12 Décembre 2024 - 03:00
Secteur public
Signes d’austérité
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

Les compressions sont partout et bien visibles en ce moment dans le réseau de la santé et en éducation, même si, oh! surprise, les grandes centrales et le gouvernement Legault ne s’entendent pas sur la nature exacte de la chose.

Les syndicats dénoncent ce qu’ils considèrent être le grand retour de l’austérité, tandis que les ministres et députés de la Coalition avenir Québec préfèrent parler de rigueur budgétaire, un mot qui sonne moins négatif à l’oreille, pour imposer aux organisations le respect du cadre budgétaire établi.

Mais sur le plancher des vaches, l’austérité des uns et la rigueur des autres se traduisent pourtant de la même façon : par des compressions budgétaires, un passage obligé, il va sans dire, quand on sait que Québec doit composer avec un déficit historique de 11 milliards (G) de dollars.

Seulement dans le secteur de la santé, Québec cible une coupure de 1,5 G$. Pour le Centre de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est, qui anticipait un déficit de 77 M$ au terme de son année financière en avril, la commande est costaude. Il vient donc de suspendre l’affichage de 200 postes et il réévalue la pertinence de pourvoir 129 postes vacants. Il est difficile, voire impossible, de croire qu’on réussira le tour de force de résorber le déficit sans affecter les services. À moins de croire au père Noël.

En éducation et au niveau collégial, Québec a déjà passé les budgets d’investissements au peigne fin, pour s’en tenir à l’essentiel. Le Cégep de Saint-Hyacinthe doit remettre des investissements à plus tard ou les étaler dans le temps, dont la rénovation de la piscine et l’agrandissement de la clinique d’hygiène dentaire. Le président du conseil d’administration du Cégep, Joseph Noumbissi, a même cru pertinent d’ajouter son nom au bas d’une lettre commune des présidentes et présidents de cégeps dans laquelle tout ce beau monde partage son inquiétude face aux récentes décisions gouvernementales qui menaceraient l’autonomie de ces établissements.

Ces grands bénévoles disent prendre des décisions éclairées pour une saine gestion de leurs établissements. Ceux qui ont pris la peine de lire le récent rapport d’enquête commandé par le ministère de l’Enseignement supérieur sur l’administration et la gouvernance du Cégep de Saint-Hyacinthe ne pourront que s’esclaffer en pensant à la saine gestion et aux menaces gouvernementales à l’autonomie des cégeps.

Quand je souligne d’entrée de jeu que les compressions sont partout, je ne devrais pourtant pas généraliser. S’il y a bien un endroit où elles semblent assez rares, merci, c’est à l’Hôtel de Ville de Saint-Hyacinthe. Hâte de voir si le prochain budget me fera mentir, mais on ne sent pas tellement que les employés municipaux font plus avec moins et qu’on coupe partout.

Les hauts fonctionnaires viennent d’ailleurs de voir leurs allocations mensuelles augmenter de 16 %, après avoir bénéficié d’un rattrapage salarial de 14 % et d’une indexation annuelle de 2,25 % en janvier dernier. Au niveau des conditions de travail, les employés et les cadres municipaux vivent dans un monde à part.

Vendredi, le chroniqueur économique du Journal de Montréal, Michel Girard, y allait de son analyse annuelle de l’étude Rémunération des salariés – État et évolution comparés 2024 effectuée par l’Institut de la statistique du Québec. Le titre de son papier ne laisse place à aucune interprétation : « Les employés municipaux, une classe privilégiée ».

Sa démonstration est assez éloquente. Les fonctionnaires municipaux des villes de 25 000 habitants et plus bénéficient d’une rémunération globale (salaires, avantages sociaux, régimes de retraite) qui surpasse de 28,2 % celle des fonctionnaires provinciaux. Comparativement à la rémunération globale payée dans le secteur privé, les employés municipaux gagnent 19,2 % de plus que les salariés syndiqués du privé et 35,8 % de plus que les non-syndiqués.

Vraiment, l’austérité municipale à Saint-Hyacinthe, je n’en vois pas la couleur. Il faudra plus que de couper un poste de conseiller pour m’en convaincre.

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