3 octobre 2024 - 03:00
Le nom de François Brunelle gravé à jamais sur le Monument aux pompiers canadiens
Par: Adaée Beaulieu
La conjointe de François Brunelle, Christine Moar, et son fils Ely ont pris part à la cérémonie commémorative au Monument aux pompiers canadiens. Photo gracieuseté

La conjointe de François Brunelle, Christine Moar, et son fils Ely ont pris part à la cérémonie commémorative au Monument aux pompiers canadiens. Photo gracieuseté

Plus de cinq ans après son décès, le nom du pompier François Brunelle, qui a œuvré au sein du Service de sécurité incendie de la Ville de Saint-Hyacinthe pendant 11 ans, a fait son apparition sur le Monument aux pompiers canadiens voué à commémorer la mémoire des pompiers morts dans l’exercice de leurs fonctions ou des suites de lésions professionnelles. La 21e cérémonie nationale en leur mémoire s’est tenue le 8 septembre, à Ottawa.

Cet ultime hommage est le fruit d’une longue bataille menée et remportée par sa conjointe Christine Moar afin de démontrer que le décès du pompier de 37 ans, qui s’est enlevé la vie le 28 avril 2019, découle d’un choc post-traumatique subi dans le cadre de son travail comme pompier.

Cet événement dramatique où une vie était en danger et auquel il avait été confronté était survenu en juin 2018. Il en a conservé des séquelles jusqu’au moment de rendre son dernier souffle, dix mois plus tard.

« François a donné beaucoup de sa belle énergie au Service de sécurité incendie de Saint-Hyacinthe. Il n’était pas un collègue ordinaire. C’était quelqu’un d’impliqué, un professionnel, un homme de cœur, un homme bon avec de belles valeurs. Il avait la vocation et était aussi un pompier- araignée, spécialisé dans les sauvetages en hauteur à Montréal. Cet hommage qui lui a été rendu est amplement mérité quand on connaît toute l’histoire », a confié Mme Moar en entrevue au COURRIER.

C’est avec beaucoup d’émotion qu’elle a pris part à la cérémonie de commémoration en compagnie de son fils Ely, âgé de 6 ans. Elle s’est dite fière de constater que tous ses efforts pour faire reconnaître toute la souffrance de son conjoint n’ont pas été vains. « Le métier de pompier expose au danger, c’est connu. On comprend bien qu’un pompier puisse trouver la mort en combattant, mais on comprend mal qu’une scène d’urgence puisse affecter la santé mentale d’un pompier à ce point. On ne réalise pas toujours qu’un simple appel peut faire tout basculer. On n’aurait jamais cru que ça allait prendre une telle ampleur… », a-t-elle renchéri pour illustrer tout le désarroi que le décès du pompier maskoutain a provoqué.

La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) et la Ville de Saint- Hyacinthe avaient toutes les deux refusé de reconnaître le lien entre le décès volontaire du pompier et la lésion professionnelle dont il souffrait. Du côté de son employeur, on estimait que le geste malheureux du pompier était plutôt attribuable à un mal-être général de longue date l’ayant déjà incité à consulter un professionnel de la santé. Un point de vue que n’a jamais partagé sa conjointe.

« Comme toute personne peut vivre une période plus sombre dans sa vie et aller chercher de l’aide, François avait déjà vu des spécialistes [en santé mentale]. Il avait même repris du mieux par la suite. Les symptômes ont été complètement différents après l’événement traumatique auquel il a été exposé ensuite », a-t-elle précisé en entrevue.

C’est bien décidée à faire renverser ces refus qu’elle s’est présentée devant le Tribunal administratif du travail (TAT). Il faut croire que sa démonstration a été éloquente puisque cette instance lui a donné raison sur toute la ligne en février 2023.

« La preuve, tant médicale que factuelle, révèle qu’il y a un “avant” le 12 juin 2018 et il a un “après”. Il ressort du témoignage de la conjointe du travailleur, de sa mère ainsi que des trois amis et collègues qui ont témoigné qu’après le 12 juin 2018, le travailleur n’a plus été le même. La preuve démontre qu’avant cet événement, le travailleur ne s’était jamais retrouvé dans une telle condition, même s’il avait pu connaître des périodes plus difficiles. Les témoignages entendus sont aussi révélateurs de l’état d’esprit du travailleur au moment de son décès, notamment quant au fait que l’événement du 12 juin 2018 et ses conséquences étaient au centre de ses pensées dans les semaines et les jours précédents son décès », peut-on lire dans la décision obtenue par LE COURRIER.

Christine Moar espère maintenant que cette conclusion heureuse servira la cause des pompiers. « J’ose espérer que les prochains pompiers qui subiront des chocs post-traumatiques auront accès à de l’aide et à du soutien plus vite et plus facilement », a-t-elle dit.

En guise de reconnaissance posthume, le nom de François Brunelle a donc fait partie des 160 nouveaux noms qui se sont ajoutés sur le mur du souvenir du Monument aux pompiers canadiens afin de rendre hommage aux pompiers de partout au pays qui sont morts au combat ou des suites de lésions professionnelles en 2023.

Mme Moar a d’ailleurs tenu à souligner le travail exceptionnel de la Fondation canadienne des pompiers morts en service. « Ils sont capables de faire une grande différence dans nos vies par cette simple reconnaissance », a-t-elle souligné.

C’est d’ailleurs la Fondation qui a orchestré le séjour à Ottawa pour les proches endeuillés. Lors de cette cérémonie, des pompiers lui ont remis ainsi qu’à son fils un casque et une médaille au nom de la Fondation. « Je pense que ça a touché plusieurs personnes d’avoir assisté à cette scène », a-t-elle conclu.

Deux chefs du Service de sécurité incendie de Saint-Hyacinthe, Pierre Jolin et Steve Chartrand, étaient aussi présents à cette cérémonie commémorative.

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