L’entreprise C & C avait promis à Mme Millette Locas de se charger de l’entretien de son gazon pour sept mois consécutifs. « Dans la facture que j’ai payée, c’est bien indiqué que la tonte de la pelouse sera effectuée du 7 mai au 15 novembre. Pour avoir ce service, j’ai payé près de 460 $ », a confié la septuagénaire.
L’été s’est installé et les employés ne sont venus chez elle que deux fois. « Tout était bien au début et ils ont bien travaillé les deux premières fois. J’étais très satisfaite, mais personne ne s’est présenté par la suite. Bien que j’aie essayé de les contacter plusieurs fois par téléphone, je n’ai reçu aucune réponse depuis. »
La Maskoutaine explique qu’elle a contacté l’Office de la protection du consommateur (OPC) qui lui a conseillé d’appeler la police. « On n’a rien fait de concret pour moi. On m’a dit que l’entreprise était peut-être en faillite ou que c’est à cause d’un bris d’équipements que les employés n’ont plus donné signe de vie. »
En se rendant à l’adresse de l’entreprise à Saint-Pie, LE COURRIER a fait la rencontre de Karl Erfle, propriétaire de la bâtisse dans laquelle l’entreprise C & C se trouvait. Celui-ci atteste qu’il ne s’agit aucunement d’une arnaque. « Le propriétaire de cette entreprise est un réfugié mexicain. Ce qui s’est passé, c’est qu’il ne pouvait plus rester au pays. Son statut de réfugié a été refusé. Il a tout fait pour demeurer ici, mais en vain. Il m’a dit qu’il a dû fermer son entreprise, car il n’avait plus le droit d’être sur le sol canadien. Ce n’est clairement pas une arnaque. »
M. Erfle était comptable bénévole pour ladite entreprise. Il déplore le sort réservé au ressortissant mexicain. « Il y a un an, il s’est lancé en affaires et tout marchait très bien. Il avait une équipe efficace. Les clients étaient tellement satisfaits qu’ils recommandaient ses services à leur entourage. C’est bien dommage. Il avait déjà signé quelques contrats avant d’apprendre cette nouvelle. Par conséquent, il n’était plus en mesure d’honorer ses services. Ce n’est pas facile pour lui non plus, il voulait tant rester ici. Il a dû quitter le pays rapidement. »
Informée par LE COURRIER des récents développements, Lucie Millette Locas s’est dite déçue de ne pouvoir récupérer son argent. « La leçon que je tire de cette histoire, c’est que je dois dorénavant me méfier de tout le monde. »
À l’Office de la protection du consommateur, on recommande de demander des références et de les vérifier avant de retenir des services. « Sur le site Internet de l’OPC, il y a l’outil “Se renseigner sur un commerçant” mis à la disposition des consommateurs pour voir ce que contient son dossier à l’Office. En outre, si une entreprise sollicite des clients ailleurs qu’à son établissement, elle est tenue d’avoir un permis de commerçant itinérant. Il faut vérifier ce que disent les évaluations sur l’entreprise sur le Web en tapant son nom dans un moteur de recherche », a expliqué Charles Tanguay, porte-parole de l’OPC.
M. Tanguay précise que toute somme versée à l’avance pourrait être perdue si l’entreprise disparaît, ferme ses portes ou encore déclare faillite. « Pour ne pas risquer de perdre son argent, il vaut toujours mieux payer après, ce qui vous permettra aussi de ne payer que si vous jugez que le travail a été fait conformément à ce qui avait été conclu. Si le représentant insiste pour se faire payer à l’avance, dites-lui de passer son chemin. »