Selon le représentant du propriétaire rencontré sur place par LE COURRIER, ce sont 26 étudiants qui ont été évacués sur le coup. Dans les heures qui ont suivi, la Croix-Rouge a pris en charge 45 étudiants sur plus d’une cinquantaine qui demeurent sur place.
Gianni Rida, 17 ans, fait partie des sinistrés. Il venait tout juste de s’installer pour étudier au Cégep de Saint-Hyacinthe en Sciences naturelles et il venait de se joindre à l’équipe de football. Son père et son jeune frère Anthony étaient sur place et déjeunaient au moment où l’incendie s’est déclaré. Sa mère se trouvait à quelques minutes de route et lui ramenait sa toute première épicerie. « Elle est encore dans ma valise », s’est-elle exclamée.
Lorsque le père et ses deux garçons sont revenus avec leur déjeuner, Anthony a tout de suite trouvé qu’il y avait une odeur de guimauves grillées, mais son père s’est montré rassurant. Même lorsque l’alarme incendie a retenti en plein repas, il croyait qu’il s’agissait d’un test. Toutefois, c’est lorsqu’il a ouvert la porte pour regarder dans le couloir qu’il a constaté que la menace était bien réelle. Les travailleurs qui effectuaient des travaux de peinture dans un appartement étaient en train de cogner à toutes les portes pour demander aux locataires d’évacuer.
Selon le représentant du propriétaire, ce sont eux qui ont détecté l’incendie qui aurait pris naissance dans la salle de lavage au 3e étage possiblement en raison d’un problème électrique, selon le chef logistique du Service sécurité incendie de Saint-Hyacinthe, Louis Dautrey.
Rencontré par LE COURRIER à proximité de l’immeuble dans l’heure qui a suivi l’incendie, Gianni n’avait pas pris le temps de prendre son équipement de football et s’inquiétait de ne pas pouvoir participer à sa première pratique le soir même.
Delphine Brunelle-Martin, une cégépienne de 28 ans, venait aussi de commencer à emménager en juillet et était de passage expressément pour défaire des boîtes. Ses deux colocataires n’étaient pas présentes lorsque l’incendie s’est déclaré.
Son loyer est situé seulement à trois portes de la salle de lavage, mais Delphine n’a rien constaté d’anormal. « Même lorsque j’ai entendu l’alarme, je pensais que c’était les travailleurs qui faisaient un test, alors je ne me suis pas trop inquiétée. Puis, ils se sont mis à parler plus fort dans le couloir, alors je suis allée voir et c’est là qu’ils m’ont dit de sortir. Sur l’étage, ça sentait le brûlé, mais je n’ai rien vu. Même en sortant par en arrière, il n’y avait rien. C’est en arrivant sur le côté de l’édifice que j’ai vu la fumée et, quelques minutes plus tard, les pompiers étaient là. Je crois que je me serais plus inquiétée si des flammes avaient sorti par les fenêtres. Je croyais qu’il faudrait juste un camion de pompiers, mais en 5 à 10 minutes, la fumée était devenue de trois à quatre fois pire », a-t-elle raconté.
Plusieurs locataires ont également souligné au COURRIER que lorsqu’ils sont sortis, c’est seulement une mince fumée blanche qui sortait de l’édifice. C’est ce qu’a justement aperçu Raphaël Plante lorsqu’il est sorti avant que l’alarme ne se déclenche pour aller prendre l’autobus pour se rendre au travail. Il a tout de suite appelé sa copine, Nadine Lassonde, qui se trouvait dans l’appartement, pour qu’elle avise le propriétaire. Toutefois, il n’a pas fallu 30 secondes après qu’elle eut raccroché pour que l’alarme se déclenche. Elle a alors agrippé son chat et s’est dépêchée de sortir de l’immeuble. « J’espère que mon appartement n’est pas brûlé. Je n’ai même pas pris le temps de prendre mes clés de voiture. C’est vraiment stressant », a confié la jeune fille, encore émotive, alors que la fumée noire et les flammes se dégageaient du toit un peu après 11 h.
Plusieurs locataires ont confirmé que l’incendie a pris rapidement de l’ampleur après l’évacuation. D’ailleurs, la rue Sicotte a été fermée entre l’avenue des Vétérinaires et l’avenue Bienville.
Sous le stress de l’évacuation, une jeune étudiante de l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ) de 21 ans n’a pas pensé prendre son chat comme Nadine l’a fait. Elle était en larmes alors qu’elle craignait que le pire lui arrive. Il a finalement été réchappé des flammes et lui a été ramené sain et sauf en fin d’après-midi.
La jeune femme était aussi bien triste pour tous ses amis qui risquaient de perdre leur loyer. « Il y a des étudiants de l’ITAQ qui habite sur tous les étages », a-t-elle affirmé, ébranlée.
Une autre sinistrée, dont le conjoint habite à cet endroit depuis trois ans et avec qui elle a emménagé il y a six mois, a aussi seulement saisi son sac à main et son petit frère qui était en visite chez elle pour les vacances. « Je ne me sentais vraiment pas bien, mais je ne pensais jamais que ce serait si grave. Il n’y avait pas beaucoup de fumée et, d’un coup, ça a pris de l’ampleur », a-t-elle relaté.
Trois pompiers incommodés par la chaleur
L’intensité de l’incendie était telle que trois pompiers, sur la soixantaine qui a combattu les flammes, ont subi des coups de chaleur. Deux ont été conduits à l’hôpital à titre préventif et l’autre a été traité par les paramédicaux sur place. Un pompier était toutefois tellement motivé qu’il est retourné combattre l’incendie en sortant de l’hôpital.
Seulement cinq minutes après l’arrivée des premiers pompiers, l’alarme générale a été déclenchée puisque l’incendie faisait rage dans l’entretoit. Les pompiers de Saint-Valérien-de-Milton, de Saint-Pie, de Saint-Dominique, de Saint-Jude, de Saint-Liboire et de la Régie intermunicipale de protection incendie du Nord des Maskoutains ont aussi été appelés en renfort, soit un total de 30 pompiers.
Le chef logistique du Service sécurité incendie de Saint-Hyacinthe a raconté que des équipes ont d’abord été envoyées sur le toit et à l’extérieur. Toutefois, après un peu plus de 45 minutes, l’incendie s’est intensifié et une stratégie défensive a dû être adoptée. Celle-ci a consisté à retirer les pompiers de l’intérieur pendant 5 à 10 minutes pour arroser avec le camion-échelle afin de ne pas les blesser. Ils sont ensuite retournés lutter contre l’incendie pendant 20 à 30 minutes avant un second court retrait.
Vers 13 h, l’incendie était relativement sous contrôle, mais c’est plutôt après une intervention de cinq heures au total que tous les foyers ont été éteints. Les premiers pompiers ont donc quitté entre 16 h et 17 h. La vingtaine de pompiers qui est restée sur place a quitté un peu après 20 h 30. « Ce qui a vraiment compliqué l’intervention a été de combattre l’incendie dans la structure du toit », a conclu M. Dautrey. Selon lui, les dommages se chiffrent à plusieurs centaines de milliers de dollars.