avoir subi d’importantes blessures lors d’un accident sur son lieu de travail. Le père de deux enfants se serait retrouvé coincé entre la remorque d’un poids lourd en mouvement et un quai de chargement dans la cour de l’entreprise ADM Nutrition animale, située sur le boulevard Choquette, dans le parc industriel Olivier-Chalifoux. Son décès a été constaté au centre hospitalier où il avait été transporté.
« C’est un cauchemar, c’est un choc. On n’y croit pas encore », mentionne Yan Scott, le trémolo dans la voix.
« On dirait que ce n’est pas réel. C’est très difficile à digérer », ajoute Emmanuelle St-Jean, qui partageait le micro avec Francis au sein de Karma.
Ses proches et ses amis se demandent comment un tel accident a pu se produire. Une enquête pour tenter de faire la lumière sur les circonstances de cet accident est en cours de la part de Travail Canada, en collaboration avec la Sûreté du Québec.
Le plaisir avant tout
Pendant plus de 20 ans, Francis Ravenelle a pu laisser parler sa passion pour la musique au sein du groupe Karma – sa deuxième famille comme il se plaisait à dire – et comme chansonnier.
« Ce qui le faisait triper le plus, c’était de faire des shows », souligne Rémy Bazinet, le propriétaire du Centre de musique Victor, qui le connaissait depuis plusieurs années.
Sur scène comme dans la vie, le Saint-Pien cherchait d’abord et avant tout à avoir du plaisir. Un bonheur contagieux qui le suivait partout où il passait.
« Il n’y avait pas de moments sérieux, Frank ne se prenait jamais au sérieux, même encore à 46 ans. Un cœur d’enfant, une joie de vivre, une énergie débordante. Tout un chacun a un souvenir de lui en spectacle. Tout ce qu’il produisait se transformait en succès et en moment inoubliable », peut-on lire dans l’avis nécrologique qui est paru à la suite de son décès.
Avec Karma, il a fait chanter et danser des milliers d’admirateurs et d’inconditionnels à travers le Québec et même à l’extérieur du pays avec ses interprétations de classiques des années 1970 à aujourd’hui. À Saint-Hyacinthe, son empreinte est indéniable. Le groupe a multiplié les spectacles dans la ville, que ce soit à l’Expo agricole, aux Rendez-vous urbains ou encore à la fête nationale.
« La majorité des gens qui habitent à Saint-Hyacinthe ont déjà vu Karma en spectacle ou en ont entendu parler, affirme Emmanuelle St-Jean. Ça a marqué beaucoup de gens. On s’en fait encore souvent parler. »
Un modèle pour les autres
Que ce soit en côtoyant Francis au sein du groupe ou en le voyant simplement sur scène, de nombreux musiciens ont été inspirés par son amour de la musique.
« Francis était un modèle inspirant pour la relève. Il était un exemple pour plein de musiciens professionnels qui ont eu envie de faire de la musique », souligne la chanteuse de Karma.
Pendant une dizaine d’années, il a d’ailleurs travaillé au Centre de musique Victor à Saint-Hyacinthe.
« Si tu savais le nombre de guitares qu’il a eues, s’exclame Rémy Bazinet. C’était un maniaque de gear et de guitares Gibson. »
Son premier amour a cependant toujours été le chant, soutient Yan Scott. « À la base, il le disait lui-même, il s’est toujours considéré comme un chanteur avant d’être un guitariste. Mais Francis, c’était un tout. De jouer en même temps que de chanter et de divertir la foule à travers tout ça, c’était sa grande qualité », dit-il.
La voix du chansonnier était servie par un grand registre, se remémore Emmanuelle St-Jean. « Il pouvait chanter de tout, autant du dance que du rock et de la musique québécoise. C’est difficile pour un chanteur de jouer de la guitare tout en étant aussi polyvalent, en plus d’être charismatique. Ça, tu l’as ou tu ne l’as pas. »
La dernière prestation officielle de Karma remonte à 2020. Il s’agissait cependant d’un spectacle virtuel dans le cadre de l’Expo agricole. Le groupe avait ensuite mis ses activités sur pause pour permettre aux membres de passer plus de temps avec leur famille.
« Mais on voulait refaire un ou deux shows dans la région pour boucler la boucle », laisse tomber Yan Scott, sachant maintenant que ce ne sera plus possible de remonter sur scène avec son vieil ami.
De son côté, Francis Ravenelle continuait de monter sur scène jusqu’à tout récemment dans le cadre du projet Duo Play, un duo de reprises qu’il menait avec Johanne Boudreault.
Son départ soudain laisse un vide immense chez ses proches et ses amis. « Pour nous, Francis, ce n’était pas juste de la musique. C’était d’abord et avant tout l’humain et l’ami, laissent tomber Yan Scott et Emmanuelle St-Jean. Il avait toujours le mot pour faire rire. C’était toujours léger avec lui. Il était jovial et ricaneur. C’était un bon vivant qui aimait s’amuser et faire la fête. Il était très important pour sa famille et ses amis. »
La famille recevra les condoléances le samedi 3 août, de 10 h à 13 h, à l’église de Saint-Pie et une cérémonie afin de rendre hommage à Francis Ravenelle se déroulera par la suite.