26 Décembre 2024 - 03:00
Quel avenir pour nos églises?
Par: Sarah-Eve Charland
L’église de Saint-Dominique sera mise en vente. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’église de Saint-Dominique sera mise en vente. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Au cours des dernières années, plusieurs églises de la région ont été vendues. Cela a été le cas à Saint-Marcel-de-Richelieu, à Saint-Louis et à Saint-Hyacinthe. Le phénomène pourrait se poursuivre, voire s’accélérer, alors que plusieurs se retrouvent devant un grand dilemme : vendre ou investir. LE COURRIER a fait l’exercice de dresser un portrait de la situation.

L’an dernier, le Diocèse de Saint-Hyacinthe a demandé aux différentes paroisses de réaliser un carnet de santé afin d’évaluer les travaux à réaliser et les coûts dans les différentes églises du territoire. À l’heure actuelle, la plupart des bilans de santé ont été réalisés.

« C’est à chaque paroisse d’évaluer les prochaines étapes. Ce n’est pas au Diocèse de se prononcer. On est attentifs aux questions. Les paroisses sont invitées à présenter leur rapport au Diocèse pour une saine surveillance. Le Diocèse a des orientations plutôt vagues. On sait à peu près ce dont on aurait besoin, mais l’évêque n’est pas ce type de gestionnaire à décider quelles églises vont fermer ou pas », affirme le vicaire général, Serge Pelletier.

Le rôle du Diocèse consiste davantage à amener les paroisses à évaluer la faisabilité des travaux. « Certains ont 200 000 $ dans leur compte en banque. Sur le coup, ça peut paraître beaucoup, mais si tu fais des déficits de 20 000 $ par année, ce sera dépensé dans 10 ans. L’émotion est très présente. Notre rôle, c’est de les aider à voir la réalité », ajoute-t-il.

Il faut se rendre à l’évidence, poursuit-il, il y a trop d’églises pour le nombre de pratiquants. Il estime que près de 7 % de la population dite chrétienne est pratiquante. « Les paroisses croient que, s’il n’y a plus de clocher, elles ne seront plus visibles. On a des clochers, mais on a tout de même des églises vides. Ce qui fait la différence, ce sont les chrétiens. Les vrais témoins, ce sont nous », assure Serge Pelletier.

À Saint-Dominique, la Paroisse n’a pas eu besoin de réaliser un carnet de santé pour prendre sa décision. Elle ne connaît pas l’ampleur des travaux, mais elle se doute que les coûts seront trop élevés pour une organisation qui n’a pas accès à des subventions. L’église sera donc mise en vente incessamment. La Paroisse avait notamment vendu son presbytère l’an dernier.

La paroisse Sainte-Hélène en est venue à la conclusion qu’elle ne pouvait plus entretenir son église seulement avec les revenus des célébrations et de la dîme. Selon le carnet de santé, la mise à niveau du bâtiment est évaluée à 1 M$ étalés sur une période de dix ans. La Paroisse a tenu une consultation publique et un sondage en mai dernier pour prendre le pouls de la population. Sans surprise, la population tient au bâtiment, mais n’est pas prête à y investir.

« On se dirige donc vers une version hybride. On est en discussion avec des hommes d’affaires de Sainte-Hélène-de-Bagot. L’important, c’est que le bâtiment conserve une vocation communautaire. C’est ma vision. On va essayer de tirer le meilleur de ce bâtiment », soutient le président de la Paroisse, Christian Couet-Lannes.

À Saint-Hyacinthe

Des rumeurs circulent depuis plus d’un an sur l’avenir de l’église de Saint- Thomas-d’Aquin à Saint-Hyacinthe. Le curé Guy Pelletier, qui prêche pour toutes les églises de Saint-Hyacinthe, confirme qu’une offre d’achat a été signée pour ce bâtiment. Plusieurs facteurs ont influencé cette décision, dont la situation financière, la participation des catholiques et l’emplacement du bâtiment qui est loin d’être stratégique.

Un promoteur, dont l’identité n’a pas été dévoilée, est intéressé à acheter l’immeuble. La Paroisse Notre-Dame-du-Rosaire est à effectuer des vérifications, notamment en lien avec les sépultures qui se retrouveraient peut-être en dessous de l’église. Pour le moment, le curé n’était pas en mesure de se prononcer sur un délai.

L’église Saint-Joseph célébrera pour sa part sa dernière messe le 29 décembre à 10 h 30. Le bâtiment a été acheté par la Ville de Saint-Hyacinthe pour y construire une école primaire. Dynamique, la Paroisse Saint-Joseph avait vu la participation de ses paroissiens augmenter au cours des dernières années. Elle demeurera entière et utilisera les installations de l’église Sainte-Eugénie pour poursuivre ses activités.

Même si des promoteurs se sont montrés intéressés à acheter l’église Sainte-Eugénie, cela n’arrivera pas, assure le curé. Elle est en bon état, est facile à entretenir, a un grand stationnement et un sous-sol. Elle a tous les avantages. La Paroisse de Sainte-Rosalie, qui s’occupe aussi de l’église de l’Assomption- de-Notre-Dame, et la Paroisse du Précieux-Sang-de-Notre-Seigneur-Jésus-Christ réfléchissent toutes deux à l’avenir de leurs bâtiments. Rien n’a été décidé de leur côté.

Cédées à des municipalités

D’autres paroisses ont conclu des ententes avec les municipalités. L’église de Saint-Marcel-de-Richelieu a célébré sa dernière messe en octobre. Le bâtiment a été donné gratuitement à la Municipalité à condition qu’il soit utilisé à des fins de salle communautaire aux services des citoyens. Le Diocèse peut aussi y pratiquer certaines célébrations, dont les messes de Pâques et de Noël, ainsi que des cérémonies pour des citoyens pour une période de 10 ans.

La Paroisse de Saint-Bernard-de-Michaudville prévoit également de céder gratuitement son église à la Municipalité. La dernière messe y a été célébrée le 6 septembre. Pour la présidente de la Paroisse, il s’agit de la suite logique des choses puisque l’église était surtout utilisée comme salle communautaire depuis plusieurs années. La transaction n’a pas encore été notariée.

Des discussions ont aussi été lancées du côté de Saint-Liboire depuis plus d’un an pour vendre l’église à la Municipalité en raison de la difficulté à générer des revenus. Un comité a d’ailleurs été formé pour trouver une deuxième vie au bâtiment.

La Municipalité de Saint-Barnabé-Sud avait aussi mis la main gratuitement sur l’église Saint-Barnabé au début de l’année 2024. L’immeuble est dédié aux activités municipales et communautaires.

Au moment de mettre sous presse, les paroisses de Saint-Pie et de Saint-Damase n’avaient pas retourné nos appels. La paroisse de Sainte-Madeleine a répondu au COURRIER qu’elle n’était pas rendue au même point que les autres paroisses, sans préciser les étapes qui avaient été franchies.

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