M. Tanguay a construit le bâtiment en 1982, « à un taux d’intérêt de 24 %! On était pauvre. On mangeait de la galette sept jours sur sept. On essayait de se convaincre que c’était bon », se remémore-t-il. Il bénéficiait d’un droit acquis puisqu’il opérait déjà un centre de jardin et une pépinière sur ce même terrain avant l’adoption de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles. La CPTAQ avait autorisé ces activités commerciales sur 0,5 hectare, équivalant à près de 50 000 pieds carrés.
Bien des années plus tard, il s’est rendu compte qu’il dépassait la superficie autorisée alors qu’il se croyait encore conforme. « Au final, j’utilisais à peu près 75 000 pieds carrés, mais je pensais que je prenais encore 50 000 pieds carrés. C’est trop petit pour ce genre de commerce à cause du type d’équipement. À l’époque, lorsque j’ai acheté un camion 10 roues, c’était le plus gros à Saint-Hyacinthe. Aujourd’hui, un camion 10 roues, c’est le plus petit. Ça prend donc une plus grande superficie pour que les camions puissent circuler sur le terrain », explique celui qui vend en vrac et en sac un large éventail de produits pour l’aménagement paysager en plus d’offrir des services d’entretien et de traitement de pelouse.
S’approchant de la retraite, il voyait l’opportunité de vendre les installations à une jeune entrepreneure diplômée de l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ). Des démarches ont été lancées pour modifier le zonage du terrain puisque le droit acquis n’est pas transférable. Il en a profité pour demander l’agrandissement de la superficie jusqu’à 1,2 hectare.
« Dès que j’ai su que la décision était négative, je savais que je devais fermer. C’est dommage pour la jeune entrepreneure. C’était un plan de relève parfait, mais il ne pourra pas se réaliser. Et il n’est pas question de le réaliser ailleurs », poursuit l’homme âgé de 68 ans.
La demande auprès de la CPTAQ a été pilotée par la MRC des Maskoutains qui avait identifié 12 espaces appropriés disponibles sur son territoire. Ces emplacements se situaient soit à l’extérieur de Saint-Hyacinthe ou dans des parcs industriels.
L’avocat représentant HortiVrac avait argumenté qu’un refus signifiait une fermeture de l’entreprise. La CPTAQ estime toutefois facultatif de prendre en considération les conséquences d’une décision, surtout lorsque des espaces appropriés ont été identifiés.
« Bien qu’on allègue que l’usage projeté n’est pas perçu comme une utilisation structurante pour le milieu urbain, la Commission est d’avis que la vulnérabilité de la zone agricole à cet endroit mérite une attention particulière de la Commission pour maintenir un territoire propice à la pratique de l’agriculture », ont souligné les commissaires.
HortiVrac fermera le 1er novembre. Michel Tanguay compte profiter de sa retraite alors que la santé est encore au rendez-vous. Il admet clore un chapitre heureux de sa vie après avoir travaillé pendant 40 ans à faire fleurir son entreprise.
« J’ai eu tellement de bons employés. C’est grâce à eux que j’ai pu tenir toutes ces années. C’est une entreprise saisonnière. J’essayais toujours de leur trouver assez de travail pour les garder. Certains ont travaillé avec moi pendant 35 ans. C’était tellement agréable », conclut-il.