C’est le cas d’Isabelle Eysseric, directrice générale d’Industrie gastronomique Cascajares, entreprise spécialisée dans la préparation de mets sous vide pour les chefs. Originaire d’Espagne, cette entreprise s’est établie dans la région grâce à un partenariat avec Saint-Hyacinthe Technopole. Depuis 2012, son usine est installée dans les locaux de l’organisation. Auparavant, à partir de son implantation dans la région maskoutaine en 2009, elle louait des locaux du Centre de recherche et de développement sur les aliments (CRDA).
« C’est vraiment grâce au rayonnement de la technopole que l’entreprise s’est implantée ici », a-t-elle déclaré. Mme Eysseric est convaincue que les raisons du gouvernement pour refuser la désignation ne tiennent pas la route. Elle croit qu’un manque de fonds pourrait plutôt avoir motivé cette décision. Le Ministère a notamment soutenu que le caractère de la filière ne lui permettait pas de se positionner à l’international et que les innovations prévues ne propulseraient pas nécessairement l’industrie.
« Le domaine agroalimentaire n’est peut-être pas attrayant pour le gouvernement, mais il ne faut pas baisser les bras. Dans la région de Saint-Hyacinthe, il y a une dynamique très forte que je n’ai jamais vue ailleurs et une solidarité qui pousse à innover », a affirmé Mme Eysseric. Elle croit fermement qu’en raison de la crise actuelle avec les États-Unis, il est essentiel de se mobiliser pour que le Canada devienne le plus possible autonome dans l’agroalimentaire. « C’est certain que la désignation aurait permis un rayonnement supplémentaire, la reconnaissance et surtout des fonds. Certains projets ne pourront peut-être pas voir le jour en raison d’un manque de financement, mais on ne peut pas se permettre de tout arrêter. Nous sommes dans un milieu très résilient », a-t-elle conclu.
Du côté de l’Université de Montréal, de qui relève la Faculté de médecine vétérinaire, la déception se fait aussi sentir. « Le projet de zone d’innovation était une occasion pour l’Université de Montréal de contribuer activement aux activités de recherche et d’innovation dans le domaine de l’agroalimentaire au Québec. Étant le plus important écosystème d’innovation agroalimentaire du Québec, et ayant réussi à mobiliser plus de 200 chercheurs sur toute la chaîne de valeurs, nous étions d’avis que la Cité de l’innovation agroalimentaire avait tous les éléments d’une recette gagnante pour le Québec », a déclaré Geneviève O’Meara, conseillère principale des relations avec les médias de l’Université de Montréal.
L’institution d’enseignement ne baissera pas les bras. Elle compte organiser un événement en juin qui réunira ses chercheurs et des partenaires industriels de la Cité. Il aura pour but de soutenir le développement de projets de recherche en partenariat autour des grands enjeux de l’agroalimentaire, dont la salubrité des aliments, l’antibiorésistance, la santé des productions animales, la durabilité alimentaire, la transition numérique des entreprises et les nouveaux procédés de traitements et de transformation.
Bien que l’UPA n’ait pas travaillé sur le dossier de zone d’innovation, Cindy Beaudry, la représentante du syndicat de l’UPA des Maskoutains Nord-Est, déplore également le refus du Ministère. « C’est certain qu’il y aurait eu un impact positif pour les producteurs agricoles d’avoir une zone d’innovation en agroalimentaire à Saint-Hyacinthe. Les agriculteurs de la région sont très innovants et toujours prêts à essayer de nouvelles technologies pour améliorer leurs méthodes de travail et l’impact de ces dernières. Les nouvelles entreprises qui se seraient établies dans la zone auraient également pu créer de nouvelles opportunités de collaboration pour les producteurs », a-t-elle déclaré.