29 mai 2025 - 03:00
Achat par Aliments Sofina
Les membres d’Exceldor auront le dernier mot
Par: Philippe Lanoix-Meunier | Journaliste de l'Initiative de journalisme local
Exceldor coopérative est la propriété de quelque 330 membres producteurs du Québec, de l’Ontario et du Manitoba. Photo François Larivière | Le Courrier ©
Exceldor coopérative est la propriété de quelque 330 membres producteurs du Québec, de l’Ontario et du Manitoba. Photo François Larivière | Le Courrier ©
La coopérative Exceldor est à un tournant de son histoire. Une entente a été conclue pour la vente de ses actifs à l’entreprise Aliments Sofina, mais cette transaction de grande envergure demeure conditionnelle à l’approbation de ses membres. Le sort de l’organisation sera donc décidé lors de l’assemblée générale annuelle, prévue le 5 juin à Drummondville.

Gabrielle Fallu, directrice des relations publiques chez Exceldor, rappelle que le processus respecte les principes fondamentaux de la coopérative. « Ce sont nos membres qui auront le dernier mot. Rien n’est encore coulé dans le béton. »

Exceldor appartient à quelque 330 membres producteurs répartis au Québec, en Ontario et au Manitoba. Pour que l’offre d’Aliments Sofina soit acceptée, les deux tiers des membres ainsi que les deux tiers des détenteurs de parts de placement présents lors du vote devront se prononcer en sa faveur. La transaction devra ensuite obtenir l’aval du Bureau de la concurrence.

Des membres joints par LE COURRIER au cours des derniers jours ont exprimé leur prudence face à cette annonce jugée « inattendue » et « sans précédent », préférant attendre de connaître tous les détails avant de se prononcer.

« Je ne sais pas trop quoi en penser pour l’instant. Je crois qu’à première vue, c’est une bonne chose . On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve et je crois que cette transaction va peut-être nous permettre d’avoir des bases encore plus solides. On va prendre le temps de peser le pour et le contre. J’ai encore de petites interrogations. C’est vraiment quelque chose de gros, ce qui se passe », a mentionné Normand Leblanc, propriétaire de la ferme avicole Linor, située à Saint- Barnabé-Sud.

Afin d’éclairer leur décision, les membres ont eu accès à trois séances d’information et à une circulaire détaillant l’offre d’achat, distribuée au cours des derniers jours.

Exceldor conclut l’achat des Viandes Lacroix

Cette possible acquisition a aussi des répercussions sur d’autres acteurs de l’industrie. Exceldor a d’ailleurs finalisé, le 9 mai, l’achat de la totalité du bloc d’actions des Viandes Lacroix de Saint-Hyacinthe que détenaient toujours Maxime et Michael Lacroix, devenant ainsi l’unique propriétaire de l’entreprise.

Cette étape s’inscrit dans la perspective de la transaction avec Aliments Sofina, mais Gabrielle Fallu précise que cette opération découle aussi d’une entente antérieure. « Nous devions racheter les parts restantes [dans Les Viandes Lacroix] dans un délai de six ans. Donc, transaction ou pas, nous allions acquérir les actifs restants parce que l’échéance arrivait bientôt à terme. Il avait aussi été convenu avec Sofina que Les Viandes Lacroix fasse partie de la transaction. »

Elle assure néanmoins que Les Viandes Lacroix conservera son identité corporative et sera exploitée de manière autonome, peu importe l’issue de la transaction avec Aliments Sofina.

Autre acteur concerné : Unidindon, coentreprise fondée en 1996 par Olymel et Exceldor, et chef de file dans la transformation de dindons au Canada. Son usine de Saint-Jean-Baptiste, en Montérégie, emploie plus de 400 personnes.

Du côté d’Olymel, qui détient toujours 50 % des parts, la transaction projetée entre Exceldor et Aliments Sofina ne modifie en rien la structure actuelle ni ne semble soulever aucune remise en question, pour l’instant du moins.

« Nous continuerons de collaborer avec Exceldor ou Sofina, selon le résultat du vote des membres », assure Stéphanie Quintin, directrice des communications corporatives chez Olymel.

Une industrie avicole québécoise préoccupée par la suite des choses

La fédération des Éleveurs de volailles du Québec surveille de près l’issue de cette transaction, qui pourrait redéfinir le paysage agroalimentaire de la province.

« Il sera important de préserver la place des producteurs dans cette chaîne de valeur, ce à quoi nous nous affairerons en établissant un dialogue positif avec Aliments Sofina. L’avenir de notre secteur dépend de partenariats forts, équitables et fondés sur une vision partagée de la souveraineté alimentaire du Québec. Nous poursuivrons notre mission auprès d’Aliments Sofina et des autres acheteurs de poulet et de dindon du Québec, soit de représenter les intérêts collectifs des producteurs avec rigueur et d’assurer un approvisionnement en volaille de qualité pour toutes les familles québécoises », a mentionné sur son site Web la fédération affiliée à l’Union des producteurs agricoles.

Exceldor, fleuron du modèle coopératif dans le secteur avicole québécois, s’apprête à franchir une étape déterminante de son évolution.

L’entente avec Aliments Sofina, si elle est approuvée, pourrait aussi avoir des répercussions majeures sur les quelque 800 employés de ses installations de Saint-Damase et de Saint-Hyacinthe ainsi que sur de nombreux éleveurs de volailles de la région. Cette transaction pourrait également remettre en question ou même accélérer les plans de construction d’une nouvelle usine d’abattage à Saint-Hyacinthe. Le vote des membres, prévu le 5 juin, sera donc lourd de conséquences.

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