10 juillet 2025 - 03:00
Bruno Laplante
Le dernier salut d’un enseignant marquant
Par: Maxime Prévost Durand
L’enseignant de musique Bruno Laplante (au centre) a foulé les planches pour une toute dernière fois avec le Jazz Band de la polyvalente Hyacinthe-Delorme lors du Festival international de jazz de Montréal avant son départ à la retraite. Photo Ronny Theriault
L’enseignant de musique Bruno Laplante (au centre) a foulé les planches pour une toute dernière fois avec le Jazz Band de la polyvalente Hyacinthe-Delorme lors du Festival international de jazz de Montréal avant son départ à la retraite. Photo Ronny Theriault
Il y a de ces enseignants qui laissent une empreinte indélébile dans la vie de leurs élèves : Bruno Laplante est l’un de ceux-là. Entouré du Jazz Band de la polyvalente Hyacinthe-Delorme (PHD), un ensemble qu’il a lui-même fondé à son arrivée à Saint-Hyacinthe au milieu des années 2000, l’enseignant de musique a fait son dernier salut en grand sur la scène du Festival international de jazz de Montréal, où le groupe avait été invité à jouer le 4 juillet.

Après un peu plus de 35 ans dans le milieu scolaire, dont 22 années à la polyvalente Hyacinthe-Delorme, l’heure de la retraite a maintenant sonné pour l’enseignant. Certes, c’est avec émotion qu’il a livré ce dernier spectacle aux côtés des élèves qu’il chérit tant, mais c’est aussi avec le sentiment du devoir accompli qu’il est monté sur la scène pour une dernière fois avec eux.

« On ne veut jamais que ça arrête, reconnaît-il en entrevue avec LE COURRIER. Mais je suis serein avec ma décision parce que j’ai fait mon temps. Puis, administrativement parlant, je ne suis pas d’accord avec où l’éducation s’en va. À la place de me brûler, j’aime mieux me retirer. J’ai donné amplement. Je suis content de ma décision. Mais c’est certain que ça me fait de quoi de laisser mes élèves derrière, surtout ceux de secondaire 1 à 4 qui continuent leur secondaire. »

Tout au long de sa carrière, Bruno Laplante a été porté par la mission de faire briller ses élèves et de les amener à se surpasser en leur faisant vivre de grandes expériences. L’un de ses plus grands accomplissements est d’avoir participé avec le Jazz Band à un concours renommé à La Nouvelle-Orléans en 2016 et d’avoir raflé pratiquement tous les prix, incluant le prestigieux trophée Spirit of New Orleans!

« On était partis en Winnebago avec des parents parce que c’était trop cher d’y aller en avion et d’aller à l’hôtel. On avait des parents cuisiniers, mécaniciens et policiers avec nous. On était partis deux semaines. Quand on arrêtait quelque part, on débarquait avec nos instruments et on pratiquait dans la rue », se remémore-t-il à propos de cette expérience unique, qui témoigne bien de sa passion et de sa capacité à rassembler les gens.

« Quand ils ont annoncé qu’on avait gagné le Spirit of New Orleans, je n’en revenais pas. J’ai essayé de me lever et je n’étais même pas capable », poursuit-il en riant.

Avec le Jazz Band, il a multiplié les participations à des concours, autant au Québec qu’ailleurs au Canada. Et partout où l’ensemble passait, il se démarquait. L’enseignant a d’ailleurs toujours tiré une grande fierté de voir le Jazz Band réussir à rivaliser avec des groupes de concentration musique – et même de les surpasser – même s’il s’agit d’un ensemble parascolaire.

Le père du volet jazz pop

En plus de fonder le Jazz Band, Bruno Laplante a mis sur pied et mené le volet jazz pop de la polyvalente Hyacinthe-Delorme, qui permet à des dizaines d’adolescents de tous les niveaux, de secondaire 1 à 5, de s’épanouir au rythme de la musique chaque année.

« Ça a quand même pris plusieurs années avant qu’il y ait les histoires de volets [à la polyvalente]. Quand je suis arrivé en 2003, j’étais le troisième enseignant de musique. Je n’avais que des bouts de chandelles même si j’avais 15 ans d’expérience parce que je venais de changer de commission scolaire, donc je retombais au bas dans l’échelle d’ancienneté. J’ai commencé à faire le Jazz Band avec mes élèves de secondaire 3, 4 et 5 en parascolaire, puis vers 2009, quand ça a commencé à parler plus de volets, je me suis tout de suite dit : volet jazz pop. J’allais ainsi pouvoir commencer avec les élèves de secondaire 1 et les initier tout de suite au jazz », raconte Bruno Laplante.

Un lien unique l’a uni à ses élèves, et ce, durant toute sa carrière. Une vidéo regroupant les témoignages de plusieurs de ses anciens élèves lui avait d’ailleurs été présentée afin de lui rendre hommage lors du dernier spectacle de fin d’année qu’il a mené avec le volet jazz pop et le Jazz Band, en mai, à l’auditorium de la PHD. Et personne ne tarissait d’éloges à son égard. Sa capacité à élever ses étudiants, à voir le potentiel en eux et à les amener à se surpasser fait partie de ses plus grandes qualités, tout comme son humanité et son humour.

Pour lui, enseigner était une véritable vocation. « Si tu penses que ta job finit au son de la cloche, c’est que tu n’as pas compris. Ça commence au son de la dernière cloche », partage-t-il en parlant de sa vision du rôle d’enseignant.

Lorsqu’on lui demande ce qui le rend le plus fier dans sa carrière, Bruno Laplante prend un moment pour réfléchir. « La rencontre avec les jeunes, répond-il. C’est de les voir comme un papillon qui s’envole. Chaque fois, je me dis : je savais que ça pouvait devenir un papillon et je pleure intérieurement. Je suis choyé parce que j’assiste à ça en direct. »

À la fin du concert offert au Festival international de jazz de Montréal, l’enseignant a témoigné de toute sa reconnaissance à l’égard des élèves qui ont croisé sa route au fil des ans. « J’ai tellement appris avec eux et j’apprends encore beaucoup. La vie m’a beaucoup servi. J’ai beaucoup de gratitude, a-t-il lancé au micro. […] Merci les jeunes. Poursuivez s’il vous plaît et croyez en vous comme vous le faites là parce que vous êtes tellement beaux à voir. »

Avec son départ à la retraite, reste maintenant à voir quelle sera la suite pour le volet jazz pop et le Jazz Band à la polyvalente Hyacinthe-Delorme. Mais une chose est sûre : l’empreinte de Bruno Laplante, elle, restera à tout jamais.

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