Permettez donc que je repasse sur l’entente particulière passée entre Saint-Hyacinthe Technopole et l’entreprise CDMV pour permettre son déménagement dans notre Cité de l’innovation agroalimentaire, le parc technologique réservé aux entreprises de hautes technologies des domaines de la biotechnologie agroalimentaire, vétérinaire et agroenvironnementale.
Ce n’est pas pour me vanter, mais dès la toute première fois que j’ai entendu parler de la possibilité que cette entreprise quitte le boulevard Choquette pour s’installer au cœur de la Cité, en décembre 2020, j’ai flairé qu’il y avait anguille sous roche, preuve que les anguilles ne sont pas toutes dans la rivière Yamaska à attendre d’être comptées. CDMV étant l’acronyme pour Centre de distribution de médicaments vétérinaires, ses activités tournent davantage autour de la distribution et de l’entreposage de produits vétérinaires qu’autre chose. Elle ne produit pas de médicaments, n’a pas de laboratoires et ne fait pas de recherche et de développement. Pour la haute technologie, on repassera.
Nous avions eu l’occasion de soulever ces incongruités au printemps 2021. La direction générale de Saint-Hyacinthe avait bien entendu défendu la pertinence de ce déménagement en affirmant que CDMV était à sa place dans ce parc technologique et que le MAPAQ avait fini par souscrire à cette idée et donné son autorisation. On connaît la suite, Saint- Hyacinthe Technopole a consacré 30 M$ dans la construction du siège social de CDMV qui, à titre de locataire exclusif des lieux, est lié à l’organisme par un bail d’un minimum de 25 ans qui lui assure des revenus de l’ordre de 2 M$ par année. Une très bonne affaire qui consolide autant les finances de Saint-Hyacinthe Technopole que le gagne-pain de quelque 150 employés d’un employeur de choix qui est installé à Saint-Hyacinthe depuis 1972. Depuis le tout début, il était clair et net que Saint-Hyacinthe Technopole avait trouvé la bonne astuce pour éviter de perdre CDMV au profit d’une autre ville de la Rive-Sud, en se bouchant le nez un peu et en usant d’imagination. On ne lui en tiendra pas rigueur. Il fallait à tout prix s’assurer de conserver une telle entreprise chez nous, quitte à contourner quelques règles si nécessaire. Et on a de toute évidence réussi, même si on s’était bien gardé, à ce moment, de confirmer qu’on avait tordu quelques principes au passage. On aurait pu faire preuve d’un peu plus de transparence, si vous voulez mon avis, et les Maskoutains auraient compris, voire salué la réussite de l’opération CDMV. Pourquoi tant de détours et de cachettes?
Il aura fallu attendre au printemps 2024 pour que le chat sorte du sac et que, dans un élan soudain de franchise, le président sortant du conseil d’administration de Saint-Hyacinthe Technopole, Bernard Forget, admette le tout. « On avait étiré les règles pas mal. Un coup comme celui-là [CDMV], on a pu le réussir une fois, mais ce ne serait plus possible. La porte est fermée et c’est correct », avait-il confié tout bonnement lors d’une entrevue qui portait sur les plus récents états financiers de l’organisme et non sur ses petits tours de passe-passe.
En effet, l’élastique avait été étiré au maximum, avons-nous été à même de constater par la suite. Trop au goût du gouvernement en tout cas, puisqu’un nouveau décret a été imposé depuis à l’organisme économique maskoutain afin d’éviter tout risque de récidive, écrivions-nous le 4 juillet.
À la lecture du nouveau décret adopté en mars 2022 pour remplacer le précédant datant de 2003, on comprend que Québec a cru nécessaire de resserrer de beaucoup l’élastique afin de « définir ce qu’est une entreprise de hautes technologies […] ainsi que les activités principales des futures entreprises au sein de la Cité. » Rien dans ce nouveau décret ne s’applique à CDMV.
Jamais le vaillant service des communications de Saint-Hyacinthe Technopole ni la direction générale passée ou actuelle n’ont cru bon publiciser la nouvelle entente. Pourquoi tant de détours et de cachettes, je repose la question.