3 juillet 2025 - 03:00
Compressions en éducation
La tempête se lève
Par: Martin Bourassa
La p’tite école est finie depuis deux semaines, mais l’éducation est toujours bien présente dans l’actualité. Enfin, pas tant l’éducation que la révolte et la déprime qui sont venues avec les plus récentes compressions annoncées par le très impopulaire gouvernement Legault.

Si leur ampleur scandalise, c’est que leur impact risque de frapper là où ça fait mal, c’est-à-dire dans les services aux élèves. Selon ce qui a été avancé, les restrictions budgétaires imposées par Québec au réseau scolaire représentent au moins 570 millions $ pour l’année 2025-2026.

On comprend tout ce qu’il y a de syndicats, de comités de parents et de groupes de pression de monter aux barricades. Des manifestations ont déjà eu lieu pour dénoncer ces coupes et d’autres s’annoncent à l’automne. Une plainte a même été déposée au Protecteur du citoyen.

Puisque le gouvernement est déjà drôlement fragilisé à un an des élections, je doute que la colère s’estompe. La prochaine rentrée ne fera qu’exacerber les critiques quand les impacts se concrétiseront et qu’on réalisera, entre autres, que des gens compétents ont été remerciés.

Au Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSSH), la situation n’est pas plus rose qu’ailleurs. Le CSSSH devra retrancher un montant de 7,5 M$ en 2025-2026. « À cela pourrait s’ajouter un montant comparable, dans l’optique d’atteindre les cibles gouvernementales en matière d’effectifs, dans un contexte d’optimisation », m’a-t-on confirmé au CSSSH dans un jargon qui laisse entrevoir le pire. Les pistes de solutions locales pour répondre aux attentes du Ministère viendront dès que l’on connaîtra avec exactitude l’effort demandé.

Ces coupes arrivent à un bien mauvais moment puisque le CSSSH vient de perdre son capitaine. Le directeur général des quatre dernières années, Jean-Pierre Bédard, a quitté le navire à l’approche du 1er juillet. Il n’est pas le seul. Une vingtaine, voire une trentaine de directeurs généraux de centres de services scolaires, selon des estimations qui circulent à la Fédération des centres de services scolaires du Québec, l’auraient imité.

Il faut savoir que depuis le 1er juillet, les directeurs généraux relèvent directement du ministre de l’Éducation au lieu des conseils d’administration. Le ministre Bernard Drainville peut maintenant nommer les DG, les déplacer ou les limoger à sa guise, selon son humeur du moment. Et comme ce gouvernement gère bien des dossiers à la petite semaine en fonction des nouvelles du jour, être DG est devenu un emploi plus précaire qu’avant. Ajoutez à cela le fait que les allocations de départ des cadres font l’objet de négociations et sont à risque, le contexte était donc idéal pour un exode de DG d’expérience comme Jean-Pierre Bédard. Au pire moment.

Parlant d’expérience, j’ignore comment le principal intéressé a trouvé la sienne au CSSSH, mais à l’heure du bilan, celui que l’on peut faire de son passage chez nous m’apparaît mitigé. Décrit pourtant comme un gentleman et un gestionnaire de haut niveau orienté sur les résultats et la pédagogie, c’est à se demander s’il était aussi doué que sa prédécesseure, Caroline Dupré, pour mobiliser les gens et faire rayonner l’organisation dans son milieu.

En discutant avec des employés actuels et passés, j’ai cru comprendre qu’il a bousculé l’ordre établi et que ces changements ont fait bien des vagues. Sans lui en attribuer toute la responsabilité, une douzaine d’employés du siège social ont quitté ou changé de postes pendant son règne.

Il n’est sans doute pas exagéré d’y voir, en partie du moins, l’expression d’un choc de culture entre un DG exigeant qui provenait du gros centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys et un centre de services scolaire tricoté serré en région, aux ressources plus limitées.

Je retiens aussi que c’est sous le règne de M. Bédard que s’est mise en œuvre la rénovation controversée du siège social au coût estimé de 12 M$, un chantier amorcé en janvier 2024 et qui devrait en principe se terminer en janvier 2026. Voilà de l’argent qui serait bien utile ailleurs.

Souhaitons que le prochain capitaine sache naviguer dans la tempête, inspirer ses moussaillons et éviter le naufrage.

image

Une meilleure expérience est disponible

Nous avons détecté que vous consultez le site directement depuis Safari. Pour une meilleure expérience et pour rester informé en recevant des alertes, créez une application Web en suivant les instructions.

Instruction Image