La population vieillit, la démographie nous l’annonce depuis des dizaines d’années. C’est ce que démontre la pyramide des âges de l’Institut de la statistique du Québec.
Cela a des conséquences en santé : plus on vieillit, plus les risques de maladie augmentent. Donc, cela veut dire plus de rencontres avec les médecins, à leur bureau ou à l’hôpital, à l’urgence, souvent avec transport en ambulance, parfois sur les étages pour des séjours parfois longs ou même prolongés en attente de place en CHSLD. On manque de place dans ces établissements ou dans les Maisons des aînés que le gouvernement voulait construire à grands frais, frais qui ont explosé depuis. On pourrait augmenter les soins à domicile, mais ça semble difficile à réaliser.
Cela a aussi des conséquences sur la main-d’œuvre puisque le nombre de travailleurs qui quittent est de plus en plus élevé, le baby-boom ayant été suivi par le baby-bust. L’immigration peut permettre de remplacer une partie de la main-d’œuvre, mais actuellement, on accueille plus de main-d’œuvre peu qualifiée et moins coûteuse plutôt que d’augmenter la productivité avec des investissements technologiques. C’est ce que démontre une étude de C.D. Howe intitulée « Quality over quantity: How Canada’s immigration system can catch up with its competitors ».
Cette immigration trop forte draine plus de ressources que disponibles et entraîne une demande plus forte que l’offre en santé et en éducation par exemple. Il en résulte des pénuries couplées à une hausse des prix qui rendent de nombreux biens inaccessibles à plusieurs : épicerie et logement (loyers ou propriétés) entre autres.
Couplés à cela, d’autres problèmes suivent. Les entreprises tentent de sous-traiter plusieurs tâches. Le nombre de travailleurs autonomes augmente. Ces travailleurs sont moins bien protégés. Le Code du travail ne permet pas leur syndicalisation ni, donc, la protection des conventions collectives. Les Normes du travail sont aussi plus difficiles à faire appliquer. Plusieurs travailleurs se retrouvent sans vacances régulées ni fonds de pension. Ainsi, quand vient l’âge normal de la retraite, ils ne sont pas préparés et, souvent, doivent travailler encore des années, dans la précarité financière et de santé. À la fin, ils tombent à la charge de l’État.
En éducation, les administrations se plaignent de trois choses : le manque d’enseignants, le manque d’espace et la vétusté de leurs installations. Cela nécessite des investissements en construction ou en rénovation et réparation. La formation du personnel doit être repensée afin de la raccourcir, d’une part, et de l’adapter au bassin potentiel de candidats.
En transport, nous faisons face à la fois à un vaste territoire et à une population clairsemée. Pour les desservir, il faut harmoniser les besoins de transport des marchandises et des personnes. Pour les marchandises, il faut prévoir quelques autoroutes à construire ou reconstruire de manière plus durable et pour lesquelles du péage peut être envisagé, avec réduction fiscale pour les individus et entreprises d’ici. Pour le transport des personnes, le transport en commun et l’autopartage doivent être privilégiés.
Pour les municipalités, on a suggéré la densification. C’est une bonne idée qui ne peut se concevoir dans le vieux modèle d’infrastructures. Plus de monde sur un même espace exige qu’on puisse leur livrer plus d’eau par unité de surface, donc cela signifie plus de volume pour les aqueducs et les canalisations. Semblablement, pour évacuer cette eau souillée, les canalisations doivent être augmentées ainsi que les usines d’épuration. Ajoutons à cela les changements climatiques qui apportent aussi, de façon parfois soudaine, de grands volumes d’eau qui ajoutent aux besoins d’évacuation. Ils amènent aussi des inondations à certains endroits qui nécessitent de dégager des espaces qui ne rapportent plus de taxes.
J’ajoute une note pour le gouvernement du Québec. Les municipalités sont des créatures de Québec qui leur confie certains pouvoirs et tâches. Je ne dis pas responsabilités; un des premiers cours de gestion que j’ai suivis m’a appris qu’on peut déléguer des tâches, mais pas des responsabilités. J’ai trop entendu d’élus du gouvernement répliquer aux élus des municipalités, par exemple, que les problèmes d’aqueduc ou d’égouts étaient de leur responsabilité et qu’ils devaient financer les travaux requis. C’est une erreur de concept et la facture doit revenir à Québec ou Québec doit financer les municipalités adéquatement ou leur donner de nouveaux pouvoirs de taxation.
Denis Poitras, Saint-Hyacinthe