Pour être allé prêter main-forte à sa conjointe désemparée à une clinique vétérinaire et avoir entraîné trois collègues à sa suite, un chef d’équipe, tout comme deux autres employés, a été suspendu sans solde entre 5 à 10 jours. Un autre employé, qui en serait à une récidive, a quant à lui été congédié.
Ces sanctions ont été entérinées deux fois plutôt qu’une par le conseil municipal de Saint-Hyacinthe. Cette histoire s’est invitée une première fois à la séance publique du 7 octobre lorsque les élus ont eu à adopter quatre résolutions confirmant les mesures disciplinaires, dont la fin d’emploi d’un des employés ayant suivi les instructions du chef d’équipe.
Un proche parent de celui-ci avait d’ailleurs profité de la période de questions pour dénoncer le traitement réservé à l’employé ayant perdu son emploi en déplorant le fait qu’il n’avait pas eu la chance d’être entendu au cours des procédures internes qui ont conduit à son congédiement. Un document qui relate le déroulement des événements, et dont nous avons obtenu copie, a même été déposé auprès du greffier par le citoyen mécontent de la tournure des événements.
Cette démarche n’a pas semblé émouvoir le conseil. Le conseiller André Arpin a demandé de reporter la décision à une prochaine séance afin de pouvoir prendre connaissance de l’ensemble du dossier. Les conseillers David-Olivier Huard et Guylain Coulombe ont appuyé sa demande, mais ils n’ont pu rallier l’ensemble du conseil municipal.
Les mesures disciplinaires ont donc été adoptées à la majorité. « Habituellement, on ne discute pas publiquement du dossier d’un employé. On a posé énormément de questions. C’est un dossier qui n’est pas facile. Il suscite beaucoup d’émotions », a mentionné le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard, en précisant que l’employé visé par le congédiement en était à une récidive.
Ce dossier s’est à nouveau invité à la séance publique du 21 octobre, même s’il ne figurait pas à l’ordre du jour. Profitant de la période de questions, le citoyen qui avait déploré à la séance précédente le traitement réservé aux cols bleus est revenu à la charge.
Le maire Beauregard a alors confirmé que les élus avaient entériné le congédiement et les mesures disciplinaires sans avoir consulté le document relatant la chaîne des événements, mais que leur décision aurait été la même s’ils avaient pu le faire puisque les faits rapportés au préalable aux élus par la direction générale étaient dans l’ensemble identiques à ceux se trouvant dans le document.
Le fil des événements
À partir des informations obtenues de part et d’autre par LE COURRIER, il est possible de refaire le fil des événements.
Ainsi, au matin du 23 septembre, quatre employés de la voirie attendaient qu’une bétonnière arrive sur un chantier routier lorsque le chef d’équipe a reçu un message texte de sa conjointe. Celle-ci se trouvait alors à une clinique vétérinaire de Saint-Hyacinthe, incapable de sortir la dépouille de leur chien labernois de son véhicule.
Le chef d’équipe a alors pris la décision de se rendre à la clinique sur-le-champ pour aider sa conjointe avec son camion de service dans lequel prenaient place trois collègues de travail. Ceux-ci ne sont jamais intervenus dans la situation et n’ont même jamais quitté le véhicule.
En tout et partout, ils se sont absentés du chantier environ vingt minutes. De retour sur le chantier qui se déroulait ce matin-là à l’intersection de la rue Girouard Ouest et de l’avenue Laframboise, ils ont été en mesure de reprendre leur poste avant même l’arrivée de la bétonnière attendue sur place.
Pour ces absences non autorisées, le chef d’équipe et deux employés ont écopé de suspension sans solde variant de 5 à 10 jours et un troisième employé a été congédié.
Le Syndicat canadien de la fonction publique a confirmé au COURRIER qu’une enquête syndicale a été lancée sur cette affaire et qu’un grief a aussi été déposé. On a toutefois refusé de nous accorder une entrevue.
Interpellé par LE COURRIER, l’employé congédié a aussi décliné notre demande d’entrevue. Précisons que l’identité des quatre employés visés par ces mesures disciplinaires n’apparaît pas dans les résolutions du conseil puisqu’il s’agit d’informations à caractère nominatif.