Fille de Jules Vermeersch, un fleuriste belge, et d’Angélina Guertin, Juliette grandit dans une famille de cinq enfants. Elle étudie au couvent de Lorette, chez les Sœurs de la Présentation de Marie, mais doit quitter l’école lorsque les affaires de son père déclinent. Quelques années plus tard, Césaire Vermeersch, le cousin de Juliette, ouvrira à son tour une fleuristerie à Saint-Hyacinthe.
Après avoir quitté sa ville natale, Juliette devient modiste et s’installe à Montréal, où elle rencontre Arthur Pétrie, un meneur de revues burlesques très populaire au Québec au début des années 1920. Le couple se marie le 14 mai 1921, et Juliette commence à travailler avec la troupe de son mari, « Les Poupées françaises ». En 1922, elle devient la première femme au Québec à diriger une troupe de théâtre, codirigeant avec Arthur cette troupe qui connaît alors un grand succès.
Juliette Pétrie est une artiste polyvalente : elle chante, danse la claquette, fabrique les costumes et joue sur scène. La vie de troupe est difficile, surtout durant la crise économique, et la concurrence est féroce avec d’autres troupes comme celles de Jean Grimaldi et d’Olivier Guimond père. Les spectacles incluent des sketches, des numéros de danse et de cirque et des chansons. Parfois, la troupe donne jusqu’à 21 représentations par semaine.
En 1936, Juliette rencontre Rose Ouellette, alias La Poune, dont elle sera la partenaire pendant des décennies, principalement au Théâtre National. Leur style repose sur l’improvisation, un genre exigeant où l’esprit de répartie est essentiel. Juliette et Rose deviennent des icônes du burlesque québécois, partageant la scène avec de grands noms comme Olivier Guimond père et fils, Manda Parent et Paul Desmarteaux.
Durant la guerre, Juliette Pétrie et la Poune se produisent souvent à Saint- Hyacinthe au Théâtre Corona situé sur la rue des Cascades. Dans les années 1950 et 1960, Juliette Pétrie vient également à l’Hôtel Ottawa, tantôt avec la Poune, tantôt avec Léo Rivest, son faire-valoir, ou « straight man » comme on disait dans le milieu.
Juliette Pétrie fait également du cinéma et de la télévision. Au petit écran, elle joue le rôle de la femme du célèbre Père Gédéon (alias Doris Lussier) dans la série En haut de la Pente Douce, une suite du téléroman Les Plouffe de Roger Lemelin. Elle apparaît aussi dans d’autres séries populaires comme Symphorien, Chère Isabelle, Quelle famille! et Chez Denise. Au cinéma, on la retrouve dans Le soleil se lève en retard et Le grand jour.
Malgré une carrière exigeante, Juliette doit aussi faire face à des défis personnels. Quand son mari devient malade, elle doit travailler sans relâche pour subvenir aux besoins d’Arthur et de leur fille unique, Patricia. Juliette continue de se produire sur scène et à la télévision jusqu’à un âge avancé, démontrant une résilience et une passion inébranlables pour son art. En 1977, elle publie sa biographie Quand on revoit tout ça!, où elle raconte les moments marquants de sa carrière.
Juliette Pétrie décède le 13 mars 1995 à Montréal, à l’âge de 95 ans. Elle laisse derrière elle un héritage durable dans le monde du théâtre et du burlesque québécois.
Le 27 février 2003, la Ville de Saint- Hyacinthe honore sa mémoire en nommant une rue à son nom, célébrant ainsi la vie et l’œuvre d’une Maskoutaine qui a marqué l’histoire culturelle du Québec.
Par Martin Ostiguy, membre du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe
