La soirée électorale a été tout le contraire de la courte campagne qu’elle devait conclure : interminable et fertile en rebondissements. Elle a fait très peu de gagnants quand on y regarde de près puisque tous les partis ont perdu au change. Certains davantage que d’autres.
Le chef libéral Mark Carney a quand même réussi l’impossible, certains chroniqueurs ont parlé d’un miracle, en reportant son parti au pouvoir pour un quatrième mandat consécutif. Ce résultat n’était pas sur le radar l’automne dernier quand la victoire conservatrice semblait dans la poche.
Mark Carney a toutefois échoué à obtenir un mandat fort à la tête d’un gouvernement majoritaire. Pour l’instant, il est à court de trois députés. Il devra donc apprendre à jongler avec les compromis et faire des courbettes avec les partis qui détiennent la balance du pouvoir.
Ce Canada plus divisé que jamais qui s’offre au chef libéral ne sera pas simple à diriger. S’acoquiner avec le Bloc québécois pourrait mettre en péril les appuis qu’il a conservé en Ontario et ceux qu’ils souhaiteraient dans les Prairies.
Même s’il a fait mentir les observateurs et les sondages en faisant élire une vingtaine de députés de plus qu’à la dissolution de la Chambre, le chef conservateur Pierre Poilievre avait peu de raisons de pavoiser. Celui qui se voyait calife à la place du calife il y a quelques mois n’a même pas réussi à se faire élire dans son propre comté. La honte. Il veut demeurer chef de son parti, mais il n’est pas dit que son parti sera d’accord avec ça une fois que la poussière sera retombée.
Que dire maintenant de la déconfiture totale et sans appel du NPD et de son chef Jagmeet Singh? Lui non plus n’a pas été réélu dans sa propre circonscription, en plus de voir son parti perdre sa reconnaissance officielle au terme d’une soirée qui aura vu sa députation passer de 24 à 7. Sans surprise, il a annoncé sa démission, malgré les quelques gains significatifs qu’il avait réussi à soutirer au gouvernement minoritaire libéral précédent. Mais même réduit à l’anonymat, le NPD conserve juste assez de poids au Parlement pour pouvoir user d’une influence certaine quand Mark Carney se retrouvera dans le trouble.
Parlant de trouble, le chef bloquiste a vu sa formation politique perdre quelques plumes et une dizaine de députés au Québec, à l’avantage des libéraux. Dans une élection où la question de l’urne visait à trouver le meilleur candidat pour tenir tête au président américain Donald Trump, son discours avait moins de résonance qu’habituellement. La défense des intérêts du Canada avait pour une bonne partie de l’électorat plus d’importance que ceux du Québec.
À l’inverse de son chef et de son parti, le candidat bloquiste dans le comté de Saint-Hyacinthe–Bagot–Acton n’a perdu aucune plume. Simon-Pierre Savard-Tremblay a même terminé sa soirée en étant fier comme un paon, à la suite d’une victoire sans équivoque.
La libérale Mélanie Bédard n’a certes pas à rougir de sa performance. Elle y a cru l’espace de huit petites minutes après l’ouverture des premières boîtes de scrutin. Son destin a basculé à 22 h 42 quand Savard-Tremblay a repris l’avance sans plus jamais regarder derrière. Le bloquiste n’a peut-être pas battu son score de 2021 au niveau du pourcentage d’appui, mais il a recueilli un plus grand nombre de votes. Mme Bédard a tout de même amassé quelque 7190 votes de plus que sa consœur libérale dans le comté en 2021.
Dans le comté, les derniers sondages accordaient la victoire au Bloc avec 40 % des appuis contre 33 % pour la libérale et 19 % pour les conservateurs. C’est pas mal dans le bullseye, je trouve. À tout le moins, dans notre circonscription.