Déjà quand l’homme de 74 ans a pris place dans le box des accusés et que le juge Christian Jarry a officialisé sa peine, des victimes se sont levées, ont poussé des cris de joie, ont applaudi et se sont tapées dans les mains.
« Je ne pensais pas être satisfaite de la peine de cinq ans, mais je le suis. L’important, c’était qu’il prenne le chemin de la prison et qu’il soit inscrit au registre des délinquants sexuels pour 10 ans », a déclaré une victime soulagée que toute cette histoire soit derrière elle.
« C’est une belle conclusion après six ans d’attente et une vie à subir les séquelles de cela. Je suis contente que la communauté puisse comprendre le message », a affirmé une autre.
« C’est un soulagement. Je peux enfin boucler la boucle. Je suis contente aussi qu’il ne puisse plus être en contact avec des enfants. J’espère que cela encouragera d’autres victimes à se manifester. Elles ne doivent pas avoir peur de dénoncer », a renchéri une autre victime.
Des gestes abjects et répugnants
Ces victimes ont été marquées au fer rouge par les attouchements sexuels que leur a fait subir Robineau directement entre les murs d’écoles maskoutaines dans les années 1970 et 1980 alors qu’elles n’avaient que 8 à 11 ans. Le juge Jarry a déploré dans son jugement qu’elles n’aient pas pu aller à l’école avec toute la naïveté qu’elles étaient censées avoir, une naïveté qu’il a jugée inestimable. Il a qualifié d’abject le fait qu’elle leur ait été ôtée. « Abuser de jeunes élèves dans une école est particulièrement répugnant », a-t-il lancé, soulignant que cet élément avait pesé lourd dans son analyse. « Les parents doivent avoir l’esprit tranquille quand ils envoient leurs enfants à l’école », a-t-il déclaré.
Il a qualifié de mollasse la façon dont le milieu scolaire a géré la situation. Rappelons que Robineau n’avait pas été démis de ses fonctions après avoir fait des aveux au directeur de l’école Saint-Thomas-d’Aquin à l’époque.
Selon le juge, le fait que les attouchements se soient produits des dizaines de fois sur plusieurs années et que plusieurs victimes avaient réalisé dès leur jeune âge que les gestes de Robineau étaient inappropriés justifiait tout autant une telle peine. Le nombre de victimes et leur âge, leur écart d’âge avec l’enseignant, qui avait près de 30 ans à ce moment, le fait qu’il ait abusé de leur confiance et de son autorité sont autant de facteurs aggravants. Le juge a rappelé à quel point les victimes ont subi des séquelles graves des gestes posés à leur égard comme la honte, la faible estime de soi et la difficulté à faire confiance.
Au final, Robineau a reçu une peine de 73 mois, mais elle a été réduite à 60 mois en raison de deux fouilles à nu inappropriées lors de son arrestation et d’un délai de 30 heures avant sa comparution. Il doit aussi s’abstenir à perpétuité de travailler ou de faire du bénévolat dans des endroits où il pourrait être en contact avec des jeunes de 16 ans et moins. Il ne pourra pas non plus fréquenter pendant 10 ans les lieux publics où des jeunes pourraient se trouver . Bien évidemment, tout contact avec ses anciennes victimes lui est interdit.