Permettez que je souligne d’entrée de jeu le travail colossal de recherche et de synthèse derrière ce volume de 186 pages produit par l’Association des retraités et retraitées du Cégep de Saint-Hyacinthe. Ils viennent à peine de publier et de distribuer le fruit de ce travail de très longue haleine.
L’association avait accepté cette commande au début de l’année 2015 en vue du cinquantième anniversaire à être célébré en 2018. On se dit que rendu là, il aurait peut-être été plus pertinent de repousser sa sortie encore un peu et d’ajouter quelques chapitres afin de plutôt souligner les 60 ans en 2028.
Le hic, c’est qu’au rythme où vont les choses, les 10 dernières années du cégep de Saint-Hyacinthe ne seront pas les plus agréables et simples à résumer, tellement les rebondissements ont déjà été nombreux depuis 2018, au niveau des ressources humaines et de la gouvernance.
Chapeau tout de même à l’équipe de rédaction sous la gouverne de Bernard Voyer, Laval Dubé et Nicole Tremblay. L’album-souvenir ratisse très large en offrant un tour d’horizon qui va de la création du cégep jusqu’au développement des départements, en passant par le rayonnement institutionnel du collège, de son personnel et de ses étudiants.
J’ai particulièrement apprécié le rappel historique du fiasco qu’a été le Collège régional Bourgchemin de 1972 à 1980, ce projet pilote de cégep régional à trois campus à Drummondville, Sorel-Tracy et Saint-Hyacinthe. Et parmi les perles qui m’ont fait sourire, je retiens la saga de la deuxième voie d’accès qui a pris naissance par le premier refus de la Municipalité de Douville en novembre 1974, avant d’aboutir 48 ans plus tard… avec son inauguration!
Cette lecture m’a aussi permis d’apprendre que l’œuvre d’art qui orne toujours la façade y est depuis 1976. Il s’agit d’une sculpture du Maskoutain Gérard Cordeau à qui l’on doit aussi la murale qui orne le métro Crémazie à Montréal, une œuvre collective intitulée Le poète dans l’univers.
Mais ce qui m’a réjoui au plus haut point, je dois l’avouer, c’est de constater que les auteurs n’ont pas tenté de réécrire l’histoire du collège à leur façon en passant sous silence des moments moins glorieux. D’autres auraient pu succomber à la tentation de biffer quelques faux pas. Ce n’est pas le cas. La tumultueuse année 2006-2007 par exemple est évoquée, incluant les questionnements concernant les coûts de rénovation de la salle Marcelle-Gingras, les discussions sur le fonctionnement des corporations apparentées servant à l’obtention de subventions ainsi que le recrutement de 11 étudiants algériens en formation textile. « Les conditions financières d’accueil et d’hébergement de ces étudiants sont considérées hors norme », indique-t-on. C’est le moins que l’on puisse dire.
On évoque aussi une enquête administrative sur le fonctionnement des corporations apparentées, puis leur dissolution, les démissions du DG et d’un cadre et une importante réorganisation administrative. Ce n’est pas pour rien que plusieurs cadres et employés ont eu ou ont encore la désagréable impression de rejouer dans un mauvais film depuis 2018.
Un film qui a pour toile de fond un roulement de personnel-cadre important, des démissions au conseil d’administration, un directeur général absent depuis le printemps 2023 et une gouvernance mise à mal par une enquête administrative indépendante exigée par la ministre des Études supérieures. Ne manquerait plus qu’une mise en tutelle pour couronner le tout. Cette idée est beaucoup moins farfelue qu’il n’y paraît, tant les problèmes au cégep semblent récurrents.
Si jamais il venait l’envie aux retraités et retraitées du Cégep de faire un épilogue à leur ouvrage pour couvrir les années 2018-2028, je suggère ce titre: Se souvenir pour agir… une bonne fois pour toutes!
