Au-delà de la course, c’est le sentiment du devoir accompli qui entoure Anne-Lise Nadeau après avoir terminé son marathon. « De ramener l’Ukraine sur la map. Avoir conscience de ce qui se passe là-bas, car au Québec, certaines personnes oublient ce que vit le peuple ukrainien tous les jours. De voir les deux côtés de la médaille : la destruction et la reconstruction d’une ville, c’est quelque chose de spécial. C’est une incroyable expérience que j’ai vécue », a indiqué avec fierté l’ultramarathonienne.
Tout juste avant le départ, elle et une vingtaine de coureurs qui l’accompagnaient ont observé une minute de silence à la mémoire des gens qui sont décédés dans les combats. « À 9 h le matin, tous les dimanches, les Ukrainiens tiennent une minute de silence en l’honneur des victimes. La cloche a sonné, on s’est tous mis en cercle. J’ai eu des frissons », a mentionné la résidente de Saint-Damase.
C’est donc sur un parcours de 42,2 kilomètres dans les rues d’Irpin que l’adepte de course à pied a pu constater les cicatrices encore bien visibles sur le paysage ukrainien.
Une période d’adaptation
La comédienne ne s’en cache pas, dès son arrivée à l’aéroport de Varsovie, son quotidien a été chamboulé. « La première nuit, j’ai dû me familiariser avec le bruit des missiles, c’était assez effrayant », a-t-elle raconté. Même que son sommeil a été écourté dans la nuit de dimanche à lundi alors que les défenses aériennes ukrainiennes ont neutralisé une attaque d’une vingtaine de missiles en route vers Kyiv.
« Les explosions étaient tellement fortes que, dans mon lit, je sentais les murs trembler. »
Ce qui a le plus marqué l’ambassadrice de Bromont Ultra, c’est la résilience des Ukrainiens face à la situation qui perdure depuis le 24 février 2022. « Les gens sont chaleureux, ils continuent à se tenir debout, ils continuent à aller travailler comme si de rien n’était », a-t-elle relevé.
Sortir de sa zone de confort
Après avoir complété le tour de l’île de Montréal à la course en 2021 (130 km), Anne-Lise Nadeau savait que son passage en Ukraine allait être une expérience unique. « Ça faisait longtemps que j’avais voyagé à l’international et je voulais vraiment démontrer l’importance du dépassement de soi pour le bien commun. »
Elle souhaitait réellement sortir de sa zone de confort avec cette course. « Ce qui me rend le plus fière, c’est que j’ai dépassé ma peur d’aller dans une zone non sécuritaire. »
Aux côtés des membres de l’organisme ReliefAid, l’ultramarathonienne a également distribué des matériaux de construction directement aux Ukrainiens de la région de Kharkiv, dont les maisons ont été endommagées par les frappes russes. « Ce sont des familles qui rêvent d’un avenir meilleur. L’espoir de rebâtir, c’est positif », a-t-elle ajouté.
Anne-Lise Nadeau a aussi confié qu’elle était heureuse de voir que les fonds amassés allaient directement aux familles touchées par la guerre. « La ville n’est pas entièrement rebâtie, il reste du travail encore à faire, et faire cette course pour eux, ça n’a pas de prix. »
Son séjour en Ukraine a également généré un stress considérable pour ses trois enfants et son conjoint. « Ils voyaient les infos à la télé. J’ai été chanceuse de toujours avoir du réseau pour communiquer avec eux. J’essayais de les rassurer le plus souvent possible. Ma famille était inquiète et moi aussi j’étais stressée », a indiqué celle qui est partie depuis le 25 août. Elle retrouvera son monde aujourd’hui même.
Par Hugo Montreuil