« Quelle grande joie de nous unir à toute l’Église catholique à l’occasion de l’élection de Sa Sainteté le pape Léon XIV! Rendons grâce à Dieu pour notre frère qui a accepté cette mission pastorale au service de l’Église et du monde en tant que 267e évêque de Rome. Ses premiers mots sont des mots de paix pour le monde, pour toute personne humaine, pour tous les peuples : “Ensemble, avec vous, cherchons toujours la paix, la justice. Cherchons toujours à œuvrer en hommes et en femmes fidèles à Jésus-Christ, sauveur, pour proclamer l’Évangile, pour être missionnaires” », a témoigné l’évêque du Diocèse de Saint-Hyacinthe, Mgr Christian Rodembourg.

Rencontre au Pérou

Si on aurait pu penser que l’évêque émérite de Saint-Hyacinthe, Mgr François Lapierre, avait pu côtoyer celui qui est devenu le Saint-Père au Pérou, alors que les deux y ont été missionnaires, la réalité est tout autre. Mgr Lapierre s’y trouvait à la fin des années 1960 et au début des années 1970 alors que Mgr Prevost y a posé le pied une première fois en 1984. Il y est resté pendant plus d’une décennie avant de revenir dans sa ville natale, Chicago.

C’est plutôt Mgr Rodembourg qui a eu la chance de croiser Mgr Prevost lors d’un voyage au Pérou en 2021. C’était seulement deux avant que Mgr Prevost soit nommé cardinal ainsi qu’au poste stratégique du dicastère des évêques par le pape François.

Au moment de cette rencontre, Mgr Prevost demeurait au Pérou depuis 2014, année pendant laquelle le pape François l’a nommé administrateur apostolique du Diocèse de Chiclayo, dans le nord du pays. Mgr Rodembourg s’était rendu non loin de là, dans le Diocèse de Cajamarca, puisqu’un confrère de sa congrégation, Mgr Isaac Martinez Chuquizana, l’avait choisi parmi les consécrateurs pour son ordination épiscopale. Les évêques des diocèses environnants, dont Mgr Prevost, s’étaient déplacés pour participer à cet important événement.

Bonne première impression

Bien que l’ordination d’un évêque ne soit pas l’occasion de prendre part à de grandes discussions, Mgr Rodembourg s’est souvenu de la simplicité et de la discrétion de Mgr Prevost. « Ce fut une belle surprise d’apprendre qu’il est le nouveau pape. Il sera assurément dans la lignée du pape François et de ses prédécesseurs », estime Mgr Rodembourg.

Mgr Lapierre, lui, ne connaissait pas du tout Mgr Prevost, d’autant plus que son nom ne figurait pas au haut des listes des cardinaux ayant le plus de potentiel de devenir pape. Bien qu’il ait été surpris par ce choix, il est convaincu que le nouveau pape saura bien remplir ce rôle. Léon XIV lui a semblé humble et accessible lors de sa première apparition sur le balcon de la Basilique Saint-Pierre.

L’ancien évêque de Saint-Hyacinthe a aussi remarqué que le nouveau pape s’est adressé aux paroissiens de son diocèse au Pérou en espagnol lors de son premier discours. « Ça m’a frappé. Je crois qu’il a été marqué par cette expérience », a affirmé Mgr Lapierre.

Le choix du nom Léon est également jugé significatif par Mgr Lapierre. Il a expliqué que Léon XIII, qui a été à la tête de l’Église catholique de 1878 à 1903, a rédigé une lettre qui fut le fondement de la doctrine sociale de cette religion.

D’ailleurs, le vicaire général du Diocèse de Saint-Hyacinthe, Serge Pelletier, a vu deux éléments qui relient Léon XIV au pape François, qui militait aussi pour la justice sociale. D’abord, il fait partie de l’Ordre de Saint-Augustin, c’est-à-dire de l’ordre mendiant. Ensuite, le pape François venait d’Argentine alors que Mgr Prevost a œuvré en Amérique latine. « Cette sensibilité pour les peuples démunis et opprimés va rester », a-t-il déclaré.

Le vicaire croit aussi, comme plusieurs observateurs, qu’il saura tenir tête au président américain Donald Trump, et que le conclave a voulu passer un message d’unité. Il n’a néanmoins pas caché son étonnement quant à l’origine du nouveau pape. « Les conclaves nous réservent des surprises, mais ça, ça en a été une bonne », a-t-il lancé. Il a toutefois, lui aussi, rappelé que le nouveau pape n’est pas seulement un Américain, mais qu’il a passé une bonne partie de sa vie en Amérique latine. D’ailleurs, sa mère était Italienne et son père Français, puis il a obtenu la citoyenneté péruvienne.

Bien que Léon XIV ait été qualifié de timide, M. Pelletier veut laisser la chance au coureur et a rappelé que le pape est toujours soutenu par une équipe. « On va donner le temps à l’homme. Je pense que c’est prudent de ne pas tenter de définir son mandat peu de temps après son élection. Parfois, il y a des gens qui se révèlent complètement différents une fois en poste », a-t-il glissé. « L’important est que nous soyons tous des gens d’Évangile », a-t-il conclu.

Une messe d’action de grâce a été célébrée mercredi soir à la cathédrale de Saint-Hyacinthe pour souligner l’élection du nouveau pape.