27 mars 2025 - 03:00
Écoles, MRC et Ville de Saint-Hyacinthe
Des dépenses de 385 000 $ chez Amazon l’an dernier
Par: Philippe Lanoix-Meunier | Journaliste de l'Initiative de journalisme local
Les organismes publics de Saint-Hyacinthe ont dépensé pour près de 385 000 $ en ligne sur Amazon l’an dernier. La large part de ces dépenses ont été effectuées par le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe. Photothèque | Le Courrier ©
Les organismes publics de Saint-Hyacinthe ont dépensé pour près de 385 000 $ en ligne sur Amazon l’an dernier. La large part de ces dépenses ont été effectuées par le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe. Photothèque | Le Courrier ©
Les organismes publics de Saint-Hyacinthe sont de bons clients du géant américain de commerce en ligne Amazon. Seulement en 2024, ils ont dépensé pour près de 385 000 $ d’argent public sur cette plateforme, selon un calcul effectué par Le Courrier de Saint-Hyacinthe à partir des informations recueillies ces dernières semaines auprès des instances locales.

Le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSSH) est de loin l’organisme public de la région maskoutaine le plus accro à Amazon.

Selon les chiffres fournis par le CSSSH, les écoles primaires ont dépensé en moyenne 6000 $ sur cette plateforme, en 2024. Ce montant moyen s’élève à 23 000 $ pour les écoles secondaires. Donc, pour l’ensemble des 32 écoles primaires du territoire qui couvre aussi la région d’Acton Vale, cela représente une dépense de 192 000 $ et de 115 000 $ pour les cinq écoles secondaires, pour un total de 307 000 $, en 2024. Aucune donnée n’a été fournie pour l’École professionnelle de Saint- Hyacinthe ou la formation aux adultes.

Le CSSSH précise que la majorité des achats effectués sur Amazon concerne l’achat de matériel électronique et des produits de bureau, du matériel qui profite globalement à ses 4000 employés et 18 000 élèves.

« Le CSSSH ne fait pas exception aux pratiques de la majorité des organisations scolaires qui se sont tournées vers cette plateforme pour réaliser des économies substantielles sur certains articles. Le CSSSH accueille favorablement les nouvelles orientations du gouvernement qui concordent parfaitement avec les récents rappels réalisés auprès des directions d’écoles et de services administratifs », indique le directeur général du CSSSH, Jean-Pierre Bédard.

Ce dernier fait allusion au mot d’ordre donné par le gouvernement Legault à la suite de la décision d’Amazon de mettre une croix sur le Québec et de supprimer quelque 2000 emplois directs en fermant ses différentes installations. Il a annoncé sa volonté de resserrer les règles d’achat sur les plateformes d’achat en ligne, puis donné ce mot d’ordre aux ministères et aux organismes publics,

Ce message a été entendu dans la région de Saint-Hyacinthe puisque plusieurs organismes de la région ont déjà entrepris de réduire leurs achats sur ces plateformes, si ce n’est pas carrément de les boycotter.

La Ville de Saint-Hyacinthe n’a d’ailleurs pas attendu que Québec se positionne dans ce dossier. Les élus ont adopté, lors de la séance municipale du 27 janvier, une résolution afin de mettre fin à ses achats sur la plateforme d’Amazon. Le maire André Beauregard a motivé cette décision par la nécessité d’encourager l’achat local et de soutenir les commerçants de la région.

« Certaines équipes municipales effectuaient des achats sur Amazon, principalement pour des pièces et accessoires informatiques, souvent à des prix compétitifs. Toutefois, cette pratique prend fin maintenant. Pour le conseil municipal et moi-même, l’achat local reste une priorité », disait-il.

En 2024, le nombre de commandes effectuées par la Ville de Saint-Hyacinthe s’était élevé à 132, pour des dépenses totales de 11 504 $.

Le Cégep sensible à l’achat local

Au Cégep de Saint-Hyacinthe, bien qu’on ne boycotte pas complètement l’achat en ligne, on dit aussi être sensible à l’importance d’acheter localement. « Le Cégep est soucieux d’encourager l’achat local lorsque c’est possible. Cette orientation figure d’ailleurs dans notre politique d’acquisition et de disposition de biens et de services », a mentionné la directrice du service des communications et des affaires publiques du collège, Esther Charrette.

Cette dernière affirme que des démarches ont été entreprises auprès des employés afin de les inciter à réduire leurs emplettes chez le géant américain.

« Depuis le printemps dernier, les gestionnaires et les membres du personnel ont été sensibilisés à plusieurs reprises à l’importance de dépenser dans notre région. Ces efforts ont porté des fruits puisque nos dépenses sur Amazon ont chuté de manière importante depuis cet été. […] Le Cégep a bien l’intention de continuer à réduire ses achats sur Amazon », a ajouté Mme Charette.

Pour la deuxième moitié de 2024, les dépenses sur Amazon du Cégep se sont chiffrées à 9855 $, une baisse marquée comparativement aux 34 040 $ dépensés en ligne pour les six premiers mois de 2024. Sur 12 mois, ce sont 43 895 $ que le collège maskoutain a versé à la société fondée par Jeff Bezos.

La MRC délaisse Amazon

À la MRC des Maskoutains, le conseil des maires a décidé à l’unanimité de cesser l’achat de fournitures auprès de la compagnie Amazon lors de sa séance du 12 mars. « Nous allons trouver des alternatives locales répondant à nos besoins pour nos approvisionnements à venir. Cette mesure se veut une réplique à la fermeture des installations de l’entreprise américaine au Québec », a précisé Simon Giard, préfet de la MRC des Maskoutains.

Selon les données fournies au COURRIER par la MRC, elle aurait dépensé un total de 21 811 $ auprès d’Amazon en 2024.

Le CISSSME, c’est zéro

Du côté du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est (CISSSME), on affirme limiter au maximum les achats en ligne.

« Nous privilégions systématiquement l’achat auprès de fournisseurs avec lesquels nous avons des contrats actifs. Par ailleurs, nous n’effectuons aucun achat sur Amazon », a assuré la conseillère en communications au CISSSME, Véronique Darveau.

Rappelons que le géant américain Amazon a annoncé, le 22 janvier, la fermeture de ses sept centres de distribution au Québec, entraînant le licenciement de près de 4700 travailleurs dans la province, en incluant l’impact des fermetures auprès des entreprises de transport qui agissaient en tant que sous-traitants.

Selon plusieurs observateurs, la tentative de syndicalisation de 250 employés à ses installations de Laval aurait poussé l’entreprise à prendre cette décision. En guise de réplique, le gouvernement du Québec avait envoyé à tous les ministères et organismes publics, le 24 février, de nouvelles orientations d’achat du Secrétariat du Conseil du trésor visant à favoriser l’achat de biens québécois et à s’approvisionner auprès de fournisseurs régionaux.

Ajoutons à cela les appels répétés en faveur de l’achat local depuis les menaces de tarifs douaniers proférées par le président américain Donald Trump.

En collaboration avec Sarah-Eve Charland

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