Tout dépendra des négociations se déroulant les 9 et 10 avril. Pour le moment, les discussions sont cordiales à la table des négociations, mais les questions du salaire et de la liberté académique demeurent plus difficiles, selon Patrick Fafard, président du Syndicat des professeur(e)s de l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec–CSN.
Selon le Syndicat, regroupant 150 membres sur les campus de Saint-Hyacinthe et La Pocatière, des écarts salariaux importants avec les enseignants des cégeps nuisent grandement à l’attraction et à la rétention de ceux de l’ITAQ. En date du 1er avril, l’écart salarial était d’environ 18 %.
« Du côté salarial, l’employeur et nous nous entendons sur le fait que nous devons trouver l’équité avec les autres établissements d’études supérieures. La journée de grève viserait surtout à passer un message au Conseil du trésor et au ministre de l’Agriculture, André Lamontagne. Ils doivent comprendre qu’avec la création de l’ITAQ en 2021, nous avons été très conciliants avec l’employeur concernant les négociations », a expliqué M. Fafard.
La convention collective du seul établissement collégial à se consacrer exclusivement au secteur agricole et agroalimentaire est échue depuis le 31 mars 2020. Une lettre d’entente avait permis d’étirer cette convention jusqu’en 2022. Elle prévoyait seulement l’augmentation salariale. Les conditions de travail n’ont donc pas fait l’objet d’une négociation depuis cinq ans.
Patrick Fafard a rappelé une particularité historique qui fait en sorte que l’ITAQ est sous la responsabilité du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), André Lamontagne, plutôt que sous la responsabilité de la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry.
Il a d’ailleurs mentionné que, dans le mémoire du ministre Lamontagne envoyé au conseil des ministres en novembre 2020 concernant les avantages de créer l’ITAQ, il soutenait que cela permettrait d’augmenter les salaires. « Malgré le fait que l’ITA est un établissement d’enseignement, il est une unité administrative du MAPAQ et a été généralement privé des indexations salariales et non salariales obtenues par les réseaux de l’éducation. Afin de s’assurer que le financement accordé à l’ITAQ lui permette de réaliser pleinement sa mission éducative, ces indexations devront être prises en compte au cadre financier du MAPAQ », avait-il écrit.
Le Syndicat souhaiterait aussi que la nouvelle convention collective insiste sur la liberté académique, mais la question est en suspens depuis qu’elle a été discutée à l’automne. « Puisqu’on fait un enseignement de niveau supérieur et de la recherche, c’est nécessaire d’avoir une clause à ce sujet. La seule chose qu’on reconnaît, c’est la liberté d’exprimer librement ses opinions, mais c’est aussi important de déterminer la liberté de choisir les savoirs et les contenus essentiels à enseigner. Il nous faut aussi la liberté d’effectuer des activités de recherche et d’en diffuser les résultats. Tout cela dans le but de ne pas être contraints par quelconque organisme dans ce choix. C’est une protection contre les atteintes. Nous avons également besoin de ces garanties pour nous démarquer », a affirmé M. Fafard.