26 Décembre 2024 - 03:00
Nos églises à la croisée des chemins
Il est (bien) foutu le temps des cathédrales
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

C’est une histoire qui a pour lieu; Saint-Hyacinthe la jolie; En l’an de Dieu deux mille vingt-quatre; Histoire de religion et de déclin... Il est foutu le temps des cathédrales et des églises; La foule des barbares et des promoteurs immobiliers; Est aux portes de nos villes.

Pardonnez mon effronterie, car j’ai modifié librement les paroles de cette chanson de Bruno Pelletier, Luc Plamondon et Richard Cocciante, « Le temps des cathédrales ». Je me suis autorisé cet emprunt et ces ajouts à la comédie musicale Notre-Dame de Paris, ce qui est drôlement d’actualité en plus.

Pendant qu’à Montréal et ailleurs au Québec, on semble s’inquiéter de la disparition des patinoires extérieures et des anneaux de glace, c’est du moins ce que nous apprenait La Presse en fin de semaine dernière, à travers le diocèse de Saint-Hyacinthe, c’est le sort des paroisses et des églises qui retient l’attention du COURRIER en cette fin d’année.

La disparition semble s’être accélérée et cela ne semble pas émouvoir grand-monde, du moins pour l’instant. Les communautés sont plus rapides à s’organiser et à lancer des pétitions quand c’est Desjardins qui menace de retirer son guichet automatique ou qui le fait sans même avoir recours à la menace.

Cela en dit long sur nos valeurs, nos préoccupations et la place qu’occupe désormais la religion catholique dans nos vies personnelles et en tant que collectivité. On a sorti la religion de la vie publique et des écoles, à quelques exceptions près si on se fie à l’actualité des dernières semaines, et on s’apprête ici et là dans notre diocèse à reconvertir, à vendre ou à démolir les églises paroissiales, derniers vestiges et signes ostentatoires d’une autre époque. Curieusement, on croit comprendre que c’est de l’Évêché, dans un élan de réalisme, qu’est venu l’ordre aux paroisses d’examiner leurs finances à court, moyen et long terme et de faire les choix qui s’imposent. Vous avez une bonne idée de l’état d’avancement de ces travaux à l’intérieur de cette édition.

À Saint-Hyacinthe, la dernière messe sera dite ce dimanche 29 décembre à l’église Saint-Joseph, sur la rue Saint-Pierre. Une page d’histoire se tourne, une autre avec la vente de cet immeuble à la Ville de Saint-Hyacinthe. L’église sera ensuite vidée et démolie pour laisser place à une école ou deux, on ne sait pas encore avec précision. Suivra peut-être l’église de Saint-Thomas-d’Aquin où une offre d’achat aurait été acceptée par la Fabrique. Il y a plusieurs mois déjà que l’on s’interroge sur le sort de cette église. C’est bien mystérieux pour rien si vous voulez mon avis. Bref, il semble que son sort soit scellé. Tout porte à croire que, là encore, le pic des démolisseurs attirera davantage de curieux que la messe de minuit, qui débute habituellement sur le coup de 23 h. Il n’y en avait aucune dans cette paroisse, à peine deux cette année à Saint-Hyacinthe, soit à la cathédrale et à Douville.

C’est représentatif du sort qui attend les églises de Saint-Hyacinthe. Des regroupements de fidèles forcés pour des célébrations en nombre limitées, faute d’une part d’intérêt et aussi de relève parmi les célébrants. Il n’est plus utopique de penser que d’ici quoi, cinq ans peut-être, l’Église vivante de Saint-Hyacinthe ne pourra compter que sur la cathédrale et une seule autre église, parions sur Sainte-Eugénie de Douville, pour tenir ses célébrations.

À défaut de se réunir sous un même toit, les fidèles pourront se rassembler sur Teams ou suivre la messe sur Facebook. C’est d’ailleurs là que j’ai pu prendre connaissance des Vœux de Noël et du Nouvel An de Mgr Christian Rodembourg, à défaut de pouvoir les lire dans LE COURRIER comme autrefois. J’ignore si c’est un signe d’évangile, mais c’est clairement un autre signe des temps qui changent. Voilà donc pour l’avenir de nos églises. Pour ceux et celles qui ont d’autres priorités, sachez que la patinoire extérieure des Loisirs Douville est ouverte.

Amen et bonne année!

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