Après avoir racheté en novembre tout ce qu’ils pouvaient des Aliments Whyte’s, qui se dirigeaient vers une impressionnante faillite de 60 M$, les copropriétaires John Tartaglia et Daniel Jurkovic se sont efforcés de remettre sur pied l’usine de Saint-Louis. Ils y ont investi environ 500 000 $ pour effectuer des rénovations, comme refaire les planchers à neuf, et installer des équipements en provenance des usines de Sainte-Rose à Laval et Wallaceburg en Ontario qui avaient malheureusement été fermées.
Ils se sont également concentrés sur le volet administratif complexe et travaillent encore à obtenir tous les documents essentiels au fonctionnement de l’usine. Heureusement, en janvier, ils ont réussi à obtenir la plus importante certification, celle de Safe Quality Food (SQF), qui leur permet de vendre partout en Amérique du Nord.
C’est à ce moment que la production a pu être repartie pour les services alimentaires, c’est-à-dire pour les chaudières de cornichons obtenues grâce à la fermentation naturelle des concombres sur place. Cette production accapare 50 % de la superficie de l’usine et a permis à une vingtaine d’anciens employés de revenir travailler. Quelques-uns avaient aussi déjà été réembauchés pour le réaménagement de l’usine. Actuellement, ce sont 3000 à 4000 chaudières qui sont produites chaque jour à Saint-Louis, ce qui totalisera 25 000 à 30 000 chaudières pour les six semaines de la production des concombres qui s’échelonnent habituellement de la mi-juillet à la fin août. Cette année, les concombres ont toutefois pointé le bout de leur nez plus rapidement et la saison pourrait donc finir plus tôt. « Ç’a parti vite et fort. Ça nous a mis de la pression, car nous avons reçu plus de concombres que d’habitude en un court laps de temps », a mentionné Daniel Jurkovic.
Les employés sont néanmoins heureux d’avoir tout ce travail. « Tous les employés sont vraiment très fiers qu’Aliments Putters aient racheté Les Aliments Whyte’s et d’avoir retrouvé leur emploi. Moi, j’habite à deux minutes de l’usine et plusieurs de mes collègues proviennent des villages environnants. Nous sommes bien heureux de l’implication de la nouvelle compagnie et des projets à venir », a déclaré le directeur des opérations, Alain Bérard, qui se rend à l’usine chaque matin depuis maintenant 49 ans.
« En tant que municipalité, nous ne pouvions pas demander mieux, car c’est notre seule grosse industrie. On m’a dit que ça roulait tranquillement au début et que là, ça va plus vite avec la saison des concombres », a renchéri le maire de Saint-Louis, Yvon Daigle.
Des objectifs ambitieux
L’objectif des copropriétaires est de démarrer le volet de la vente au détail, c’est-à-dire les cornichons en pot, dans six mois. Déjà, de nouveaux équipements ont été achetés à l’international il y a deux mois et devraient arriver en septembre. Cela porte les investissements pour améliorer l’usine à près de 1 M$ et permettra la production de toute la gamme de produits. Entre-temps, c’est l’usine de Sainte-Sophie d’Aliments Putters qui s’occupe de cette production. Les gestionnaires espèrent aussi augmenter le volume de chaudières de cornichons de 15 à 20 % par année sur cinq ans.
Une nouvelle image de marque pour Aliments Putters a été créée et le plan de commercialisation est en cours de réalisation. Les gestionnaires espèrent lancer le logo en octobre. Les produits à cette effigie pourraient apparaître sur les tablettes des épiceries éventuellement en raison de l’espace disponible à la suite de la faillite des Aliments Whyte’s. Celle-ci a engendré des demandes des distributeurs et des épiciers.
L’enjeu majeur de la recherche de clients
Afin d’atteindre leurs ambitions, les gestionnaires ont néanmoins un défi majeur à relever : celui d’attirer à nouveau les anciens clients des Aliments Whyte’s. M. Jurkovic a raconté qu’au bord de la faillite, l’entreprise n’arrivait plus à remplir ses engagements envers ses clients. De plus, la transition s’est échelonnée sur environ six mois, créant un vide dans le secteur. Les grosses chaînes de restaurateurs et les gros distributeurs se sont donc tournés vers d’autres fournisseurs, principalement aux États-Unis, et ont encore des contrats d’approvisionnement en vigueur avec eux.
Depuis trois mois, les deux copropriétaires travaillent donc d’arrache-pied à reconquérir leur cœur pour qu’ils retournent vers eux éventuellement. « Habituellement, quand nous trouvons la bonne personne à qui raconter comment nous avons sauvé l’industrie des cornichons au Québec, dans 9 cas sur 10, elle accepte de nous supporter. Nous expliquons que nous avons tout fait pour préserver la production locale, mais que nous ne pouvons pas tout faire seuls, que nous avons besoin d’acheteurs qui nous soutiennent. Leur apport n’aide pas seulement nous, mais tout l’écosystème, en passant des entreprises connexes aux fermiers », a expliqué Daniel Jurkovic.
En plus de promouvoir la provenance locale des produits, les gestionnaires misent sur la valeur ajoutée du produit, soit sa qualité et son prix. Par contre, le cycle de vente peut être très long et s’échelonner jusqu’à un an.
John Tartaglia et Daniel Jurkovic restent tout de même optimistes et croient plus que jamais en leur produit.