Le premier a laissé derrière lui la carrière qu’il était en train de se bâtir dans le monde de l’aéronautique pour plonger tête première dans l’humour. La seconde a longtemps repoussé ce rêve avant de finalement tenter sa chance. Et tous les deux sentent qu’ils sont enfin à leur place.
« J’ai plus de plaisir que je n’en ai jamais eu. Je travaille très fort sur plein de projets. Je vois qu’il y a vraiment quelque chose pour moi en humour », s’exclame Étienne alors que LE COURRIER lui avait donné rendez-vous, avec Delphine, au Centre des arts Juliette-Lassonde. Et c’est peu dire.
Le Maskoutain de 23 ans a fait un véritable virage à 180 degrés lorsqu’il est entré à l’École nationale de l’humour (ÉNH). Quelques mois plus tôt, il avait terminé une technique à l’École nationale d’aéronautique de Saint-Hubert et il venait de se trouver un bon emploi chez Pratt & Whitney. L’appel de l’humour était cependant trop fort.
« Ça faisait longtemps intérieurement que j’avais réalisé [que c’était ma passion], mais c’est moins rationnel de faire le saut vers l’humour quand tu fais un bon salaire en faisant des pièces d’avion. Tranquillement, j’ai consacré plus de temps là-dedans et j’ai fait le processus d’audition pour être pris à l’École nationale de l’humour. J’ai lâché ma job et j’ai sauté là-dedans à temps plein. C’est la meilleure décision que j’ai prise dans ma vie. »
Delphine est du même avis, après avoir longtemps hésité à se lancer dans cette aventure au destin incertain.
« J’ai toujours aimé l’humour, mais on dirait que je n’osais pas. Chaque année, quand la date limite arrivait pour s’inscrire à l’École nationale de l’humour, je regardais le document qu’on doit remplir et je ne le faisais pas, mentionne la jeune femme de 27 ans. Entre-temps, j’ai étudié en cinéma au Cégep de Saint-Hyacinthe, j’ai commencé un cours de scénarisation à l’UQAM que j’ai lâché, puis il y a eu la pandémie. Pendant tout ce temps-là, j’étais concierge. Je faisais du ménage à Saint-Hyacinthe. J’ai fait ça pendant 10 ans. Puis, à un moment, j’ai décidé d’envoyer ma candidature et j’ai été prise. Ça m’a toujours tenté, mais ça m’a vraiment pris du temps avant d’essayer. »
Surmonter un refus et « penser en dehors de la boîte »
Étienne Petit avait pourtant essuyé un refus lors de sa première tentative d’entrer à l’ÉNH. Il n’a pas abandonné son rêve pour autant.
« Avec le recul, c’était la bonne chose. Ça m’a permis de laisser incuber ça un peu. J’ai consommé beaucoup d’humour durant l’été qui a suivi mon refus », affirme-t-il. Et il est revenu à la charge en étant plus prêt que jamais.
Avant même son entrée à l’ÉNH, Étienne avait aussi composé un album de chansons humoristiques, mettant à profit son côté comique avec ses aptitudes musicales. Capable de jouer de la guitare, ainsi qu’un peu de basse, de batterie et de piano, le Maskoutain dit qu’il est « un virtuose de rien, mais capable de jouer un peu tout ».
« Au secondaire, j’ai découvert Bo Burnham, un humoriste américain qui mélange la musique avec plein d’aspects de scène dans son humour. Au Québec, on a Pierre-Yves Roy-Desmarais et Arnaud Soly qui le font très bien aussi. C’est quelque chose que je veux explorer », souligne-t-il.
Le numéro qu’il présente dans le cadre de la tournée des finissants de l’ÉNH déjoue quant à lui les codes traditionnels. Une voix préenregistrée l’accompagne sur scène telle une scène de vidéodescription qui décrit ses moindres gestes.
« Penser en dehors de la boîte, c’est une motivation profonde pour moi », confie celui qui se fait aussi remarquer sur les réseaux sociaux par ses courtes vidéos humoristiques.
Son talent musical se fait aussi entendre dans le spectacle. En compagnie de son camarade de classe Marc-Olivier Gladu, il a composé la chanson d’ouverture ainsi que la musique qui accompagne chacun des finissants lors de leur entrée sur scène.
Nostalgique dans l’âme
De son côté, Delphine Lestage- Archambault est une nostalgique dans l’âme. Et une nostalgique bien assumée. C’est en replongeant dans ses souvenirs qu’elle trouve l’inspiration pour ses numéros. « Présentement, je fais surtout du stand-up classique. Je raconte ma vie, notamment mon adolescence à Saint-Hyacinthe », soutient-elle.
« J’ai tendance à ce que le propos soit assez nostalgique, mais il y a quand même une touche engagée. Cela dit, je peux rendre quelque chose d’engagé assez niaiseux. Mon but est que ce soit accessible, mais qu’il y ait quand même un message derrière ça », ajoute-t-elle.
Le fait de monter maintenant sur la scène du Centre des arts Juliette- Lassonde pour présenter son matériel avec les autres finissants de l’ÉNH représente beaucoup à ses yeux. D’autant plus qu’il s’agit de la plus grande salle de la tournée.
« Au secondaire, j’avais vu Les heures verticales de Louise-José Houde ici, se rappelle-t-elle. J’avais même pris une photo avec lui après le show. Et là, je vais être dans les mêmes coulisses que Louis-José! »
EN RAFALE
• À l’adolescence, Delphine et Étienne ont tous les deux fait leurs premiers pas sur scène dans le cadre d’expériences comme Secondaire en spectacle. Étienne a aussi participé à Cégeps en spectacle, un concours lors duquel il avait fait son chemin jusqu’à la finale régionale.
• Étienne avait eu l’opportunité de fouler la scène de la salle Desjardins l’an dernier en étant invité à faire la première partie du spectacle-bénéfice du groupe Rock’N Time.
• Étienne a été sélectionné pour participer au concours Scène ouverte Juste pour rire. Il présentera un numéro au Terminal Comédie Club le 7 juin dans le cadre des quarts de finale.
• Delphine montera sur la scène du Festival Minifest, à Montréal, le 18 juin pour un spectacle concept tout féminin intitulé En mode story privée.