De nombreuses personnes s’étaient déplacées pour connaître la peine qui serait infligée au camionneur Harjot Singh après sept mois d’attente. En plus de sa sentence d’emprisonnement, le résident de l’Ontario de 22 ans ne pourra pas non plus conduire pendant 18 mois et sera en probation pour trois ans.
Rappelons qu’il avait admis en juillet dernier ne pas s’être arrêté pour porter secours aux cinq passagers – un couple et trois enfants – après avoir omis de faire son arrêt obligatoire, causant l’accident. Alors que le couple avait été éjecté de la voiture, il avait poursuivi sa route en rejoignant l’autoroute 20. Il avait été appréhendé par les policiers une douzaine de kilomètres plus loin.
En octobre dernier, après avoir entendu les témoignages et vu les vidéos, l’accusé avait exprimé ses profonds regrets. Il a admis qu’il aurait dû appeler le 911, ce qu’il disait pourtant aux policiers avoir fait. « Je ne voudrais pas que cela arrive à personne », avait-il déclaré.
Réactions
« Je suis contente de passer à autre chose. C’est ce qu’il méritait. Par contre, je ne serai plus jamais la même. Les médecins m’avaient dit que je serais légume et que je ne marcherais plus jamais, mais quand on veut, on peut », a déclaré la mère de famille, Mélissa Thiffault-Renis, à sa sortie du tribunal.
Celle qui a dû être réanimée à deux reprises et plongée dans le coma s’en est sortie miraculeusement après avoir subi une chirurgie au cerveau. Elle conserve toutefois de graves séquelles de l’accident et n’a pas été en mesure de témoigner au cours des procédures. Elle doit aussi composer avec des troubles de la mémoire et des troubles langagiers et cognitifs.
À l’occasion des représentations sur la sentence, en octobre, une personne avait été mandatée pour lire des lettres écrites par les deux parents. « Le 5 juillet 2023, à l’âge de 28 ans, ma vie a complètement changé. Est-ce que les conséquences sur ma santé auraient été moindres si l’accusé s’était arrêté? Je lui en veux de ne pas avoir fait son arrêt obligatoire. Il m’a privé des plaisirs de la vie. Elle ne sera plus jamais la même », avait écrit Mélissa.
Le juge Christian Jarry a insisté sur ce point avant de rendre son jugement. « Aucune sentence ne ramènera la présence joyeuse de Mme Thiffault-Renis à ses enfants et son conjoint. Tout ce que nous pouvons espérer est qu’au fil du temps, elle retrouve ses capacités physiques et, le plus important, sa joie de vivre », a déclaré le juge.
Sa décision s’appuie sur de nombreux facteurs aggravants, tels que le fait que l’accusé conduisait le poids lourd dans le cadre de son travail, qu’il avait omis un arrêt alors que deux pancartes l’annonçaient et poursuivi son chemin sachant qu’il avait causé un accident. Le juge a aussi souligné que l’accusé aurait pu s’arrêter à de nombreuses résidences ou commerces à Sainte-Hélène-de-Bagot pour prévenir les secours. Le nombre élevé de victimes a aussi été pris en compte. Tout cela vient contrebalancer le fait qu’il n’avait pas d’antécédents judiciaires.
« Ce n’est pas la peine que nous voulions, mais j’espère au moins que ça va passer un message aux camionneurs. Il aurait pu au moins s’arrêter », a déclaré le père de famille, Steven Béland.