Ces départs ne seraient pas étrangers aux remous provoqués à l’interne par l’arrivée d’un nouveau directeur général, Alain St-Vincent Rioux, en avril dernier, selon les informations recueillies par LE COURRIER.

La vague s’est amorcée avec la démission de l’adjointe administrative Annick Leblanc, en décembre dernier. Début janvier, l’agente à la comptabilité, Raymonde Plamondon, l’a imitée. Le 13 janvier, ce fut au tour de l’agente administrative et réceptionniste, Monic Guérin, en poste depuis une quinzaine d’années, d’annoncer son départ.

Selon les principales concernées, il ne faut pas chercher très loin la raison derrière ces départs successifs au bureau municipal. Elles se sont toutes les trois montrées très critiques à l’égard des changements apportès par le DG.

« Après son arrivée, les façons de travailler ont pas mal changé, a expliqué Raymonde Plamondon, qui a été mairesse du village voisin de Saint-Valérien-de-Milton pendant trois mandats au début des années 2000. Ma tâche de travail s’est considérablement alourdie et le temps me manquait toujours. Je n’étais juste plus capable de gérer ce stress-là. Je n’ai jamais eu de conflit personnel avec M. St-Vincent Rioux, mais nos façons de travailler étaient trop différentes. »

Son ex-collègue Monic Guérin évoque pour sa part un style de gestion aux antipodes de ce qu’elle avait connu depuis les quinze dernières années. « Les dossiers n’avancent pas. Il y a un manque de communication et une absence d’informations dans la gestion des dossiers. En six mois, aucun document n’a été archivé, alors que l’archivage est la base de notre travail. J’aurais aimé rester, mais vu l’ambiance générale, j’ai préféré partir. »

Annick Leblanc parle de son côté d’un sentiment d’inconfort grandissant à l’égard des façons de faire du directeur général. « J’étais assez inconfortable avec sa façon de travailler. Si je lui faisais remarquer que le classement n’était pas bien fait, il me répondait que je m’en faisais pour rien, qu’il était dans le monde municipal depuis 30 ans. On aurait dit qu’il savait tout sur tout, mais au quotidien, je regrette, ce n’est pas ce qu’on voyait. »

Le maire interpellé

Ce n’est pas d’hier que le malaise perdure au bureau municipal. Environ un mois après l’embauche de M. St-Vincent Rioux, les trois employées ont rencontré le maire Yves Winter pour discuter de la situation. Sans grand résultat, déplorent-elles aujourd’hui.

Joint par LE COURRIER, M. Winter confirme avoir rencontré les conseillers municipaux pour discuter de la situation. Il aurait également demandé à son directeur général d’améliorer certaines choses.

« Je pense que le maire a voulu laisser le temps au DG de faire ses preuves. Les élus n’ont pas été très proactifs. On nous a écoutées, mais rien n’a été fait concrètement pour corriger le tir », constate Mme Leblanc.

Si le maire dit regretter ces trois démissions, il refuse de jeter le blâme sur le directeur général, qui bénéficie toujours « pour le moment du moins » de la confiance du conseil. « Quand il y a des changements à la direction générale, c’est certain que les choses bougent. M. St-Vincent Rioux a apporté de nouvelles façons de faire, et nos employées ont décidé de partir. »

Le DG se défend

En entrevue au journal, Alain St-Vincent Rioux a aussi déploré ces démissions, mais il prétend qu’il n’a rien à se reprocher dans la gestion de la Municipalité, bien qu’il eût aimé que les choses se déroulent différemment.

« En arrivant, c’était plutôt difficile. Comme Municipalité, on a des objectifs à remplir et je voulais que la culture du travail aille dans ce sens. J’ai dû m’adapter à de nouvelles façons de faire et j’ai tout fait pour m’acclimater. J’aurais bien sûr préféré que les choses fonctionnent, mais ça n’a tout simplement pas collé. Il y a eu un choc de culture », considère-t-il avec le recul.

Il mentionne que la Municipalité a récemment mandaté une firme en ressources humaines, via un programme de la Fédération québécoise des municipalités, pour entreprendre un diagnostic organisationnel et vérifier si la Municipalité emploie suffisamment de personnel.

La bougeotte

Selon nos recherches, Alain St-Vincent Rioux évolue dans le milieu municipal depuis une trentaine d’années. Il a occupé diverses fonctions dans de nombreuses municipalités. Depuis 2022, il a occupé des postes de direction dans pas moins de six municipalités, soit à Saint-Liboire, Compton, Lambton, Saint- Ferdinand, Disraeli et Saint-Lucien. Auparavant, il a aussi œuvré pour les municipalités de Saint-Zénon, Saint-Alphonse-Rodriguez et Windsor.

Ce parcours mouvementé lui a permis d’enrichir ses expériences, dit-il. « J’ai pu retenir les meilleures façons de faire. C’est une richesse que j’ai acquise. »

Celui qui occupe également le poste de greffier-trésorier de sa Municipalité a bon espoir de voir les turbulences se calmer. La Municipalité a récemment procédé à des embauches afin de pourvoir les postes vacants, même si l’organigramme de la Municipalité n’a pas encore été modifié sur son site Web. « Nous avons engagé du personnel, on se fait aider par une ancienne directrice générale. On se débrouille. Les comptes de taxes doivent être envoyés aux propriétaires avant le 28 mars et ce sera fait », assure M. St-Vincent Rioux.