« C’est mon gars qui a mis les affiches. Je lui ai dit que s’il faisait ça, il allait me causer des problèmes, mais il est majeur. Pourquoi [le dossier] se ramène à moi? Le mensonge est maintenant accepté au tribunal?[…] Je n’ai pas peur de toi ou de la juge. Si c’était moi, je ne me cacherais pas », a-t-il dit durant son témoignage en répondant aux questions de l’avocat représentant la Municipalité.
Son témoignage s’est avéré musclé. Au lieu de répondre aux questions des avocats, il a préféré faire un historique de son histoire en lançant différentes allégations. La juge Chantal Lamarche lui a demandé à plusieurs reprises de se calmer et de simplement répondre aux questions.
Selon sa version des faits, il n’a pas pu participer à l’audience du 15 novembre, lorsque la Cour supérieure a prolongé une injonction, à cause de son travail de camionneur. L’injonction ordonnait à Yahia Meddah de cesser et de s’abstenir de tenir des accusations diffamatoires en lien avec le régime nazi ou toute association avec un régime dictatorial. Cela incluait le recours à un affichage haineux et la publication d’un site Internet. Il n’aurait été informé du jugement qu’un mois plus tard, s’est-il défendu. À ce moment-là, la Municipalité avait déjà entamé des procédures légales pour faire respecter le jugement.
Me Anthony Delisle, qui représente la Municipalié, a interrogé M. Meddah sur des propos qu’il a tenus dans des audiences précédentes liées à ce dossier, alors qu’il était sous serment, et sur des propos cités dans nos pages. Dans les deux cas, il a souligné que les déclarations rapportées étaient fausses.
Toujours selon son témoignage, c’est son fils Oussama Meddah qui a installé les affiches la veille de l’audience en novembre, ce qui serait une simple coïncidence. Le jeune adulte affirme avoir réagi de la sorte parce que des inconnus ont fait des actes de vandalisme sur une voiture appartenant à un membre de la famille. Il affirme aussi être l’auteur du site Internet où on retrouve différentes allégations indiquant que la Municipalité est raciste.
Est-ce que vous étiez au courant qu’il y avait une ordonnance? a questionné Me Anthony Delisle. « Je ne connais pas le dossier. Je ne pourrais même pas dire la définition d’une ordonnance », a répondu le jeune adulte.
La directrice générale de la Municipalité, Linda Normandeau, et l’inspecteur municipal, Francis Grégoire, ont aussi témoigné. « J’observais une certaine intolérance sociale, a noté Mme Normandeau. Les gens se révoltaient d’être traités de racistes. Ils étaient en colère. J’ai été mise au courant qu’il y avait eu des gestes de vandalisme. La Municipalité n’endosse aucunement les actes de vandalisme. On a publié un communiqué pour faire un appel au calme. »
La juge a choisi de prendre la décision en délibéré. Les deux partis n’ont pas argumenté sur une possible sentence dans le cas où un verdict de culpabilité serait rendu.
Une pétition
Rappelons que l’organisme de défense des juifs B’nai Brith s’est rendu à Saint-Barnabé-Sud la semaine dernière pour dénoncer l’affichage. Le directeur régional pour le Québec, Henry Topas, a écrit à deux ministres fédéraux afin de les sensibiliser à l’idée d’interdire l’affichage public de l’iconographie nazie au Canada. En date du 15 janvier, plus de 7600 personnes avaient signé une pétition lancée par l’organisme.