17 avril 2025 - 03:00
Une institution du centre-ville fermera ses portes à la fin de l’été
La fin des Passions de Manon
Par: Sarah-Eve Charland
Après 25 ans en affaires, Manon Robert a décidé sereinement de mettre fin à la belle aventure de l’épicerie fine Les Passions de Manon. Photo Camila Frenière-Gaviño | Le Courrier ©
Après 25 ans en affaires, Manon Robert a décidé sereinement de mettre fin à la belle aventure de l’épicerie fine Les Passions de Manon. Photo Camila Frenière-Gaviño | Le Courrier ©
L’épicerie fine Les Passions de Manon, l’un des commerces les plus emblématiques du centre-ville de Saint-Hyacinthe, fermera définitivement ses portes à la fin de l’été.

La propriétaire Manon Robert, celle qui a permis à des milliers de fidèles épicuriens de voyager à travers le monde par la découverte de produits alimentaires raffinés et d’épices exotiques, a décidé de ralentir la cadence. Elle écoulera son précieux inventaire avant de laisser toute la place à son fils et associé Anthony Gagnon pour développer Le Albert Café, qui logeait depuis 2019 dans la partie avant et exiguë de la populaire boutique de la rue des Cascades.

Mme Robert a confirmé ses intentions en début de semaine par l’entremise des médias sociaux. Une nouvelle qui a eu l’effet d’une véritable bombe. « Je suis remplie d’amour et de gratitude pour le restant de mes jours, a-t-elle confié en entrevue au COURRIER mardi matin. C’est un bel exemple d’une entreprise qui est partie de rien. Je suis fière de tout. C’est une décision bien réfléchie. Ça fait quelques années déjà que j’y pensais. »

C’est sa passion pour les huiles d’olive qui l’avait amenée à ouvrir une épicerie fine au centre-ville de Saint-Hyacinthe en 1999. Au fil des années et de voyages en Europe et ailleurs, son offre s’est diversifiée. Aujourd’hui, la boutique vend près de 10 000 produits fins à des clients de partout en province et même d’ailleurs. Les Passions de Manon se targue d’être devenue en quelque 25 années la plus grande épicerie spécialisée au Québec.

« Quand tu apprends ton métier, il faut que tu sois honnête et les gens vont te faire confiance. J’ai toujours été honnête avec mes clients et ils le ressentent, je crois, et l’apprécient », mentionne-t-elle.

Un quart de siècle après son ouverture, c’est encore et toujours sa passion qui a été au cœur de sa réflexion. Elle le reconnaît. Elle ne fait jamais les choses à moitié et s’est toujours investie pleinement dans les projets familiaux qui se sont multipliés avec les années.

Manon Robert et son conjoint Alva Gagnon avec leurs fils Ludovick et Anthony opèrent un véritable petit empire commercial sur la rue des Cascades, formé des Passions de Manon, du Albert Café, de la saucisserie charcuterie William J. Walter et de la Boucherie Georges (ancienne Boucherie Charron), toutes deux situées dans le Marché public, et de l’Atelier Léon, un centre de soins ouvert depuis l’automne dernier.

Au cours des dernières années, Manon Robert avoue que le temps commençait à lui manquer et que la charge de travail liée aux importations pour sa petite boutique occupait une très grande place. Elle pouvait travailler près de 40 heures par semaine pour remplir la paperasse et toutes les formalités, alors qu’elle a toujours préféré être en contact direct avec sa clientèle envers qui elle n’a jamais été avare de conseils et de recommandations.

« Le plancher, ça me manquait beaucoup dans les dernières années. J’ai toujours travaillé 70 heures par semaine, mais à un moment donné, il faut savoir s’arrêter au bon moment. J’ai décidé qu’il était maintenant le moment de penser à moi. Je vais ralentir, mais je ne serai jamais bien loin du centre-ville, de nos boutiques et du Albert Café dans son nouveau concept 2.0. »

L’idée de passer le flambeau du commerce à qui elle a donné son prénom, sa personnalité et sa couleur n’avait pas beaucoup de sens à ses yeux. « C’est une épicerie fine, poursuit-elle. On est unique. Je tenais à bout de bras ce commerce. Personne n’aurait pu prendre la relève de l’épicerie fine, je crois. C’est très difficile de donner une formation sur les 231 huiles d’olive qu’on vend. Tout est si pointu, si spécialisé. Moi, je baignais là-dedans et j’étais une passionnée. »

Celle qui est associée avec son fils Anthony pour sa boutique Les Passions de Manon et Le Albert Café a donc préféré tourner la page sur le chapitre des Passions de Manon pour permettre au Albert Café d’écrire le prochain chapitre. Bien que le concept ne soit pas encore tout à fait défini, elle s’enthousiasme en pensant à cette prochaine étape. « Je laisse la place à la jeunesse, à mon enfant. Quand je vois quelqu’un qui veut prendre sa place, je la lui laisse. En tant qu’entrepreneure, c’est beau voir ses enfants se lancer en affaires et faire des choix, qui ne sont pas nécessairement ceux que j’aurais faits. Mais la roue tourne et je ne serai jamais très loin du centre-ville et du Marché public, peu importe la suite. »

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