Le problème, c’est que François Legault a raison, et ce n’est pas que pour une question de prière. L’espace public constitue aussi un terreau fertile pour le prosélytisme et le harcèlement religieux. Je le vis régulièrement ici, à Saint-Hyacinthe, quand je sors de chez moi. Pas moyen d’aller se chercher un sushi à l’épicerie sans que deux personnes m’abordent pour me demander si je crois en Dieu et si je désire aller à l’église. Ça m’est arrivé encore dimanche dernier. Toujours les deux mêmes gars qui me reposent la même question, car ils ne se souviennent pas de ma réponse la première fois qu’ils me l’ont posée.
Ça commence par le droit de prier en public et ça finit par du harcèlement de rue. Peut-être que M. Vanasse n’a jamais vécu dans un pays comme les États-Unis où la liberté d’expression s’étend au harcèlement dans les transports publics et les divers commerces. On y voit, dans beaucoup d’endroits comme les campus universitaires, des prédicateurs à la gomme qui vous disent que vous irez en enfer si vous êtes gai ou si vous avez des relations en dehors du mariage.
Le problème ne concerne pas une religion en particulier. Ce genre de comportement n’a pas sa place dans l’espace public et s’il faut modifier les chartes pour le faire valoir, exigeons un référendum pour amender la constitution. Je comprends que le billet de M. Vanasse se veut léger et humoristique, mais son ton fait un peu dans la démagogie.
L’espace public appartient à tous et non pas à un groupe en particulier. La rue n’est pas un espace de prosélytisme improvisé sur le tas. Même pour y vendre de la limonade vous devez posséder un permis. Les citoyens ont le droit d’y circuler sans être harcelés par des groupes religieux en quête d’adeptes. Même les Témoins de Jehovah ne cognent plus aux portes de nos jours.
M. Vanasse dit : « Occupons-nous plutôt des vrais problèmes, faisons respecter la laïcité dans les écoles et tiens, pourquoi pas cesser de subventionner les établissements d’enseignement religieux un coup parti, histoire d’être logique. »
Je suis bien d’accord, mais la laïcité va bien au-delà de ce qui est visé par notre beaucoup trop modeste loi 21. Les adeptes des religions sont comparables à des vendeurs de limonade sans permis. Il faut des balises! On pourrait peut-être, M. Vanasse et moi, en discuter en dégustant un bon sushi.
Jean-François Bérubé, Saint-Hyacinthe