24 octobre 2024 - 03:00
Québec Vert dépose son livre blanc sur la végétalisation
Par: Adaée Beaulieu
La directrice générale de Québec Vert, Luce Daigneault, lors du dépôt du livre blanc sur la végétalisation, le 20 septembre, à la Maison du développement durable à Montréal. Photo gracieuseté

La directrice générale de Québec Vert, Luce Daigneault, lors du dépôt du livre blanc sur la végétalisation, le 20 septembre, à la Maison du développement durable à Montréal. Photo gracieuseté

Près d’un an après avoir annoncé le lancement d’une vaste consultation à l’échelle provinciale sur la végétalisation du Québec, Québec Vert, une fédération composée de 12 associations œuvrant en horticulture ornementale, nourricière et environnementale qui a pignon sur rue à Saint-Hyacinthe, a déposé son livre blanc au gouvernement, le 20 septembre.

Le document qui contient 12 recommandations est le résultat de sept séances de consultations virtuelles, totalisant 580 inscriptions, qui se sont déroulées de février à septembre. Quelque 180 organismes y ont collaboré. Ces rencontres ont permis de collecter pas moins de 1508 commentaires. La première rencontre était dédiée à l’industrie horticole ornementale, environnementale et nourricière et la seconde aux municipalités. Lors des cinq autres consultations ouvertes à tous, c’est un thème différent qui a été abordé chaque fois. Il a été question d’environnement, de santé et d’éducation, d’aménagement du territoire et des communautés, des infrastructures routières ainsi que d’économie et d’efficacité énergétique. « La prémisse est que, dans chaque secteur, les végétaux sont bénéfiques », a mentionné la directrice générale de Québec Vert, Luce Daigneault.

Les séances débutaient par deux présentations d’experts, comme l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE), l’Association des architectes paysagistes du Québec et la Fondation Suzuki. Ensuite, les participants étaient invités à réfléchir aux freins à la végétalisation, aux pistes de solutions possibles, aux endroits où des changements seraient le plus nécessaires et aux politiques, mesures et programmes qui pourraient être mis en place. Parallèlement, Québec Vert a également fait une tournée d’environ huit ministères concernés et elle refera l’exercice sous peu.

Comme l’a indiqué Mme Daigneault, bien plus d’une douzaine de recommandations auraient pu se retrouver dans le livre blanc, mais ce sont celles qui sont le plus facilement applicables, structurantes et ayant le plus de retombées qui ont été retenues. Elle a d’ailleurs souligné que leur mise en place serait peu coûteuse. « C’est vraiment un livre blanc clés en main pour le gouvernement du Québec pour créer une communauté résiliente aux changements climatiques et à tous les autres problèmes de société qui peuvent être résolus par la végétalisation. Maintenant, la balle est dans le camp du gouvernement », a-t-elle déclaré.

Planification budgétaire

L’un des axes prioritaires est celui de la planification budgétaire uniformisée. « Il y a de plus en plus de projets de végétalisation qui se font au niveau des villes, mais ils sont fragmentés. Il n’y a pas de cohésion. Ils sont tributaires de la région et de la volonté politique locale », a déploré Luce Daigneault. « Le gouvernement du Québec n’a pas non plus le réflexe végétal, il ne s’est pas doté d’une vision par rapport à la végétalisation », a-t-elle renchéri. Elle a expliqué que, parfois, des sommes sont réservées pour des infrastructures végétalisées, mais pas toujours. Aussi, lors de dépassements de coûts, cet argent est utilisé ailleurs.

Québec Vert recommande donc de réserver, pour la réalisation d’infrastructures végétalisées, une somme représentant un minimum de 2 % des investissements totaux prévus pour chacun des projets en infrastructures publiques prévus au Plan québécois des infrastructures. Pour ce qui est des projets d’infrastructures non publiques, mais subventionnés à plus de 50 % par des fonds publics, la fédération souhaite que le gouvernement provincial ait l’obligation de prévoir, pour l’intégration d’initiatives de végétalisation, une somme représentant 2 % des investissements totaux. « Si ces recommandations sont mises en place, cela va envoyer le message fort que le végétal a sa place au Québec », a affirmé Mme Daigneault.

Gouvernance

Un autre axe tout aussi important est celui de la gouvernance. Québec Vert recommande au gouvernement de désigner un ministre responsable de coordonner et de soutenir les efforts de végétalisation partout au Québec. Pour qu’il remplisse bien ses fonctions, la fédération considère qu’il est essentiel de mettre en place un comité interministériel regroupant les principaux ministères concernés par la végétalisation. Le ministre pourrait fixer des objectifs et mesurer les résultats.

Québec Vert désire aussi qu’une table de concertation sur la végétalisation soit mise sur pied afin d’assurer une communication bidirectionnelle et continue entre le gouvernement du Québec, les représentants du secteur horticole et l’ensemble des parties prenantes.

Mais ce qui tient le plus à cœur à la fédération est qu’un centre d’expertise en végétalisation et en infrastructures végétalisées soit créé afin d’y centraliser la connaissance dans ce domaine. La Société québécoise des infrastructures pourrait d’ailleurs s’y référer puisque Québec Vert souhaite qu’elle désigne des responsables pour s’assurer de la mise en place d’initiatives de végétalisation dans les projets d’infrastructures publiques sous sa responsabilité. « Ce centre d’expertise pourrait permettre au Québec de se positionner comme un leader international de la végétalisation », a déclaré Luce Daigneault. Elle est enthousiaste d’élaborer, au cours des prochains mois, la forme que pourrait prendre ce centre.

Bonification et sensibilisation

Les deux autres axes concernent la bonification de ce qui a déjà été mis en place par le gouvernement et la sensibilisation de la société, car les individus ont aussi un rôle à jouer, selon Mme Daigneault.

Pour le volet gouvernemental, Québec Vert désire que, lors de la prochaine mise à jour du plan de mise en œuvre du Plan pour une économie verte, plus de mesures spécifiques à la végétalisation soient prévues qui pourraient être soutenues notamment via le Fonds d’électrification et de changements climatiques. La fédération souhaite aussi que le plan de mise en œuvre de la Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire soit actualisé afin de faire une promotion plus active de la végétalisation urbaine et périurbaine.

Pour le volet individuel, il est recommandé de faciliter la reconnaissance des végétaux produits au Québec pour les consommateurs par l’établissement d’une nouvelle marque de certification spécifique au secteur de l’horticulture. La mise sur pied d’une campagne de sensibilisation nationale ayant pour but d’informer la société des bienfaits de la végétalisation afin de la mobiliser à favoriser le déploiement d’initiatives en la matière est aussi proposée.

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