C’est un passage obligé qui n’est pas toujours facile à négocier pour les gens qui doivent s’y résigner ainsi que pour leurs proches qui doivent les accompagner.

Les Sœurs de la Présentation de Marie sont justement à négocier cette étape sensible, elles qui s’apprêtent à quitter leur couvent et maison-mère de la rue Girouard. C’est tout sauf un événement banal et privé. C’est une page d’histoire qui se tourne dans notre communauté. Et toute une!

Pour la petite histoire, il est bon de se rappeler que les Sœurs de la Présentation de Marie sont débarquées au Québec en 1853, à la demande de Mgr Jean-Charles Prince, évêque de Saint-Hyacinthe. C’est la même année que le journal que vous lisez en ce moment a été publié pour la toute première fois.

Ces religieuses se sont d’abord installées à Sainte-Marie-de-Monnoir, puis dans plusieurs municipalités du diocèse de Saint-Hyacinthe pour poursuivre leur mission d’enseignement auprès des jeunes filles. C’est en 1858 qu’elles ont établi leur maison-mère et leur noviciat dans l’ancien pensionnat des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame à Saint- Hyacinthe d’où elles rayonnent depuis, en formant et en éduquant la jeunesse.

Les racines du Collège Saint-Maurice, l’école secondaire privée qui s’élève à proximité du couvent de la rue Girouard, nous ramènent aussi loin qu’en 1876. Depuis ce temps, il s’est transformé et adapté aux différentes modes, réformes et influences. Il a même survécu à l’incendie dévastateur du 7 avril 1992, un incendie qui a marqué toute la communauté maskoutaine et généré un élan de sympathie et de solidarité sur lequel il s’est reconstruit et vogue toujours.

C’est ce riche héritage et ses souvenirs qui remontent à la surface au moment où la communauté vit son chant du cygne. On savait depuis quelques mois déjà que la communauté préparait sa sortie avec humilité. L’abandon de son projet de construction de nouveau couvent dans ses jardins, puis la fermeture de son infirmerie avec le déménagement des religieuses ont donné le ton.

La tenue d’un grand bazar public qui s’est déroulé le week-end dernier marque en quelque sorte le point d’orgue de la mission des Sœurs de la Présentation de Marie à Saint-Hyacinthe, même si leur bonne œuvre continuera à travers le Collège Saint-Maurice et la vocation communautaire qu’elles souhaitent donner à leur ancien couvent.

Une vision communautaire que nous endossons et saluons pleinement vu les retombées attendues, et même si on doit démolir un édifice au passage pour permettre à La Petite Académie du Boisé de s’installer convenablement dans un avenir rapproché.

Une congrégation religieuse qui casse maison ou couvent, ça reste un événement inusité, voire rarissime, et ce, même si c’est arrivé à d’autres reprises à Saint-Hyacinthe. On l’a vu avec la petite congrégation des Sœurs de Sainte-Marthe, avec les Adoratrices du Précieux-Sang et avec les Sœurs de Saint-Joseph.

On le reverra aussi bientôt avec les Sœurs de la Charité. Ces bonnes sœurs ont ou vont toutes converger vers la résidence des Jardins d’Aurélie à Saint- Hyacinthe afin de finir leurs jours en communauté élargie.

Je n’ai pas en mémoire que d’autres communautés avant les sœurs de La Présentation de Marie aient organisé un grand bazar public pour partager leurs souvenirs, même si je sais que les Sœurs de Saint-Joseph ont généreusement fait don de plusieurs objets et artéfacts, dont du mobilier.

Mais je n’ai pas été surpris de voir un millier de curieux s’y présenter, poussés par la curiosité et surtout le désir de conserver un souvenir ou deux de l’œuvre bienveillante d’une congrégation qui aura été marquante à plus d’un égard à Saint-Hyacinthe et au Québec.