L’engouement du public est tel qu’elle peine à répondre à la demande, même si aucune offre de financement n’a été faite par les Dragons.
Le fondateur de Néo Chips, Jérôme Perron, avait mis les bouchées doubles avant de participer à l’émission. Selon les échos qu’il avait reçus d’entrepreneurs ayant déjà participé à la populaire émission, il devait s’attendre à une centaine de commandes en ligne dans les 24 heures suivant la diffusion de l’émission. Il avait donc préparé 200 boîtes du dragon, conçues spécialement pour l’occasion et contenant tous ses produits. Finalement, en seulement 30 minutes, il avait déjà écoulé tous ses stocks et, dans les 24 heures, ce sont 400 boîtes qui ont été commandées au total.
N’ayant pas vu cette vague arriver, Jérôme et ses deux parents, qui travaillent pour lui, ont repris le travail, mais le délai avant que les produits soient emballés a été de deux semaines. Ce sont 200 autres boîtes qui ont été écoulées dans la semaine du 21 avril. Au lendemain de la diffusion, Jérôme a aussi acheté un robot pour automatiser le moulage de la purée utilisée. Il s’était également procuré une machine pour l’emballage en janvier et il utilisait déjà 11 lyophilisateurs.
En plus de cet engouement télévisuel, Jérôme vient de conclure une entente avec un distributeur pour des dépanneurs. Il a aussi connu un important succès à l’Expo Manger Santé et Vivre Vert, qui s’est déroulée à Québec les 26 et 27 avril. Déjà, lors du passage de l’Expo à Montréal, du 21 au 23 mars, Jérôme avait senti un intérêt plus marqué pour ses produits que lors des deux éditions précédentes. Deux bannières d’épiceries ont également accepté de considérer ses produits, mais ils ne se retrouvent pas encore sur les tablettes.
Cerise sur le sundae, le 26 avril, Néo Chips a aussi mis la main sur le prix de la catégorie Développement durable au Gala des affaires 2025 organisé par la Chambre de commerce de la grande région de Saint-Hyacinthe et Saint-Hyacinthe Technopole.
De Rimouski à Saint-Hyacinthe
Le projet de valoriser des résidus de fruits a vu le jour dans la pensée de Jérôme et de sa conjointe en 2020 lorsqu’ils ont assisté à une conférence sur le gaspillage alimentaire. Ils ont découvert que l’écorce d’ananas générait 16 % des résidus en épicerie. Ils s’intéressaient déjà à la lyophilisation et ont simplement combiné les deux idées.
Le couple avait dû fermer sa pâtisserie à Rimouski en raison de la COVID-19 et ne souhaitait plus produire de produits sucrés sans valeur ajoutée. Ils ont donc entrepris de concrétiser leur idée. Après un an de tests avec un lyophilisateur et une campagne de sociofinancement, ils ont commencé la production avec quatre machines en 2021.
Toutefois, ils ont fini par manquer d’espace et de matières premières, les épiceries n’étant pas nombreuses dans la région de Rimouski. Le couple a donc pris la décision importante de déménager à Saint-Hyacinthe, ce qu’ils ont fait en octobre 2023. Une entrepreneure qu’ils connaissaient leur avait auparavant proposé de louer un local dans le complexe industriel Édouard-Brochu situé sur l’avenue Beaudry.
La même année, Néo Chips a vu le jour. Les deux entrepreneurs ont donc rapidement pu prendre contact avec les propriétaires des trois IGA de la ville pour leur présenter leurs produits et leur demander de les approvisionner en retailles d’ananas et en fraises déclassées. Celles-ci servent à la production de chips au cœur d’ananas, de bâtonnets faits des résidus d’ananas se trouvant dans l’écorce et de bâtonnets pomme et fraise. Ils ont aussi pu développer un réseau en agroalimentaire, ce qui n’était pas possible à Rimouski. Grâce à une collaboration avec un producteur de pommes de Rougemont, un quatrième produit a pu voir le jour, soit les chips pomme et cannelle. Aucune des collations ne contient de sucre ajouté.
Maintenant que le succès est au rendez-vous, Jérôme pense à changer de local d’ici environ un an. Il a aussi un besoin urgent d’embaucher des employés. Depuis la diffusion de l’émission, il n’a pas pris de congé et travaille même à l’occasion la nuit. « Je veux devenir la plus grosse usine de lyophilisation », a conclu celui qui en fait déjà pour d’autres depuis le lancement de son entreprise.