Au premier, et même au second regard, ajouter un cinquième pont dans les limites de notre ville sera toujours plus pertinent que de vouloir ajouter un troisième lien dans la région de Québec.

À quelques mois de l’échéance électorale, on dirait bien que nos élus ont décidé d’appuyer sur l’accélérateur. L’appel d’offres visant la réalisation de la phase 1 de la promenade Gérard-Côté a été lancé, tout comme celui visant la démolition du vieux centre culturel sur le site de l’Exposition agricole.

Arrive maintenant l’envoi d’une demande formelle au ministère des Transports et de la Mobilité durable afin qu’il se penche sur la construction d’une route de contournement et d’un cinquième pont qui ferait le lien aérien entre les deux rives au bout des rues Frontenac et Saint-Pierre Ouest, dans le secteur Douville.

C’est un pas vers un projet qui ne se réalisera pas demain matin, mais un pas intéressant, voire nécessaire. Et ce n’est surtout pas le premier pas. Nous avions déjà fait état en décembre 2021 que la Ville de Saint-Hyacinthe avait acheté une résidence riveraine au coût de 935 000 $ en prévision de la construction éventuelle d’un cinquième pont.

En novembre dernier, nous révélions aussi que la Ville prévoyait d’investir près de 800 000 $ au cours des quatre prochaines années pour financer une série d’études en vue de la concrétisation de ce projet d’envergure.

Projet, rêve ou fantasme qui habite, semble-t-il, le conseiller de La Providence Bernard Barré depuis son élection en 1988. Cette voie de contournement au sud de son district figurait en tête de ses priorités à l’élection de 2021. Celle-là même où, quelques semaines à peine avant le scrutin, la Ville avait annoncé son intention de faire l’acquisition des terres de la Métairie, concrétisant un autre grand rêve de M. Barré. Il ne fait pas que rêver en couleurs celui-là.

Reste à savoir ce que diront les analyses et les études du cinquième pont. On devine aussi que le ministère des Transports n’en fera pas une priorité. Et c’est peut-être tant mieux, car la Ville en a bien d’autres et des plus pressantes.

Pensons seulement à la mise aux normes et à l’agrandissement de l’usine d’épuration, sans doute son plus ambitieux projet dont on attend toujours le lancement de l’appel d’offres et la présentation du montage financier.

En ce qui concerne l’échéancier et le coût anticipé d’un cinquième pont et d’une voie de contournement digne de ce nom, on ne peut pour l’instant que spéculer. On sait toutefois que la Ville a inscrit une dépense potentielle de 20,2 M$ en 2029 dans son plan d’immobilisations l’an dernier. Il faudra aussi acheter des terrains en zone agricole, obtenir le feu vert de la Commission de protection du territoire agricole et convaincre les Maskoutains que le projet s’impose.

Si vous savez compter et avez un peu de mémoire, la somme de 20,2 M$ représente la moitié moins que ce qui a été dépensé pour prolonger une autre voie de contournement et aménager un tunnel dans le prolongement du boulevard Casavant. Ces travaux consistant entre autres à creuser un tunnel sous une voie ferrée avaient nécessité un investissement de 39,5 M$, tout en bénéficiant d’une subvention de 8 M$ partagée entre Québec et Ottawa.

C’est beaucoup d’argent pour des routes et des infrastructures diront certains détracteurs, c’est vrai, mais c’est le prix à payer pour soutenir une certaine croissance, et ce, tant sur les plans économique que démographique.

Avec l’émergence rapide et spectaculaire du projet immobilier Domaine sur le vert, et considérant le flot de véhicules venant ou se dirigeant vers Saint-Pie par le pont Douville, il est bien difficile de douter de l’utilité d’un cinquième pont et d’une voie de contournement.

Même la vice-première ministre et ministre des Transports du Québec devrait être en mesure de comprendre ça. Du moins, c’est à espérer.