16 janvier 2025 - 03:00
Un organisme de défense des juifs se rend à Saint-Barnabé-Sud
« C’est détestable, abominable »
Par: Sarah-Eve Charland
Le directeur régional pour le Québec de B’nai Brith Canada, Henry Topas, s’est rendu à Saint-Barnabé-Sud pour dénoncer l’affichage haineux et s’entretenir avec la journaliste du Courrier de Saint-Hyacinthe. Photo Adam Bolestridge | Le Courrier ©

Le directeur régional pour le Québec de B’nai Brith Canada, Henry Topas, s’est rendu à Saint-Barnabé-Sud pour dénoncer l’affichage haineux et s’entretenir avec la journaliste du Courrier de Saint-Hyacinthe. Photo Adam Bolestridge | Le Courrier ©

L’organisme de défense des juifs B’nai Brith Canada s’est rendu à Saint-Barnabé-Sud pour dénoncer l’affichage haineux mettant en évidence la croix gammée depuis plusieurs mois déjà. En plus d’apporter son soutien à la Municipalité qui se bat devant les tribunaux pour retirer l’affichage, l’organisme a lancé une pétition visant à demander aux gouvernements d’imposer une loi interdisant l’affichage public des symboles et de l’iconographie nazis.

Le directeur régional pour le Québec de B’nai Brith Canada, Henry Topas, a rencontré la directrice générale de la Municipalité, hier matin, à l’hôtel de ville à quelques pas de la maison du citoyen Yahia Meddah, qui crie à l’intimidation et au racisme.

« Mon père et mon oncle sont les seuls survivants de notre famille en Pologne. Tous les autres ont été tués par les nazis. Il y a des Canadiens, peut-être même de ce village, qui ont servi et qui ont fait le sacrifice suprême pour combattre ce genre d’image. L’iconographie nazie, c’est détestable, abominable et c’est un affront aux citoyens. Il faut être conscient que tous les actes qui tirent sur le [tissu social] contribuent à détruire tout ce que les citoyens ont essayé de bâtir comme société de génération en génération », dénonce-t-il.

Ce dernier n’avait pas vu la nouvelle circuler l’été dernier. Ce n’est que tout récemment qu’il a été mis au courant lorsqu’un automobiliste passant à cet endroit sur une base quotidienne a porté plainte. Quelques jours plus tard, l’organisation a lancé la pétition qui demande l’interdiction de l’utilisation de la croix gammée nazie et tous les symboles nazis. Selon B’nai Brith Canada, 18 pays ont déjà pris des mesures pour interdire ces symboles.

« La Municipalité a fait tout ce qu’elle pouvait dans le cadre des moyens municipaux. De notre côté, on a une voix nationale, que la Municipalité n’a peut-être pas », soutient-il.

Alors que M. Topas se prêtait à une séance de photographie pour un autre média, des membres de la famille de M. Meddah sont sortis pour l’interpeller. Le photographe a entamé une conversation d’une voix ferme avec les résidents. Questionnés à savoir pourquoi ils utilisaient le symbole haineux, ils ont répondu qu’ils vivaient de l’intimidation et « qu’ils allaient arrêter lorsque la Ville allait arrêter de les harceler ».

Même si le dialogue demeurait respectueux, la Sûreté du Québec est alors intervenue afin de s’assurer que la situation ne s’envenime pas. Elle a demandé à M. Topas et au photographe de s’éloigner. « Je ne me suis pas présenté aux personnes qui sont sorties de la maison. Elles ne savaient donc pas mes origines. Ça s’est tout même bien passé. Ils ont surtout discuté avec le photographe », commente M. Topas, ne semblant pas être ébranlé par l’altercation.

Contraire à une ordonnance du tribunal

Rappelons que le résident Yahia Meddah avait installé des affiches haineuses sur sa maison en bordure du rang Saint-Amable à Saint-Barnabé-Sud l’été dernier. Les affiches avaient été retirées pendant quelques mois avant d’être réinstallées en novembre. Il avait profité de la fin d’une injonction provisoire pour remettre ses affiches.

Quelques semaines plus tard, l’injonction provisoire a été prolongée par la Cour supérieure jusqu’au jugement d’une injonction permanente ou au maximum le 23 mai 2025. La Cour a ordonné à M. Meddah de cesser et de s’abstenir de tenir des accusations diffamatoires en lien avec le régime nazi ou toute association avec un régime dictatorial.

La Municipalité a alors envoyé une mise en demeure au citoyen afin de l’aviser du jugement et de lui demander de retirer l’affichage. Au moment de mettre sous presse, la maison arborait encore les affiches. Une audience est planifiée ce 16 janvier, au palais de justice de Saint-Hyacinthe, pour outrage au tribunal.

La directrice générale de Saint- Barnabé-Sud, Linda Normandeau, a préféré s’abstenir de commenter l’événement étant donné l’audience de vendredi.

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