Malgré la popularité du premier ministre Pierre-Marc Johnson, les temps sont durs pour le Parti québécois. Les effets de la crise économique de 1982 et le mécontentement des employés de la fonction publique se font encore sentir. La démission de René Lévesque, à la suite de dissensions à l’intérieur du parti, laisse également des cicatrices et donne l’impression d’une fin de régime pour la formation souverainiste.
Les résultats de l’élection sont donc sans équivoque. Il s’agit d’un véritable raz-de-marée libéral, les troupes de Bourassa remportant 99 sièges sur 122. Dans Saint-Hyacinthe, le député sortant, Maurice Dupré, ne résiste pas à la vague. Il est défait par Charles Messier, le candidat des libéraux.
Charles Messier est né le 6 mars 1955. Il a donc trente ans lors de son élection, ce qui en fait le plus jeune député jamais élu dans le comté. En 1984, il obtient un baccalauréat en administration des affaires de l’UQAM.
Durant son second mandat à l’Assemblée nationale, il fait une maîtrise en administration publique à l’ENAP. En 1996, il obtient également un diplôme en administration internationale. De 1972 à 1977, il est instructeur militaire dans le 22e Régiment. De 1975 à 1985, il est coordonnateur régional à la Commission de la santé et de la sécurité du travail. Au printemps 1985, il brigue l’investiture du parti libéral dans la circonscription qu’il remporte, devenant le candidat officiel lors des élections de décembre.
Messier remporte les élections avec une majorité de 524 voix sur son plus proche adversaire, le député sortant, Maurice Dupré. Le nouveau député a axé sa campagne sur trois points principaux : l’amélioration du réseau de transport, le soutien à l’agriculture et la recherche de solutions aux problèmes dans le secteur de la santé et des services sociaux. Toutefois, le gouvernement Bourassa, en particulier par l’entremise de Daniel Johnson fils, président du Conseil du trésor, tient les cordons de la bourse très serrés. Messier, de même que ses collègues libéraux, fera face à plusieurs manifestations de groupes mécontents des nombreuses compressions budgétaires effectuées par le gouvernement.
C’est durant son premier mandat que Charles Messier se rend en France. Il rencontrera le premier ministre Jacques Chirac à qui il offrira un cadeau original de la part des Maskoutains. Il s’agit d’un jeune labrador noir baptisé Maskou. Chirac appréciera grandement ce présent.
En 1989, le parti libéral remporte de nouveau les élections. Cette fois, Charles Messier affrontera Laurent Denis, candidat du Parti québécois. Il remporte facilement la victoire avec une majorité de 3357 voix.
Ce second mandat ne sera pas facile pour le Parti libéral. Les échecs des accords du Lac Meech et de Charlottetown qui visaient à faire entrer le Québec dans la constitution canadienne, dont il est exclu depuis le rapatriement de 1982, donnent un bon coup de main au Parti québécois dorénavant dirigé par Jacques Parizeau. Le premier ministre Bourassa annonce qu’il ne se représentera pas pour un cinquième mandat. Il sera remplacé par Daniel Johnson fils.
En décembre 1993, Charles Messier annonce qu’il ne sera pas sur les rangs lors de la prochaine élection. Il évoque des raisons familiales et son attachement pour Robert Bourassa qu’il appréciait beaucoup.
Après son départ de la politique, Messier travaillera comme conseiller économique au ministère des Relations avec les citoyens de l’immigration. Il travaillera, entre autres, au Kosovo et à Haïti avant de prendre sa retraite en 2012.
Par Martin Ostiguy, membre du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe