Puis, j’arrive à Saint-Barnabé, devant cet ancien dépanneur/station-service et bam! Les affiches proclamant « Saint-Barnabé, ville la plus raciste au MONDE » avec croix gammées et photos de Kim Jong-un faisant le salut nazi me sautent au visage. (Le propriétaire de l’immeuble, en litige avec la Municipalité, invoque la liberté d’expression pour montrer publiquement son mécontentement avec les images les plus choquantes, et même les injonctions n’ont pas réussi à les lui faire enlever.)
Mes mains se crispent sur le volant devant la provocation. Je sens même mon coeur se refroidir. Mais à quoi s’attend l’exubérant belliqueux, sinon qu’à plus de haine, ce poison qui se nourrit de luimême? Pas de bon sens! que je me dis. Faut faire quelque chose, me répondis-je. Oui, mais quoi? me demandais-je en choeur. Me voilà à rêver, la nuit venue, de me glisser masqué à Saint-Barnabé pour cibler les irascibles affiches de ma main armée… de p’tits coeurs roses et d’en mettre partout. Et d’imaginer le type le lendemain, découvrant ses affiches recouvertes d’AMOUR, seul antidote connu contre la haine, choisissant de simplement les enlever. De ne pas en rajouter.
Je sais que ça ne marche pas comme ça. Que si c’était si simple, la haine aurait disparu depuis longtemps, mais des fois, je me dis que pour empêcher que l’hiver ne raidisse nos coeurs, pas le choix, faut être des gros soleils.