« Je me disais que, pour ce qui était de la scène, j’avais pas mal fait le tour », confie en entrevue celui qui a joué plus de trois mille représentations de Broue et une soixantaine d’autres de La mort d’un commis voyageur dans sa carrière, en plus des 85 dates de sa tournée solo.
« Le producteur qui produisait mon spectacle solo a obtenu les droits de la pièce [Le Père] et m’a proposé le rôle. Au début, j’ai dit que je pensais arrêter de jouer sur scène pour un bout, mais j’ai lu la pièce et j’ai trouvé ça vraiment intéressant. C’est tellement une bonne pièce. C’est touchant, puis il y a des moments où c’est un peu loufoque. Je l’ai lue deux fois et je me suis dit que je ne pouvais pas passer à côté de ça. Je ne l’ai jamais regretté. »
Ce fameux rôle, c’est celui d’André, un ingénieur à la retraite qui se croit encore autonome, mais dont la mémoire commence à lui faire défaut. La maladie d’Alzheimer s’empare de lui, l’entraînant dans une confusion mentale de plus en plus grande qui en fait un danger pour lui-même.
« Quand il a toute sa tête, c’est un homme agréable, mais tout à coup, il devient complètement perdu, désemparé et déboussolé, mentionne Marc Messier. C’est un homme un peu bourgeois, qui a bien gagné sa vie et qui s’intéresse à plusieurs choses, mais à cause de la maladie, il est vraiment réduit et il perd ses moyens. […] Il y a une espèce de fragilité qui est amenée à cause de la maladie. Il est très dans le déni au début, puis à un moment donné, il ne sait plus où il est ni comment il s’appelle. C’est très touchant. »
La mise en scène de cette œuvre de Florian Zeller proposée par Edith Patenaude permet une incursion dans la tête d’André. Le public voit ainsi le monde à travers les yeux du personnage vieillissant.
« À un moment, le décor se modifie et le personnage de sa fille est joué par une autre actrice parce qu’il ne la reconnaît plus. Le décor se dépouille, ce n’est plus du tout ce que c’était au départ. On voit ce que lui voit », relate le comédien.
Dans cette pièce dramatique, le thème de la proche aidance est à l’avant-plan à travers la relation entre André et sa fille, jouée par Catherine Trudeau. Cette dernière fait face à de nombreux dilemmes. « Elle doit se demander si elle doit placer son père dans une institution ou le garder avec elle. Elle a aussi sa vie à vivre et sa vie de couple. C’est tout ça que la pièce vient brasser », souligne Marc Messier.
Finir là où tout a commencé?
On se plaît à le rappeler lorsqu’il passe chez nous : même s’il est originaire de Granby, Marc Messier a fait ses premiers pas sur scène à Saint-Hyacinthe alors qu’il étudiait au Séminaire de Saint- Hyacinthe au début des années 70. Il a aussi fait partie de la toute première cohorte de l’option théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe.
La fin de la tournée de la pièce Le Père, dont la dernière représentation sera donnée au Centre des arts Juliette-Lassonde, marquera-t-elle donc les derniers pas du comédien sur scène là où tout a commencé pour lui?
« J’aime autant ne plus m’avancer là-dessus, lance-t-il au bout du fil. C’est un métier où on dépend beaucoup de ce qu’on nous offre, donc c’est difficile de répondre de façon tranchée. Je n’irai pas jouer sur scène juste pour jouer sur scène, mais si on me propose quelque chose que je ne peux pas refuser, comme ça a été le cas pour la pièce Le Père, sûrement que je reviendrais. Mais je ne le sais pas. Pour l’instant, je finis Le Père et je n’ai pas d’autres projets sur scène. J’ai envie de prendre un temps d’arrêt. »
Ceci dit, son amour pour son métier est toujours aussi grand, assure-t-il. Mais à choisir, il priorisera les tournages à la tournée pour d’éventuels projets.
« C’est un métier que je vais pratiquer tant que j’aurai la santé pour le faire parce que j’adore jouer », conclut-il.
Le Père sera de passage à la salle Desjardins du Centre des arts Juliette-Lassonde le samedi 23 novembre à 20 h. En plus de Marc Messier et de Catherine Trudeau, Adrien Bletton, Sofia Blondin, Fayolle Jean Jr et Joannie Lehoux font partie de la distribution.