À la tête des Voltigeurs de Drummondville, il a prouvé qu’il avait un flair indéniable pour évaluer le talent et surtout qu’il n’avait pas son pareil pour assembler rapidement une équipe redoutable et gagnante.
C’est avec beaucoup de générosité que celui qui habite toujours à Saint-Hyacinthe et qui a enseigné pendant 15 ans dans les écoles maskoutaines, de l’école Casavant à la polyvalente Hyacinthe-Delorme en passant par le Collège Antoine-Girouard et l’école secondaire Fadette, a accepté de revisiter sa dernière année et son cheminement de carrière qui sort des sentiers battus.
Pour faire une histoire courte, Yanick Lemay est un pédagogue doublé d’un passionné de hockey qui a fait son chemin dans le hockey en se laissant guider par son instinct et sa bonne étoile. Il semble avoir toujours eu le don naturel d’être à la bonne place au bon moment.
Celui qui envisageait au départ de devenir entraîneur-chef d’une équipe bantam AA aura pratiqué bien des métiers dans le hockey depuis les 25 dernières années… sauf celui d’entraîneur pour lequel il se destinait!
Statisticien lors de l’entrée en scène des Gaulois du Collège Antoine-Girouard dans la Ligue M18 AAA, il a rapidement bifurqué vers le métier de recruteur. Avec les Screaming Eagles du Cap-Breton pendant une dizaine d’années, où il a fait la connaissance de l’entraîneur-chef Pascal Vincent, puis avec le Junior de Montréal.
Quand Vincent a été nommé entraîneur adjoint avec les Jets de Winnipeg dans la Ligue nationale de hockey, il a pavé la voie à son ancien complice. Après deux années à jongler avec son travail d’enseignant et celui de dépisteur à temps partiel, Lemay a dit adieu à l’enseignement pour vivre son rêve d’un jour gagner sa vie avec le hockey à temps plein. Il passera finalement 12 ans à épier les jeunes hockeyeurs pour le compte des Jets avant de tourner le dos à ses deux dernières années de contrat pour succomber aux chants répétés des Voltigeurs.
« J’ai refusé leur offre à au moins deux reprises avant d’accepter, confie le directeur général des Voltigeurs. Je voulais me challenger et il y a longtemps que j’avais en tête d’être directeur général d’une équipe junior un jour. Fallait juste attendre le bon moment et la bonne offre. Quand Drummond est revenue à la charge l’an dernier, c’était trop beau et trop proche de la maison pour dire non. J’ai décidé de me mettre au défi et de sortir pour de bon de ma zone de confort. »
Dans sa liste des pour et des contre, il ne voyait que du positif. « Il y avait déjà un bon noyau de joueurs et une belle équipe pour m’entourer. Oui, le rôle de directeur général est comparable à un travail d’architecte qui doit dessiner les grandes lignes de sa formation, mais honnêtement, il y avait un bon noyau de vétérans et beaucoup de travail de fait par les recruteurs. Il restait à peaufiner tout ça. Ce n’est pas le travail d’un seul homme. On gagne et on perd en équipe. »
Des décisions payantes
Parmi ses bons coups comme DG, il y a d’abord eu l’embauche de l’entraîneur-chef Sylvain Favreau à la suite de son départ des Mooseheads de Halifax, sans doute aussi passionné par la game que son directeur général. Aussi quelques transactions majeures, dont les acquisitions du défenseur étoile Vsevolod Kommarov, de l’attaquant et ancien Gaulois Mikael Huchette et du capitaine Kassim Gaudet, tous des Remparts de Québec, puis du franc-tireur Alexis Gendron, des Olympiques de Gatineau.
Les Voltigeurs ont terminé la saison avec un dossier de 48 victoires contre 14 défaites, 5 défaites en prolongation et 1 défaite en fusillade, bon pour une récolte de 102 points leur assurant la deuxième place du classement général, sept points derrière le Drakkar de Baie-Comeau.
En séries, les Voltigeurs ont été impitoyables. Ils ont vaincu Saint John en quatre, Sherbrooke en six, Victoriaville en cinq et balayé le Drakkar en quatre petites parties en grande finale pour mettre la main sur le trophée Gilles-Courteau et obtenir leur laissez-passer pour la Coupe Memorial. Face aux meilleures formations de niveau junior au pays et l’équipe hôtesse de Saginaw lors du grand tournoi printanier canadien, les Voltigeurs n’ont pas joué de chance. Ils ont été éliminés en trois parties sans connaître une seule victoire.
« On a été compétitifs et on a tout donné, mais ça n’a pas fonctionné. C’est un tournoi rapide qui arrive après un long périple en séries, et l’absence du défenseur Maverick Lamoureux [blessé pendant toutes les séries] s’est fait ressentir, mais je ne chercherai pas d’excuses. Nous étions bien préparés et nous avions pris plusieurs notes et on aurait souhaité un meilleur sort », a commenté Yanik Lemay sans amertume, sinon l’envie de se reprendre au plus vite.
C’est dans cette optique qu’il a préparé l’après-saison, les repêchages de la Ligue de développement M18 AAA et européen, puis la période estivale et la préparation du prochain camp. C’est dans une volonté d’amélioration continue pour assembler une formation qui sera plus que compétitive au cours de la prochaine saison.
Quand on lui fait remarquer que les Remparts de Québec n’ont pas fait les séries l’année après leur conquête des séries et de la Coupe Memorial en 2023, Yanik Lemay réplique qu’un meilleur sort attend sans doute ses Voltigeurs.
« Nous y sommes allés par étapes la saison dernière pour ne pas avoir à repartir à zéro cette année. Nous ne serons peut-être pas aussi dominants la saison prochaine, mais nous devrions être en mesure de nous imposer. Notre équipe est encore jeune et talentueuse, certains auront de plus grandes responsabilités, et nos recruteurs font de l’excellent travail pour dénicher des joueurs de talent. »
Quant à savoir s’il rêve maintenant à de plus grands défis encore que celui d’être DG d’une équipe junior, il joue la carte de la franchise et de la diplomatie.
« Occuper le poste de DG d’une équipe gagnante à Drummondville, c’est une opportunité de se faire remarquer dans le monde du hockey. On souhaite tous faire du hockey au plus haut niveau possible, mais je ne me lève pas la nuit pour penser à ma carrière et élaborer des plans. Je suis heureux où je suis et j’apprends encore tous les jours. Si des occasions se présentent un jour, on verra. Et c’est la même chose pour Sylvain [Favreau], plus tôt que tard il aura des opportunités. »
Yanik Lemay s’en remet donc une fois de plus à sa bonne étoile. Celle-ci ne l’a pas trop mal servi jusqu’ici.