J’ai été invité le 29 mai à assister à la clôture de la première campagne majeure de financement de la Fondation du Collège Saint-Maurice. Je sais, à vue de nez, il n’y a pas grand-chose d’extraordinaire là-dedans, outre le thème de cette collecte qui était Réaliser l’extraordinaire.
Des campagnes de financement, il y en a pratiquement une par semaine à Saint-Hyacinthe, et j’exagère à peine. Alors, pourquoi insister sur celle-là? Parce qu’elle a justement été extraordinaire à bien des égards. Et j’écris cela en toute franchise, non pour répondre à une commande de mon grand patron, Benoit Chartier, qui occupait la présidence d’honneur de cette campagne.
En toute objectivité, l’extraordinaire était omniprésent. D’abord par la vitesse avec laquelle l’ambitieux objectif de 2,5 M$ a été atteint et même dépassé, soit tout juste six mois après le lancement de la collecte à l’automne. Le cabinet de campagne a réussi un tour de force au niveau de la mobilisation.
Mais ensuite, et comme l’a souligné avec justesse mon éditeur, rien de tout cela n’aurait été possible sans l’extraordinaire générosité des Sœurs de la Présentation de Marie, qui ont reçu une longue ovation méritée.
Si, l’an dernier, la congrégation n’avait pas accepté de céder à un prix avantageux, voire dérisoire, le terrain et les installations qui abritent le Collège Saint-Maurice à l’organisme qui gère et opère cette école privée, une collecte aurait été inutile. Jamais il n’aurait été envisagé de créer un complexe multidisciplinaire et communautaire dans l’ancien couvent, pas plus que le déménagement de l’école primaire privée La Petite Académie. Mais les religieuses ont eu l’extraordinaire bonté et sagesse de perpétuer leur engagement et leur mission. Chapeau bas.
Et n’allez pas croire que cela allait nécessairement de soi, qu’elles n’auraient pas eu d’autres options plus avantageuses ou que toutes les congrégations religieuses ont les mêmes convictions. La saga du Collège Villa Maria à Montréal, cela vous dit quelque chose? En un mot, sachez que les sœurs de la congrégation Notre-Dame ont décidé de mettre en vente le domaine Villa-Maria en 2031, après l’avoir occupé pendant plus de 170 ans. Le collège y a ses quartiers et ses salles de classes pour ses 1800 élèves depuis 1854, en vertu d’un bail qui se termine en 2030. Décriant l’éviction forcée, la direction du Collège vient de s’adresser aux tribunaux pour forcer les religieuses à lui vendre les lieux.
Fort heureusement, le scénario est tout autre chez nous. Nos congrégations religieuses ont certes leur propre intérêt à cœur, mais pas au détriment de la collectivité et des institutions qu’elles ont elles-mêmes mises sur pied. C’est vrai pour les Sœurs de la Présentation de Marie comme pour les Sœurs de la Charité, de Saint-Joseph ou du Précieux-Sang qui, par le passé, y sont chacune allées de legs significatifs ou de ventes à bas prix de leurs biens immobiliers.
Les choses ont peut-être mal tourné dans le cas du Collège Antoine-Girouard en 2013 pour diverses raisons, mais cette fermeture aura tout de même pavé la voie à la transformation du Séminaire en école publique. Divine conclusion.
Maintenant que la campagne de financement de la Fondation du Collège Saint-Maurice a été couronnée de succès, il serait temps d’arrêter de tergiverser sur le sort de la Maison Saint-Roch. Je m’explique mal pourquoi ce dossier traîne en longueur et pourquoi le comité de démolition de la Ville de Saint-Hyacinthe prend autant de temps à confirmer sa démolition. À part son âge vénérable, elle n’a rien d’extraordinaire du côté historique ou patrimonial. Il y a bien d’autres vestiges du passé à préserver à Saint-Hyacinthe avant cette maison blanche.
Il faudrait arrêter de redouter de la controverse là où il n’y en a aucune et considérer tous les bénéfices du complexe en devenir pour toute la communauté.